Le développement des énergies renouvelables en milieu rural monte en puissance en Limousin afin de combler en partie le retard de la France en production d'électricité verte. Certains projets suscitent pourtant des contestations locales, y compris chez les défenseurs de l'environnement.
La première éolienne citoyenne en France a été érigée en Limousin en 2014, sur la commune de Rilhac-Lastours en Haute-Vienne. Avec 122 mètres de hauteur, une nacelle de 75 tonnes et des pales de 44 mètres de long, elle fournit de l'électricité hors chauffage à 1700 foyers des environs, soit 400 000 kWh d'électricité locale en 2018.
Des projets comme le nôtre permettent d'avoir des territoires à énergie positive, qui ne soient pas tributaires de Civaux ou d'autres centrales [nucléaires], et ça c'est important
Avec un budget de 2,8 millions d'euros et 10 ans de démarches, son installation n'a pas été simple. "Ca a été le parcours du combattant, explique Jean-François Couty, l'agriculteur retraité qui est à l'origine du projet, on n'y connaissait rien et on avait des finances réduites. On a monté nous-mêmes le mât de test en haut de la colline, on a essuyé les plâtres mais les agriculteurs étaient soucieux de produire leur énergie, d'avoir un projet de diversification agricole".
Au moment de son installation en 2014, il a fallu faire des concessions : baisser de 30 mètres l'altitude de l'éolienne pour ne pas qu'on la voie depuis le château du village. "Ca nous a fait perdre 30% de la production, explique Jean-François Couty, les 2-3 premières années ont été dures, on a dû renégocier tous les emprunts et aujourd'hui on est bien repartis sur une base où on redistribue 2,8% aux associés tous les ans".
Les projets citoyens comme celui de Rilhac-Lastours se multiplient en France, ils sont notamment recensés sur le site énergie partagée.
On dit que ça gâche le paysage une éolienne mais je crois que les gens ne se rendent pas compte que dans 50 ans, si jamais on ne fait rien, le paysage limousin n'existera plus, il n'y aura plus de chênes, plus de châtaigniers, ce sera fini !
Des projets photovoltaïques contestés en Corrèze
Sur la ZAC (zone d'aménagement concerté) de la Montane en Corrèze, la plus grande centrale photovoltaïque de Corrèze est en pleine construction en ce mois d'octobre 2020. A terme, les panneaux s'étendront sur 45 hectares et fourniront 40 mégawatts d'électricité, soit l'équivalent de la consommation de 22 000 habitants.
Créée par l'agglo de Tulle, cette zone devait initialement accueillir des entreprises, mais elles ne se bousculent pas pour s'y installer. Une partie du site a donc été dévolue à l'énergie solaire.
"On est en train de créer les fondations de la centrale explique Thierry Actis, chef de projet construction Engie Green, donc on enfonce les pieux dans le sol, ensuite on va poser les structures métalliques qui vont tenir les panneaux au-dessus".
L'association Corrèze Environnement ne voit pas non plus d'un bon oeil le projet mené par l'agglomération briviste à Saint-Pardoux-l'Ortigier : une centrale solaire avec 60 000 panneaux sur près de 26 hectares.Le problème, c'est qu'on a déclassé des zones qui étaient agricoles au départ ou qui étaient naturelles pour en faire des zones industrielles ou artisanales, sans avoir connu le moindre bâtiment. On fait ça en disant que c'est un super projet mais c'est pas un super projet
"On n'avait pas de terrain disponible pour réaliser ce champ photovoltaïque qui s'inscrit dans un plan des énergies renouvelables donc on est obligés de venir ici pour trouver 35 hectares disponibles, justifie Christian Pradeyrol, vice-président de l'agglo de Brive. On a tout fait pour impacter l'environnement le moins possible : il y a un corridor écologique en plein milieu du parc, il y aura une haie réalisée et une zone humide préservée".
Louée à Engie sur 35 ans, la centrale rappportera 150 000 € par an à l'agglo et 15 000 à la commune. Les agriculteurs propriétaires des terrains ont été dédommagés. Pourtant, le syndicat agricole FDSEA estime qu'il s'agit d'une hérésie.
Aujourd'hui, on nous parle d'autonomie alimentaire et on va mettre du photovoltaïque au sol sur du terrain agricole quand on a d'autres possibilités, c'est une hérésie totale ! Peut-être aussi un ego surdimensionné de nos politiques qui laissent faire ce genre de choses
Les projets de centrales photovoltaïques et de parcs éoliens devraient se développer dans les campagnes car la France reste très en retard sur ses objectifs énergétiques, c'est-à-dire 40% d'électricité verte à l'horizon 2030.