Depuis le 11 septembre, les archéologues ont ratissé le sous-sol de la place de la Clautre à Périgueux. Des fouilles préventives qui s'achevaient aujourd'hui, avant des travaux de végétalisation. Les résultats sont abondants, comme on pouvait s'y attendre
Ce sont trois zones de la place de la Clautre, en centre-ville de Périgueux, qui ont été étudiés minutieusement avant d'entreprendre des travaux prévus par la mairie. À terme, la place bitumée qui sert habituellement de parking n'accueillerait plus de voitures, serait pavée et devrait bénéficier d'un grand espace végétal entre la façade de la cathédrale et la place accueillant les marchés des mercredis et samedis. Mais pour procéder aux travaux, il faut encore s'assurer de ne pas détruire un patrimoine historique enterré.
2 000 ans d'histoire en sous-sol
Vesunna, la ville gauloise originelle des Pétrocores datant du premier siècle avant Jésus-Christ, il n'est pas surprenant de retrouver des vestiges dans les sous-sols du Périgueux contemporain. Des recherches archéologiques à proximité immédiate de la cathédrale Saint-Front ne sont pas une première, on sait déjà que le sous-sol y est riche de vestiges.
Diagnostic précis
L'équipe de trois archéologues conduits par Christelle Einhardt, archéologue médiéviste à l'INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives), n'ont eu que neuf jours, jusqu'à ce 26 septembre, pour identifier d'éventuels indices qui mériteraient de plus amples fouilles, voire une modification des travaux prévus.
Neuf jours, un temps limité, mais qui correspond à l'établissement d'un diagnostic et non pas à des fouilles approfondies, précise Christelle Einhardt. "Il s'agit vraiment de sondages localisés sur un pourcentage représentatif de l'emprise des futurs travaux." Trois zones précisément choisies au préalable.
Le reportage France 3 Périgords - Noa Thomas & Pascal Tinon
Sous les pavés, les tombes
Pas besoin de chercher bien loin. Les vestiges de nos ancêtres ne manquent pas sous la place de la Clautre, car au Moyen Âge, c'était un cimetière ! Ossements et sarcophages nombreux affleurent donc à quelques centimètres sous terre. Si la chose était connue, les données restaient parcellaires. Elles avaient été obtenues notamment par géoradar, un instrument utilisé pour l'étude des sols qui détecte les différences de densité et permet de distinguer des grosses structures et des sols qui ont été dérangés. On peut ainsi distinguer un terrain creusé pour une tombe sans avoir à le fouiller. Une cartographie plus précise s'avérait néanmoins nécessaire.
Aujourd'hui, le diagnostic met en évidence des zones qui n'avaient pas été plus ou moins vues, qui avaient été mal perçues par géoradar où il y a quand même la présence de vestiges funéraires sur un côté, de vestiges de murs sur un deuxième sondage et de vestiges de chaussée et de sépultures en pleine terre sur le troisième sondage.
Hervé Gaillard, ingénieur d'étude à la DRAC, service régional d'archéologie
Quatre mois d'analyse
Si la campagne sur le terrain s'achève ce mardi 26 septembre, les archéologues n'en ont pas fini pour autant. Ils ont encore devant eux quatre mois de travail et d'analyse des données récoltées avant de rendre leurs conclusions à la mairie de Périgueux et aux services concernées par la préservation des sites archéologiques. C'est ce rapport qui décidera de la validation des travaux, de la préservation du site en l'état ou d'études complémentaires. Si rien ne vient bouleverser les projets de la mairie, les travaux pourront débuter en janvier 2024.