La grande salle du château de Bourdeilles s'est transformée en salle de bal pour danseurs de la Renaissance. Une représentation festive des réjouissances qu'on pouvait admirer dans les palais du XVIᵉ siècle
Port altier, costumes flamboyants, danseurs lestes et graciles : dans cette grande salle du château de Bourdeilles, près de Brantôme en Périgord, rien ne manque à l'évocation des réjouissances de la Renaissance. Sous l'œil expert de la danseuse Christine Grimaldi, les stagiaires reproduisent les pas et postures en vogue voici quatre siècles de cela. Pendant deux jours, les visiteurs du château de Bourdeilles ont pu assister à ces démonstrations de danse d'un temps passé.
Échos du temps passé
Branle, Courante, Basse Danse, Pavane, Volte, Gaillarde : entre la fin de l'époque médiévale et l'arrivée du baroque, les salles de bal vibrent au son des violes de gambe, lyres, cithares, cornemuses, clavecins et tambourins. La danse fait partie de l'éducation de base de la noblesse, au même titre que le respect de l'étiquette ou celui des bonnes manières.
Rigueur historique
Pour cette reconstitution, rien n'est inventé, la maîtresse de cérémonie suit les directives du manuscrit de Jehan Tabourot, dit Thoinot Arbeau, un chanoine, compositeur et écrivain de l'époque. Une mine d'or. "Il décrit toutes les danses qui ont été dansées pendant tout le XVIᵉ siècle" explique Christine Grimaldi. "Thoinot Arbeau a mis les portées musicales de façon à ce que chaque pas corresponde à une note de musique. Comme ça on ne peut pas se perdre, on sait exactement comment ça se dansait !".
Belles dames et gentilshommes se trémoussent sur les airs célèbres du moment, dans une chorégraphie très codifiée. "Ces messieurs, à cette époque-là, s'entraînaient pratiquement toute la journée pour faire ça", évoque Marc Formatché, l'un des stagiaires danseurs, "ça faisait partie de l'entraînement militaire, grosso-modo."
L'envolée légère des danseurs
Danse de couple ou collective, à voir la complexité des déplacements, on comprend la nécessité d'une solide formation avant de s'élancer sur la piste. Sans compter, authenticité oblige, qu'il faut évoluer dans la rigidité des riches tissus de l'époque. "Quand on danse une Gaillarde, on est obligées de soulever les jupes, parce que là, on finit à plat ventre ! ", s'amuse Pascale Huguet. "Il fallait savoir se tenir, que les choses glissent toutes seules, malgré la difficulté des pas."
Dans les pas de Jacquette
À Bourdeilles, l'authenticité historique est respectée jusque dans le choix du lieu. "Jacquette de Montbron qui a construit le palais Renaissance, était dame de compagnie de Catherine de Médicis. Elle est allée à la cour. Donc, on peut l'imaginer en train de danser ici," se prend à rêver Katia Hamadi, responsable du Château de Bourdeilles pour la Semitour. Si vous souhaitez, vous aussi, vous enivrer au rythme de ces danses d'un autre âge, il faudra attendre les journées du patrimoine à l'automne prochain. Un grand bal renaissance sera organisé au château à cette occasion. Vous avez quelques mois encore pour gagner les faveurs des nobles de la place, et espérer être de la fête.