Au cœur de la nuit, le son est impressionnant. Fin septembre-début octobre, le brame du cerf fait résonner les sous-bois d'un son rauque et guttural. Une curiosité naturelle attendue par les amoureux de la nature.
C'est un cri sonore, guttural, émis par le mâle pour attirer les hardes de femelles en petits groupes et signaler sa présence aux autres mâles : le brame du cerf. Certains passionnés attendent ce moment avec impatience, et des sorties sont organisées pour permettre de l'entendre dans les meilleures conditions.
Cerf, daim, daine, brocard, chevrette, chevreuil et compagnie
Petite leçon d'histoire naturelle pour commencer. Le cerf élaphe est le plus grand des cervidés présents dans notre territoire. Un mâle adulte mesure en moyenne 1,40 mètre de haut à la tête, 1,40 mètre de long, et il peut peser jusqu'à 250 kg en France. Il est gris-brun à roux et arbore une petite queue et une crinière. Sa femelle est la biche et son petit le faon. Le cerf se distingue par ses bois impressionnants. Ce ne sont pas des cornes, mais de la matière osseuse qui tombe et se renouvelle en fin d'hiver, début de printemps et qu'il développe à partir de neuf mois à un an. On le nomme alors Daguet.
Daims et chevreuils
Il ne faut pas le confondre avec le daim, dont la femelle est la daine et le petit également appelé faon. De 50 cm plus petit que le cerf, le daim est aussi porteur de bois, mais ils sont plats et palmés, sa robe est tachetée et sa queue plus longue. Le chevreuil enfin, c'est le nom générique de cette espèce encore plus petite (1 mètre à la tête) dont le mâle s'appelle brocard, lui aussi porte de petits bois, la femelle chevrette et le petit, toujours faon.
Brame, l'appel du rut
Mi-septembre à mi-octobre, c'est la période de rut pour les cerfs, en quête de hardes de 10 à 30 femelles auxquelles ils ne se mêleront que le temps de la reproduction. Pour attirer l'attention des femelles qui peuvent peupler des territoires de plusieurs milliers d'hectares, le cerf marque l'espace par des traces laissées sur la végétation, des excréments, mais surtout par son fameux brame, un mugissement-beuglement dont la puissance permet de l'entendre à plusieurs kilomètres.
Sous testostérone
Le brame le signale aux femelles, mais avertit et intimide aussi d'éventuels mâles concurrents. La testostérone générée par le rut rend les cerfs particulièrement agressifs. Une présence concurrentielle peut donner lieu à des combats acharnés, et à un affrontement "bois à bois" d'une grande violence, si aucun des adversaires ne veut céder. L'heure n'est d'ailleurs pas au partage, car les biches ne sont sexuellement réceptives que le temps d'une seule journée dans l'année.
Le reportage, en son et en images, France 3 Périgords -Florian Rouliès & Anne-Laure Meyrignac
Amateurs de brame
Cette courte période est la seule qui permette d'assister ou du moins d'entendre ce phénomène naturel. Au cœur de la vallée des Beunes près des Eyzies de Tayac, dans ce domaine d'ordinaire connu pour son exceptionnelle concentration de grottes préhistoriques ornées, une petite troupe se tient silencieusement dans un affut discret, jumelles à la main. Ces élèves en bac pro nature espèrent vivre en direct ce moment magique. "On a identifié cette place comme place de brame, où on entend ces animaux bramer fréquemment", chuchote Manon Tancrez, animatrice nature de la Fédération de Chasse de la Dordogne.
Brame en noir et blanc
Seules capables de distinguer les animaux au loin dans la pénombre, des caméras thermiques laissent enfin apercevoir une petite harde d'une demi-douzaine de biches et faon, accompagnés par un jeune daguet. "ça a été un peu compliqué, on est content de les voir enfin", lâche l'un des observateurs. Peu après, un cerf apparaît, chasse la concurrence et lance son long appel amoureux. Un cri profond, à faire frissonner. L'appel de la nature.