Ce jeudi 30 mai, une centaine de maires s'est réunie pour protester contre un nouveau décalage des travaux de rénovation de la ligne Périgueux-Agen. Ils s'inquiètent de voir leur ligne disparaître, ensevelie sous les études et les décalages administratifs.
Petite ligne de train régional, le tracé Niversac-Agen est menacé de fermeture. Mal entretenue, elle doit être rénovée depuis une vingtaine d’années. Une opération qui a encore pris du retard au grand dam des maires ruraux situé autour de la ligne. Ils étaient une centaine ce jeudi 30 mai, à la gare de Monsempron-Libos, à manifester leur colère.
Acte délibéré
Pour le collectif des maires, l’état de la ligne est un acte délibéré. “Ils le font exprès parce qu’ils n’en veulent plus”, souligne Christian Léothier, maire de Belvès. Aujourd'hui, deux trains sont prévus chaque jour, l’un à 10h, l’autre à 16 h. “Ils roulent sur certains tronçons entre 40 km/h et 60 km/h, au mieux c’est 80”, illustre Jean-Jacques Brouillet, maire de Monsempron-Libos et porte-parle du mouvement en Lot-et-Garonne.
Résultat, seule une trentaine de personnes emprunterait chaque jour cette ligne, qui apparaît alors secondaire. “Ils prennent des contrôleurs pour les mettre sur d’autres lignes. On devient une variable d’ajustement”, regrette le maire de Monsempron-Libos.
Ce jeudi 30 mai, à la gare lot-et-garonnaise, les édiles dénonçaient le refus de l’État et du Conseil régional d’inscrire les travaux de régénération de la ligne dans le prochain contrat de plan État Région, qui doit être approuvé d'ici à quelques semaines. “Nous étions dans un rapport de confiance avec la région. On pensait suivre le fléchage en matière de financement, qui donnait des signaux depuis 2021”, explique Jean-Jacques Brouillet, le maire de Monsempron-Libos.
L'État proposerait en effet de nouvelles études afin de détruire, pour mieux reconstruire, cette ligne qui relie 17 communes de Dordogne et du Lot-et-Garonne. “Qui peut croire à un tel projet ? Nous avons des études qui existent déjà, nous n’avons pas besoin de nouvelles qui vont coûter huit millions d’euros”, répète Jean-Jacques Brouillet.
Blocage des bureaux de vote
Au cœur d’une zone particulièrement rurale de Nouvelle-Aquitaine, la ligne fait office de dernier rempart à l’exclusion. “Sans cette ligne, on devient un musée, on est morts”, rappelle le maire de Belvès.
Si aujourd'hui la ligne ne compte qu'une poignée de voyageurs, elle a pour la centaine d’édiles concernés une utilité particulière. “Les hôpitaux comme les écoles sont à Périgueux ou à Agen, entre il n'y a rien. Les jeunes, les personnes âgées le prennent, tout comme les touristes, qui viennent visiter nos départements”, explique Christian Léothier, qui s’interroge sur l’avenir de leurs villages, pourtant “revitalisés” par des programmes il y a cinq ans.
Las de ne pas être entendus, ils promettent une nouvelle action lors des élections européennes. “On va retarder ou bloquer certains bureaux de votes. Ce sont des actions illégales, mais comme pour les agriculteurs, on a l’impression qu’il faut faire le buzz pour être enfin entendus,” promet Christian Leothier, maire de Belvès. Les travaux sont aujourd'hui évalués à près de 30 millions d'euros.