La ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, a annoncé lundi qu'elle réunirait "dans les dix jours" les représentants de la grande distribution pour leur demander "par contrat" de changer leurs pratiques afin de lutter contre le gaspillage alimentaire.
"Il est très important de lutter contre le gaspillage alimentaire à un moment où tout le monde n'a pas les moyens de se nourrir correctement", a déclaré Ségolène Royal après l'invalidation par le Conseil constitutionnel d'une mesure qui interdisait aux distributeurs de rendre délibérément impropres à la consommation des produits alimentaires invendus."Il est inadmissible que les grandes surfaces détruisent des stocks alimentaires notamment en mettant de l'eau de Javel dessus", a-t-elle dénoncé.
La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) s'est insurgé en faux contre cette affirmation, rappelant que la grande distribution "fait déjà énormément pour lutter contre le gaspillage et qu'elle est aujourd'hui déjà le premier donateur aux associations avec l'équivalent de 120 millions de repas distribués par an."
Les grandes surfaces derrière les particuliers et la restauration
Selon Mathieu Pecqueur, le directeur agriculture et qualité en charge de lutte anti-gaspillage à la FCD, la grande distribution en France "gaspille peu et ne représente qu'entre 5 et 10% du gaspillage au niveau alimentaire".Un rapport remis en avril par l'ancien ministre Guillaume Garot a montré que même si les chiffres varient selon les sources, la grande distribution arrive loin derrière les particuliers et la restauration en terme de gaspillage alimentaire.
Elle gaspille entre 562 et 750 kilotonnes par an, contre 1.080 pour la restauration et entre 2.212 et 6.323 pour les ménages.
Royal : mettre les grandes surfaces devant leurs responsabilités
Le conseil constitutionnel a retoqué un article concernant le gaspillage alimentaire dans la loi sur la transition énergétique qu'il a par ailleurs validée jeudi. Cet article stipulait notamment que les distributeurs "ne peuvent délibérément rendre leurs invendus alimentaires encore consommables impropres à la consommation"."Je ne vais pas en rester là", a assuré la ministre de l'Écologie. "Je vais donc réunir dans les dix jours qui viennent les grandes surfaces pour les mettre devant leurs responsabilités", a-t-elle dit.
"Il vaut mieux finalement de bonnes pratiques, parce que c'est plus rapide, que des lois qui vont mettre du temps", a-t-elle conclu.