La Caisse Primaire d'Assurance Maladie (CPAM) veut faciliter l'implantation de professionnels de santé sur nos territoires. Pour cela, la plateforme Présence Médicale 24 a été créée au mois de mars pour répondre à toutes les questions que se posent les candidats à l'installation. À Groléjac, en Dordogne, une nouvelle doctoresse a pu en bénéficier.
"An appointement for a few weeks ? Monday is good for you..." Quelques mots d'anglais au téléphone. Pourtant, nous sommes dans un cabinet médical implanté en Périgord. Après avoir exercé pendant 14 ans aux Pays Bas, le Dr Helena Ditvoorst vient de reprendre le cabinet de Groléjac, à 12 km de Sarlat-la-Canéda, et sa patientèle internationale.
Trouver un médecin traitant devient de plus en plus difficile surtout quand la profession déserte les petites communes rurales. Alors, c'est un soulagement supplémentaire quand ce professionnel parle anglais. La Dordogne, depuis quelques dizaines d'années, a séduit de nombreux Nordistes, Britanniques ou Néerlandais qui s'y sont installés.
La doctoresse maîtrise le français parfaitement tout en ayant gardé son accent. Elle a plaisir à raconter son changement de latitude. "J'ai toujours eu envie de travailler en France et j'ai vu dans un hebdomadaire que mon prédécesseur aller partir à la retraite. Il était enthousiaste sur le fait que je vienne travailler ici. Et puis, j'ai contacté d'autres médecins généralistes hollandais et belges qui ont fait ce changement ..."
S'adapter au système français
Pour le docteur Ditvoorst, c'est une autre organisation qu'il faut appréhender tout en poursuivant une même mission de soin. "Ici, je travaille toute seule. Au Pays-bas, j'avais deux assistantes et deux infirmières qui travaillaient pour moi". Au Pays-bas, il faut d'abord avoir les conseils de l'assistante avant un rendez-vous avec les médecins. Il y a beaucoup plus de démarches administratives.
Sécurité sociale, tiers payant, choix du médecin traitant, etc... quand on arrive en France, il faut aussi s’adapter à son administration. L'Agence régionale de Santé, le département et la CPAM ont mis en place un service dédié pour aider les spécialistes médicaux à s'installer en Dordogne : la plate-forme Présence Médicale 24 "Soigner en Périgord".
Elle a trouvé cette plate-forme dédiée nécessaire et s'est sentie rassurée de pouvoir les contacter. "J'ai des collègues ici, je peux leur demander de petites choses. Mais tout le monde a beaucoup de travail. Pour les grandes explications, la CPAM m'a beaucoup aidée".
Il y a eu une approche globale quand elle s'est déplacée à la CPAM et puis un peu de sur-mesure. "Ils m'ont raconté tout sur le système français, les cotisations, les aspects techniques. Quelqu'un est venu ici je crois quatre fois pour me guider. Maintenant ça va. Je suis à l'aise", sourit-elle.
La plate-forme : comment ça marche
La plate-forme téléphonique (05.53.35.62.34 5j/7) est installée au sein même de la CPAM de Dordogne. Les questions y sont répertoriées et les médecins sont recontactés, ultérieurement, avec des explications ou des solutions à leurs questionnements professionnels et parfois personnels. "On va essayer d'engager le maximum de démarches à la place du professionnel. Je change de département, de pays, c'est toujours un peu de pression. Est-ce que mes documents sont à jour ?", décrit Stéphane Deschamp, le responsable des relations avec les professionnels de santé à la CPAM de la Dordogne.
Il évoque aussi les relais pour trouver un mode de garde pour les enfants, un emploi pour le conjoint, etc... Autant de réponses à apporter grâce à une trentaine de partenaires disponibles dans le secteur de l’emploi, du social, de l’entrepreneuriat, et grâce la vision globale de l’Agence régionale de santé.
"On essaie de répondre d'une part à leur projet mais également aux besoins du territoire", insiste Sylvie Eymard, directrice adjointe de la délégation départementale de l'ARS de Dordogne.
"C'est important que tous les professionnels de santé ne s'installent pas tous au même endroit".
En Dordogne, la démographie médicale est en difficulté : 7,3 médecins généralistes pour 10 000 habitants quand dans la région, nous sommes à 8,2. Il manque également de spécialistes. C'est pourquoi l'ARS, la CPAM et le département ont décidé de coordonner leurs forces. Un travail d'accompagnement qui est également prodigué auprès des jeunes internes français en vue de leur future installation en Périgord.
En France, on manque de médecins dans les communes éloignées des grandes villes. Alors, quand on demande au docteur Ditvoorst ce qu'elle pourrait dire à des collègues qui attendent encore pour franchir le pas... "N'hésitez pas ! C'est une région très belle et les gens sont sympathiques".
Il faut croire que certains ont déjà suivi son conseil. Depuis mars dernier, 29 dossiers ont été pris en charge par la plate-forme et quatre installations ont déjà été actées.