François Hollande, cinq ans à l’Elysée : quel bilan pour le Limousin ?

François Hollande en meeting à Limoges le 27 avril 2012
Reportage : COUSSY Pascal, BLANLOEIL Margaux, CHRISTOPHE Bodin, SPIELVOGEL Sophie, ANDRIEUX jean-françois, BOISSIERE Odette. Intervenants : Robert Savy : ex Pdt. PS du Conseil Régional du Limousin, Valérie Simonet : Pdte. "Les Républicains" du Conseil Départemental de la Creuse, Bernard Combes : Maire PS de Tulle, conseiller du Président de le République, Christian Moulinard : politologue ©France 3 Limousin

François Hollande a construit une grande partie de sa carrière politique et de son image publique sur son ancrage local en Corrèze et en Limousin.
Ses cinq années passées à l’Elysée ont-elles été profitables à la région qui l’a accompagné dans son ascension vers le pouvoir ?
Dossier.

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On aurait tendance à l'oublier : François Hollande n’est ni Corrézien, ni Limousin. Il est Normand et Parisien.

Après une enfance passée à Rouen et à Neuilly-sur-Seine, le jeune François Hollande a fait ses études à Paris : Sciences-Po, l'ENA, puis très vite, en 1981, il se frotte au suffrage universel.

Avec un culot qui fera naître une estime mutuelle avec Jacques Chirac, le jeune énarque n’hésite pas à partir en mission en Corrèze pour l'affronter dans son fief lors des élections législatives.

Le jeune parachuté socialiste obtiendra 26% des suffrages. Un score honorable face au maître des lieux qui frôle le ballotage.



François Hollande pose alors les bases d’un ancrage en terre limousine qui durera plus de 30 ans :

. En 1983, il revient en Corrèze par la petite porte et décroche son premier mandat en devenant conseiller municipal à Ussel.
. En 1988 il entre au Palais Bourbon comme député de la Corrèze.
. De 1989 à 1995 il est adjoint au maire de Tulle. Il deviendra maire de la ville en 2008.
. De 2008 à 2012, il dirige le département de la Corrèze.

Et on l’a oublié mais, de 1998 à 2001, François Hollande a aussi siégé au Conseil Régional du Limousin, à Limoges, dirigé à l’époque par le socialiste Robert Savy.



C’est cette même région Limousin que François Hollande devenu président de la République fera disparaître 14 ans plus tard en l’intégrant à la Nouvelle Aquitaine à l’occasion de la réforme territoriale.


Aujourd’hui, Robert Savy n’a pas de mots assez durs pour condamner cette décision.

Pour lui, François Hollande « a décidé de rayer le Limousin de la carte des régions françaises et des régions d’Europe, où elle avait pris sa place malgré sa taille modeste » … « c’est un recul manifeste pour la proximité et la démocratie ».

Robert Savy estime aussi que « cette réforme territoriale n’est pas une réforme de gauche » car « elle organise la concurrence des territoires » au lieu de veiller à leur cohésion.

... nous serons une lointaine succursale abandonnée de Bordeaux. Robert Savy


Et l’ancien président de l’ex-région Limousin conclut en craignant que, dans cette région traditionnellement ancrée à gauche, le sentiment d’abandon des populations dans certains secteurs du Limousin nourrisse des comportements propres à favoriser le développement d’opinions et de positions extrêmes.

Regarder l'interview intégrale de Robert Savy :

Interview : Pascal Coussy, Margaux Blanloeil, Jean-François Andrieux. Intervenant : Robert Savy, ancien président PS du Conseil Régional du Limousin ©France 3 Limousin


Du côté de la Creuse, le bilan du quinquennat semble également contrasté.

Pour Valérie Simonet, la présidente « Les Républicains» du Conseil Départemental, "François Hollande s’est fait élire sur son image d’élu ancré dans la ruralité … pour finalement « détruire le Limousin ".

« On nous vendait François Hollande comme celui qui allait aider les départements ruraux » …  « résultat : 6,5 millions d’€ de moins en 4 ans, une augmentation des contraintes, plus de dépenses sociales ».

Pour Valérie Simonet, François Hollande a laissé un goût très amer sur les promesses faites aux territoires ruraux.

... Non, je ne dirai pas merci à François Hollande! Valérie Simonet.

Regarder l'interview intégrale de Valérie Simonet :

Interview : Pascal Coussy,Margaux Blanloeil, Jean-François Andrieux. Intervenante : Valérie Simonet, présidente LR du Conseil Départemental de la Creuse ©France 3 Limousin


En Corrèze, bien sûr, le bilan du quinquennat paraît à priori plus favorable.

Car si François Hollande n’a prononcé que rarement le mot « Limousin » ces cinq dernières années, il n’a jamais manqué une occasion de faire référence à la Corrèze.

De nombreux témoignages corréziens louent aujourd’hui les talents de VRP du Président à l’occasion de ses voyages à l’étranger, les contacts facilités pour aider telle ou telle entreprise en difficulté, les petits coups de pub en passant ou le carnet d’adresse mis à contribution pour débloquer l’accès à certains marchés.

Bien sûr, il y a eu le retour du Tribunal d’Instance à Tulle, le sauvetage de Pompadour, les dizaines de voyages présidentiels en Corrèze accompagnés de dizaines de remises de médailles.

Mais en Corrèze, l’époque Hollande est restée loin de l’interventionnisme forcené et systématique de l’époque Chirac.

Certains le regrettent. D’autres le revendiquent, comme Bernard Combes, le maire socialiste de Tulle et proche conseiller de François Hollande à l’Elysée.

Bernard Combes estime que le Limousin et la Corrèze n’ont rien perdu dans l’action de François Hollande tout au long de ce quinquennat. Mais il ajoute que « le Président Hollande, dans son comportement, dans son rôle de président, n’a jamais souhaité que le Limousin ou la Corrèze puissent être regardés de manière trop particulière ».

... la France n’est pas une république bananière … les aides ont profité autant à un Corse qu’à un Corrézien. Bernard Combes


A propos de la réforme territoriale, si Bernard Combes admet qu’elle a « contribué à un certain effacement du Limousin » il ajoute que « quand on fait une réforme de portée nationale, on ne pense pas au Limousin qui représente 1% de la population française ».

Quant à Limoges, il estime qu' "elle n’a rien perdu", et que désormais, « c’est aux élus limougeauds de porter leur avenir ».

Regarder l'interview intégrale de Bernard Combes : 

Interview : Pascal Coussy, Christophe Bodin Intervenant : Bernard Combes, maire PS de Tulle, conseiller spécial du Président de la République pour les relations avec les élus locaux. ©France 3 Limouisn


Pour Christian Moulinard, politologue et fin connaisseur de l’histoire politique contemporaine du Limousin, malgré l’estime qui unit les deux Présidents de la République limousins, il n’y a en effet nulle comparaison possible entre la « Chiraquie » et la « Hollandie ».

Christian Moulinard estime qu’à part ses nombreuses visites, surtout corréziennes, François Hollande « n’a rien apporté au Limousin » et que la réforme territoriale a pâti à cette petite région.

Mais c’est pour préciser que l’époque a changé depuis les présidences de Jacques Chirac et que François Hollande pouvait difficilement se comporter différemment. « Aujourd’hui, un président de la République n’a plus de marges d’actions dans un certain nombre de domaines comme l’avaient ses prédécesseurs ».

Le politologue Limousin pense finalement que si on considère qu’un élu doit se comporter comme l’intercesseur de ses électeurs, François Hollande n’a effectivement pas pu et pas voulu se comporter comme cela.

Et si on critique le clientélisme, alors on peut le mettre au crédit du dernier locataire en date de l’Elysée.

Regarder l'intervie intégrale de Christian Moulinard :

Interview : Pascal Coussy, Margaux Blanloeil, Jean--François Andrieux Intervenant : Christian Moulinard, politologue ©France 3 Limousin


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