L'unique librairie de Ribérac, menacée de fermeture, a été reprise par un collectif en avril 2023. Deux-cents particuliers ont acheté des parts sociales. Un an après sa réouverture, l'opération est un succès
L'arbre à Palabres, c'est l'illustration qui confirme que le collectif, ça marche. Groupés autour du projet de maintenir l'unique librairie de Ribérac en vie, 200 particuliers ont repris les rênes de cet établissement, menacé de fermeture l'an dernier.
L'union fait la force
Mis en vente depuis 2020 pour cause de départ à la retraite, l'établissement ne parvenait pas à trouver un repreneur. Investir 70 000 euros dans la culture dans un contexte de Covid et après le passage de la grêle n'avait pas motivé de libraire audacieux. Mais l'union faisant la force, ce projet qui semblait impossible à un seul ,pouvait peut-être se réaliser à plusieurs. Fort de 85 lecteurs résolus à conserver leur îlot culturel, le collectif des Amis de la Librairie a donc constitué une Société Coopérative d'Intérêt Collectif pour acquérir l'Arbre à Palabres. Une première dans le département.
Depuis le 8 avril 2023, la librairie coopérative de la rue du 26 mars 1944 fonctionne grâce à 200 "patrons" qui se sont portés, au fil du temps, acquéreurs de parts sociales, qu'ils soient de la commune ou de l'autre bout de la France. Au travail, 30 bénévoles se relaient pour faire fonctionner l'établissement sous la houlette d'Anne Delaunay, libraire en chef salariée.
"La salariée, c'est elle qui est responsable autour de tout ce qui est la librairie et qui gère les bénévoles", explique Valérie Darracq, présidente de la SCIC
Le ménage, c'est les bénévoles, la comptabilité, c'est les bénévoles, et ça, c'est le système coopératif !
Valérie DarracqPrésidente de la SCIC
Indépendante, mais à l'écoute
Pour être coopérative et indépendante, la librairie n'en reste pas moins un établissement commercial, désireux de suivre l'air du temps. Elle suit donc sa propre ligne éditoriale, promeut "d'autres choses que ce dont on entend toujours parler", précise la libraire, mais sait aussi répondre aux goûts de ses lecteurs qui sont parfois ses coopérateurs. "Ce qu'on a accentué, ce sont les mangas. Ça ne fait pas partie de mes spécialités, mais par exemple, on a des coopérateurs dont c'est vraiment le centre d'intérêt", explique Anne Delaunay.
Culture pour tous
Véritable plateforme culturelle, la librairie organise aussi des évènements trois fois par mois, reste connectée avec les actualités locales, propose des ouvrages en lien avec la programmation du cinéma, invite des auteurs, participe aux salons du livre alentours. Une activité foisonnante, qu'on peut retrouver sur sa page Facebook. Et si l'aventure vous enthousiasme, il est encore possible de vous acheter des parts sociales à 20 euros. Faire vivre la culture à ce prix-là, c'est cadeau.