Examen du permis de conduire: l'embouteillage après le confinement

Les deux mois de confinement auront eu un effet bouchon sur l'examen du permis de conduire. Ecouler le stock des 400 000 candidats français en attente tout en faisant face à la nouvelle vague de demandes dans un système déjà surchargé, le défi des auto-écoles et des inspecteurs s'annonce colossal.

Il ne rappelle pas forcément de bons souvenirs pourtant c'est un passage obligé pour beaucoup d'entre nous. Premier examen de France, le permis de conduire concerne chaque année plus d'1,2 millions de français, d'après un rapport publié en février 2020 par le ministère de l'Intérieur. 

Mais cette année, la crise du coronavirus a stoppé net le processus qui mène au précieux sésame rose. Depuis le 16 mars, plus aucune leçon de conduite ni date de passage d'examen n'ont pu être données aux candidats, et aucun nouveau dossier n'a pu être enregistré. 

Le début de l'été représentant le pic annuel du nombre d'inscription (100 532 au mois de juillet 2018 contre 58 827 au mois de décembre de la même année d'après le rapport du ministère), la vague de reprise post-confinement s'annonce corsée. 

 

6000 candidats en attente en Gironde, "pas de place avant octobre"

"Nous continuons à prendre de nouveaux élèves parce qu'il y a toujours une forte demande mais nous ne pouvons pas leur garantir une date de passage rapide, constate l'auto-école La Victoire à Bordeaux. Par exemple, nous avons du revoir nos formules de passage de l'examen en accéléré parce que pour l'instant nous avons très peu de visibilité, donc on ne peut rien promettre au candidat en terme de calendrier"

Patience donc pour les derniers arrivés. La priorité est donnée à ceux qui devaient le passer pendant le confinement. "J'avais une date de passage prévue le 22 avril, en plein confinement, explique Juliette, étudiante inscrite sur Ornikar. L'examen a évidemment été annulé mais il fallait absolument que je puisse passer mon permis avant début juillet parce que je commence un stage où il est demandé. Heureusement, j'ai reçu une nouvelle convocation hier pour le 16 juin et mon moniteur m'a dit que j'étais la première de son groupe à en avoir reçu une". 

En Gironde, en temps normal, ce sont en moyenne 2800 candidats qui sont examinés par mois, selon la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer) en charge de la répartition du nombre de places d'examens dans le département. Autant de candidats à replacer sur un planning qui peine à retrouver son rythme. 

Des places données au compte-gouttes et un manque de visibilité, c'est principalement ce que reprochent certaines auto-écoles au système public:

Une auto-école sans examen, c'est une auto-école morte. Nous avons essuyé une première vague avec le Covid, maintenant nous faisons face à la deuxième.
Sandra Carasco, représentante syndicale UNIC (Union Nationale des Indépendants de la Conduite)

Pour elle, la reprise est trop lente: " Nous avons besoin d'un gros coup de fouet pour rattraper le retard et nous commençons tout juste à être entendus alors que cela fait bientôt un mois que nous avons repris". Les professionnels regrettent un manque d'anticipation de la part des instances en charge de l'examen notamment sur les délais laissés aux auto-écoles pour informer les candidats de la date de leur passage. 

" D'habitude, nous recevons toutes les convocations à la fin du mois pour le mois suivant. Là, j'ai été informée ce matin pour les passages prévus la deuxième quinzaine de juin, donc on croise les doigts pour que ça convienne à nos élèves", explique la gérante de l'auto-école Aliénor Conduite à Bordeaux. 

Si certains avaient pensé à délocaliser leur dossier vers des auto-écoles excentrées, cela ne semble pas non plus être la solution. Michel Sarazzin, gérant de l'auto-école Turbo-Conduite à Marmande le constate avec ses 80 candidats à replannifier: "pour l'instant, je n'ai pas de place avant octobre et impossible pour moi de prendre de nouveaux candidats cet été tant que la situation reste bouchée. Ça m'inquiète parce que j'ai peur de voir mes plannings se vider après cette période d'inactivité"

Une reprise progressive

Si certaines dates pour le permis B ont pu être données avant, la reprise officielle des examens est prévue lundi 8 juin, c'est ce qu' a annoncé la préfecture de la Gironde. Celle des poids lourds et des motos a elle commencé le 25 mai.

" Nous sommes conscients des urgences des candidats et des enjeux des auto-écoles, assure Ronan Saout, directeur adjoint de la DDTM. Mais il est indispensable de faire une reprise progressive pour assurer la sécurité de chacun sur le plan sanitaire"

Motos et poids lourds représentant moins de risques de transmission du coronavirus et un protocole sanitaire plus simple à appliquer, c'est au tour des voitures de se prêter à l'exercice. Masques et visières obligatoires, les règles imposées par le ministère de l'Intérieur sont strictes pour limiter la propagation du virus: pas de climatisation et désinfection du véhicule (housse du siège changée, nettoyage du tableau de bord et des commandes) après chaque candidat. 

En conséquence, le nombre de candidats examinés par inspecteur passe de 13 à 11 par jour et les 4 centres d'examens principaux (Cenon, Mérignac, Bruges et Villenave d'Ornon) sont désormais ouverts et équipés de sanitaires. 

 

Depuis le 11 mai et la reprise des leçons de conduite, les auto-écoles appliquent l'ensemble de ces mesures sanitaires. Mais en ce qui concerne l'examen, un protocole national n'a pu être délivré que tardivement assure Dominique Berecochea, déléguée régionale du syndicat SNICA-FO (Syndicat national Force Ouvrière des Inspecteurs) : "le protocole sanitaire a été présenté aux inspecteurs la semaine dernière. Sur les 30 examinateurs présents en Gironde, la majorité de l'effectif est présent et prêt à travailler. Nous faisons le maximum pour que tout le monde puisse reprendre dans les meilleures conditions"

Une réunion rassemblant la direction de la DDTM, des conseillers en prévention routière, les représentants des syndicats des auto-écoles et ceux des inspecteurs, est prévue dans trois semaines afin de constater l'évolution de la situation et apporter des solutions de désengorgement supplémentaires si nécessaire. 

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