Le député de Dordogne Sébastien Peytavie, lui-même handicapé, a lancé une pétition pour obtenir le remboursement intégral des fauteuils roulants. Une promesse du Président de la République qui, pour l'instant, semble aller à contresens
53 700 signatures : la pétition en ligne, lancée le 26 janvier dernier, par le député de Sarlat Sébastien Peytavie, lui-même en fauteuil roulant, est en route pour atteindre son objectif des 75 000 signatures. Elle concerne potentiellement 382 500 Français qui se déplacent en fauteuil roulant, selon l'Insee.
Engagement présidentiel
Cette pétition n'est qu'un rappel à ses engagements, après la promesse donnée par Emmanuel Macron le 26 avril 2023 lors de la Conférence nationale du Handicap. Le Président annonçait alors pour 2024 le remboursement intégral par l'Assurance Maladie de tous les fauteuils roulants. Une mesure particulièrement appréciée par les personnes handicapées pour lesquelles l'achat d'un équipement "standard" ne suffisait pas.
De nombreux fauteuils insuffisamment remboursés
Mais suite à ces annonces, les fabricants, prestataires et associations ont alerté le député périgourdin sur la nouvelle version des conditions de prise en charge tarifaire. Le nouveau remboursement, relevé de 550 à 2 600 euros pour un fauteuil manuel, ne pourrait suffire finalement que pour un fauteuil manuel de base. Il exclut de fait les fauteuils sur-mesure, adaptés à des personnes ou des handicaps particuliers. Fauteuils motorisés, adaptatifs, ultra-légers, commandés au menton pour les personnes privées de motricité du haut du corps... Les prix de ces fauteuils spécialisés peuvent en effet atteindre plusieurs dizaines de milliers d'euros, sans pour autant relever du gadget, uniquement parce qu'ils sont adaptés à chaque cas personnel, comme le rappelle le député Sébastien Peytavie dans cette interview.
"Avec ce plafond de 2 600 euros pour les fauteuils manuels et de 18 000 euros pour les fauteuils électriques, tous ceux qui dépassent ce prix n'auraient aucun remboursement. Vous ne pouvez pas activer la mutuelle derrière et on en arrive à une situation qui est pire qu'actuellement, alors qu'elle n'est déjà pas brillante".
Des options, pas du luxe
"Moi, mon fauteuil qui fait 8 000 euros par exemple, il est léger " expliquait le député Nupes du Périgord Noir ce lundi sur France Bleu Périgord.
"Quand, dans la journée, on doit mettre un fauteuil dix fois dans la voiture, un fauteuil qui pèse 15 kg ou un fauteuil qui pèse 6 kg, ce n'est pas la même chose. Voilà ce que l'on met derrière des options et ce qui, quand c'est nommé option, laisserait entendre que ce serait du luxe."
Les associations inquiètes
"Si on prend l'exemple d'une personne qu'on a reçue la semaine dernière, son fauteuil, il fait presque 9 000 euros" confirme Marie-Christine Cabarat, chargée de mission accès aux droits de l'association APF France Handicap.
"Quand on a retiré le financement de la Sécurité Sociale, celle de la Mutuelle et de la PCH (Prestation de Compensation du Handicap), on arrive à un peu plus de 2 200 euros. Vous faites le calcul, il reste quand même un gros reste à charge. C'est un monsieur qui vit avec l'allocation adulte handicapé, comment il fait ?"
Vincent, lui aussi, est en plein questionnement. Après sept ans d'utilisation quotidienne, son fauteuil arrive en fin de vie. Il doit le changer, mais ignore s'il en aura les moyens.
Des cagnottes pour combler les déficiences de la sécu
Dans sa pétition, Sébastien Peytavie évoque le droit à l'autonomie et à la dignité des personnes handicapées, une dignité qu'elles doivent, le plus souvent aujourd'hui, encore "payer de leur poche". Quitte, pour certains, à "créer une cagnotte en ligne pour boucler le financement de leur fauteuil roulant."
Autre engagement de la Conférence Nationale du Handicap, une meilleure prise en charge des prothèses adaptées pour le sport. En cette année de très médiatiques Jeux Olympiques, le député de Sarlat évoque les jeux paralympiques et plus généralement ces athlètes à qui "il ne suffit pas d’acheter une paire de basket". Il rappelle que "le frein financier de la pratique du sport est considérable pour les personnes handicapées" avec "les bases de remboursement par l'Assurance Maladie pour les prothèses de dernière génération quasi nulles."
Un rappel à la raison du terrain pour que les handicapés de base, les moins fortunés, ne soient pas les oubliés de la clinquante vitrine des JO.