Le festival international de BD d’Angoulême est accusé de sexisme après une sélection 100 % masculine pour son futur Grand Prix 2016.

Nouvelle polémique au festival d'Angoulême : le jury a dévoilé sa liste d'auteurs éligibles au Grand Prix 2016.
Une liste qui fait rêver avec certains des plus grands noms du 9e art mondial comme Frank Miller, Chris Ware, Alan Moore, Milo Manara, Stan Lee...

Problème : on n'y trouve que des hommes et aucun nom de femme.

Du coup, un collectif d’auteures a appelé au boycott du vote qui doit désigner les trois finalistes de ce scrutin avant que l'académie des Grands Prix choisisse l'heureux élu. Le mot-clé #WomenDoBD a fait son apparition sur Twitter pour vanter la qualité du travail des femmes en bande dessinée.


Sur le blog www.bdegalite.org, tenu par le "Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme" qui rassemble environ 200 auteures, un billet intitulé "FIBD: Femmes interdites de BD" affirme: "nous nous élevons contre cette discrimination évidente, cette négation totale de notre représentativité dans un médium qui compte de plus en plus de femmes".

Plusieurs  auteurs nominés, comme Riad Sattouf, les Américain Daniel Clowes et Charles Burns ou encore Joann Sfar ont demandé que leurs noms soient retirés de cette liste.

Bonjour! J'ai découvert que j'étais dans la liste des nominés au grand prix du festival d'Angoulême de cette année....

Posté par Riad Sattouf sur mardi 5 janvier 2016

Le délégué général du FIBD, Franck Bondoux, s’est exprimé dans le journal Le Monde :« Le concept du Grand Prix est de consacrer un auteur pour l’ensemble de son œuvre. Quand on regarde le palmarès, on constate que les artistes qui le composent témoignent d’une certaine maturité et d’un certain âge. Il y a malheureusement peu de femmes dans l’histoire de la bande dessinée. C’est une réalité. Si vous allez au Louvre, vous trouverez également assez peu d’artistes féminines. »

Un communiqué de presse du festival est également attendu ce mercredi.

Les politiques s'en mêlent

La classe politique n'a pas tardé à réagir à cette polémique. comme l'élue charentaise Françoise Coutant :

La députée de la Vienne Catherine Coutelle dénonce aussi cette liste :

 La ministre de la Culture, Fleur Pellerin a jugé "assez anormal" qu'aucune femme ne figure dans la sélection du grand prix d'Angoulême.
"Quand je vois un grand prix qui récompense toute une carrière ou qui récompense une trajectoire je me dis que c'est tout de même un peu étonnant, même si probablement les femmes sont sous représentées parmi les auteurs de bandes dessinées, que l'on n'ait pas trouvé sur 30 noms un seul nom de femme à honorer", a commenté Mme Pellerin sur France Info.

Une seule femme, Florence Cestac, a été distinguée par le grand prix du FIBD. C'était il y a 16 ans.
La dessinatrice Claire Bretécher, a obtenu un "Grand prix du dixième anniversaire" en 1983, année où le Grand Prix du Festival a honoré Jean-Claude Forest.

L'an dernier déjà, une seule femme, la Franco-iranienne Marjane Satrapi figurait dans la liste des nominés du Festival.

Selon l'Association des critiques et journalistes de BD (ACBD), les femmes représentent 12,4% des professionnels dans le monde francophone de la BD.
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