En colère : les commerçants de chaussures envoient leurs paires usées à Jean Castex et Bruno Le Maire

Plus de 150 paires ont déjà été envoyées, et le phénomène ne fait que prendre de l'ampleur. Sous le nom de "on marche sur la tête",voici la dernière action des commerçants de chaussures, ligués pour être reconnus "essentiels".

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Comme d'autres envoient de la lingerie au locataire de Matignon et au ministre du commerce pour expliquer que leur commerce est essentiel, les marchands de chaussures sont à leur tour entrer dans le concert de la protestation en envoyant un colis symbolique, question de survie pour ces professionnels.  

Si une chaussure n'est pas essentielle, je vous propose de porter celle-ci toute une journée

Maylis Lété, gérante d'une boutique à Salies-en-Béarn

La formule est incisive pour cette détaillante en chaussure située à Salies-de-Béarn. Sa première paire de mocassins aux semelles désolidarisées, est partie vendredi, premier jour d'action, et elle ne compte pas s'arrêter là.

"Je vais en envoyer d'autres car c'est pour nous une action essentielle", insiste-t-elle.

"Il faut montrer les dents car on crève la dalle"

Même si Maylis Lété s'amuse à penser que sa paire en 39 pourrait convenir au pied de la femme du Premier Ministre Jean Castex et que le modèle qu'elle s'apprête à envoyer en 44 sera pour lui personnellement, la colère est bien présente et son action lui semble essentielle. 

"Etant donné qu'on ne croit pas en nous, il est essentiel que nous croyons en ce que nous faisons, parce que sinon on va crever". Cette gérante revient sur la période du premier confinement pour laquelle elle n'avait touché que 1500 euros par mois, comme tout indépendant, pour 2500 euros de frais fixes. "Aujourd'hui, on nous donne 500 euros pour faire de la vente sur internet, mais moi je suis pas marchande de tapis, des chaussures ça s'essaye et moi je conseille"

Ce qu'elle a le plus de mal à comprendre, c'est la fermeture de son commerce considéré comme non essentiel et en plein début de saison, tandis qu'elle n'accueillait jusqu'à présent que 3 personnes maximum en boutique, en répondant à toutes les normes en vigueur. "Tout était réglé comme du papier à musique, pourquoi on laisse tout à Internet et aux grosses enseignes?".

Pour une réouverture le 3 mai 

Derrière cette action collective, une page Facebook rassemblant 2000 personnes, lancée il y a un an par Antoine Garnaud, gérant de 5 boutiques de chaussures en Charentes.

"Chaque détaillant est un peu isolé dans des petites et moyennes villes, il fallait créér de la solidarité au delà de la méfiance initiale... et puis la fédération de la chaussure est une petite fédération, il n'y avait pas de quoi faire de grosses actions", donne-t-il comme explication à la création de sa page.
Après avoir créé ce lien, les commerçants ont pu échanger durant toute l'année sur leurs préoccupations et leur questionnement quant aux mesures d'aide. Mais bien évidement au troisième confinement, la colère est montée. 

"Sur un magasin moyen, on investit entre 40 000 et 80 000 euros de stocks chaque saison, et les achats sont faits six mois avant" explique-t-il tandis que le confinement est en vigueur en plein passage de saison. "l'aide au niveau des stocks devrait tourner autour de 8 000 euros, c'est une paillette!" insiste le créateur du mouvement. 

Ouvrir au 3 mai comme le demande les commerçants participant à cette action "On marche sur la tête", ce serait assurer deux semaines de vente normales supplémentaires, tandis que les soldes commencent le 21 juin. 

On se bat contre des mastodontes. Si on ouvre le 17 mai, alors qu'on a les soldes au 21 juin, on n'a même pas un mois de travail. Il faut qu'on ouvre le 3 mai!

Antoine Garnaud, administrateur du groupe Facebook "Détaillant de Chaussures"

Que les clients retrouvent leur commerce de proximité

Fabrice Martin est le seul vendeur de chaussures de Thiviers, une commune de moins de 3000 habitants dans le nord de la Dordogne. 

J'ai une boutique avec beaucoup de modèles enfants, eux, ils ne peuvent pas attendre, leurs pieds grandissent.

Fabrice Martin, Gérant d'une boutique à Thiviers

 

Pour ce dernier confinement, il a mis en place un service de click and collect, mais insiste sur le besoin de devoir suivre de près l'achat de chaussures et surtout pour des enfants qui placent souvent mal leur pied dans les souliers. "Rien ne remplace le conseil" insiste celui qui doit souvent échanger les modeles vendus sans avoir été essayés en boutique au préalable. 

Après avoir adhéré à la page "détaillant de chaussures" il y a un an pour bénéficier de conseils et échanger avec d'autres commerçants de chaussures, il a lui aussi envoyé sa paire ce lundi. 

Il est vraiment temps qu'on retrouve nos clients qui attendent et ne comprennent pas. Pour ça il est important qu'on s'entraide, les concurrents c'est plutôt internet et les grandes marques

Fabrice Martin, gérant d'une boutique à Thiviers

Chaque chaussure envoyée est accompagnée des mots "ON marche sur la tête", Maylis Lété, elle, a choisi d'accompagner ses colis de quelques mots choisis : "Commerce non essentiel: Apprenez à marcher pieds-nus ou sur les mains par ordre gouvernemental". 

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