Rangez les calculettes, et sortez les jeux de carte ! Dans cette classe de 1ère du lycée Jay de Beaufort à Périgueux, le bridge fait officiellement partie des cours de maths. Objectif : motiver les élèves fâchés avec les chiffres
Tout commence il y a une dizaine d'années, en 2012, lorsque la Fédération Française de Bridge signe une convention avec l'Éducation nationale pour former des professeurs à cette discipline appliquée à l'enseignement. Idée reprise en 2018, par le mathématicien briviste Cédric Villani, dans le rapport qu'il remet au ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer. Parmi ses 21 propositions pour "redonner aux jeunes élèves le goût des maths", il préconise, lui aussi, le bridge comme un des moyens d'y parvenir.
Jouer au bridge, c'est la classe
Aujourd'hui, ces centaines d'enseignants de collège et de lycées sont rompus à cette discipline, qu'ils peuvent enseigner à leurs élèves en atelier, voire en salle de classe. Un livre est même paru, Les mathématiques du bridge, pour expliquer par les cartes des concepts aussi avancés que l'arithmétique et les probabilités, de la sixième à la terminale.
Un enseignement à la carte
C'est que le bridge, débarrassé de son image de passe-temps dominical pour dames âgées, est un jeu de cartes complexe qui, contrairement à d'autres, fait moins appel au hasard qu'à la réflexion. Tout en restant un jeu. Et c'est bien connu, on apprend mieux en s'amusant. Après s'être familiarisé avec quelques règles de base, les contrats, les points cardinaux, les donnes, les équipes, les couleurs, etc., les élèves ont toutes les cartes en main pour développer leurs stratégies, basées sur des calculs. Jay de Beaufort est le seul établissement de Dordogne à mettre le bridge au programme dans ses heures de spécialité.
L'apprentissage ludique, une carte à jouer
Et ça marche, témoignent les enseignants, satisfaits de voir enfin les jeunes travailler avec plaisir leur mémorisation, leur stratégie, leur calcul mental, mais aussi le travail en équipe et leur soif d'apprendre. Les cartes permettent de passer de l'abstrait au concret, de mettre en application des concepts théoriques. Bref, de faire sauter un des principaux verrous de l'apprentissage des maths. Même satisfaction, pour d'autres raisons, au club de Bridge de Périgueux.
Nous sommes très heureux aujourd'hui que le bridge se tourne vers la jeunesse, parce que dans notre club la moyenne d'âge est de 72 ans !
Richard Daniel, président du Club de Bridge de Périgueux
Soif d'apprendre et fièvre du jeu
Pour travailler encore plus l'émulation, des tournois sont organisés. Jeudi dernier, les deux classes de spécialité bridge, plus de 60 élèves de première, se sont affrontés dans un "tournoi de bridge scolaire ". Ils étaient accueillis par le Bridge Club de Périgueux dont les membres sont effectivement d'une moyenne d'âge sensiblement supérieure à la leur. Le bridge, "pont" en anglais, peut donc aussi servir de passerelle entre les générations.