Bassin d'Arcachon : un restaurant ferme ses portes, faute de personnel

A Audenge, le restaurant chez Geneviève ferme temporairement, par manque de personnel. Une situation qui inquiète les restaurateurs, confrontés à des candidats qui peinent à se loger et qui montrent de moins en moins d'intérêt pour les métiers de la restauration.

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C'est une institution à Audenge. Chez Geneviève, un restaurant situé sur le port,  au bord du bassin de baignade  propose fruits de mers et poissons à sa clientèle. Mais ce mercredi, la porte était close. Posée devant l'entrée, une ardoise indique la raison : un manque de personnel.

"Je suis obligé de fermer, et pour une durée indéterminée, déplore le propriétaire, Alexis Demay. Ca fait bientôt un mois que j'essaie de recruter et je ne trouve personne. 
J'ai des contacts téléphoniques, mais les gens ne se présentent pas." Une situation difficile à vivre, alors que la saison est sur le point de démarrer et que la météo, au beau fixe, attire la clientèle. 

C'est un crève-cœur. Il fait beau, les clients sont-là et je ne peux pas ouvrir. C'est vraiment dommage.

Alexis Demay, propriétaire du restaurant Chez Geneviève

Source : France 3 Aquitaine

Alexis Demay recherche un cuisinier, un aide cuisinier et des serveurs. Des postes à 35 heures par semaine, avec deux jours de repos consécutifs,  pour des salaires compris entre 1 500 et 1 700 euros net. 

Il a beau avoir posté son annonce en ligne, et sur les réseaux sociaux, il ne trouve pas de candidats. "Ici en commentaire, on me dit que le problème c'est le logement. C'est pas faux, c'est un vrai problème", reconnaît-il. Mais selon le patron, ce n'est pas le seul.

Aujourd'hui, plus personne ne veut travailler en restauration, notamment à cause des contraintes liées aux horaires. Les gens ont goûté à la vie en famille  pendant le Covid et ils veulent garder ce confort de vie. Ils sont prêts à gagner moins d'argent pour profiter de leur entourage.

Alexis Demay, restaurateur à Audenge

Source : France 3 Aquitaine

Insoluble équation

Le restaurateur reconnaît avoir songé à augmenter les salaires pour attirer les candidats. Mais il craint de ne pas pouvoir s'en sortir, sans répercuter les prix sur la clientèle.  "Moi je veux bien recruter et multiplier les salaires par deux ou par quatre, assure-t-il. Mais l'addition pour les clients sera aussi multipliée par le même chiffre. Si j'augmente trop mes prix aujourd'hui, je sais très bien que je n'aurai pas de clients. Et si je n'augmente pas assez mes salaires, je n'aurai pas assez d'employés", constate-t-il. 

Une situation récurrente

C'est Geneviève la mère d'Alexis qui avait ouvert le restaurant, il y a près de cinquante ans.  Une autre époque : "On enchaînait les heures, on travaillait tout le temps", se souvient la septuagénaire qui assure n'avoir jamais manqué de candidats.  Ces derniers jours, pour pallier aux manque de bras, elle a elle-même filé un coup de main à son fils à la plonge, à la préparation des crêpes, ou encore derrière le comptoir.  "Physiquement ça devient difficile reconnaît-elle. Je le sais mais je ne peux pas partir d'ici"

Sur les réseaux sociaux, les annonces de restaurateurs qui peinent à recruter se multiplient. Serveurs, cuisiniers, plongeurs sont particulièrement recherchés pour le lancement de la saison touristique. Mais de nombreux candidats sont repoussés par les prix des loyers. Et pour ceux intéressés, qui envisagent de faire la route chaque jour, les bouchons sur le Bassin et le prix de l'essence font aussi office de répulsif. 

Loger ses salariés

Egalement installé sur le port d'Audenge, le restaurateur Xavier Germain s'est montré prévoyant, en ouvrant son recrutement dès le mois de janvier. Et surtout, il a investi : "Cet hiver j'ai acheté un mobil-home dans un camping, ce qui me permet de loger au moins deux personnes", explique-t-il.

Les loyers sont tellement chers ici... Je comprends très bien qu'un saisonnier, rémunéré à 1 800 ou 2 000 euros net, ne puisse pas se loger à 600 euros. Ce n'est même plus la peine de faire les saisons.

Xavier Germain, restaurateur à Audenge

Source : France 3 Aquitaine

Le restaurateur ne recherche désormais qu'une seule personne, un ou une serveur(se) expérimenté(e), qui serait également nourrie et logée.  Mais face à la situation, il demande un geste des collectivités, et les invite à financer des logements pour les saisonniers. "On serait prêts, nous, restaurateurs, à payer des hébergements pour la saison, mais il faut qu'on nous aide", assure-t-il. 

"Donner l'envie de travailler dans nos métiers"

Pour Jean-Philippe Burgeat, vice-président de l'Union des métiers et de l'industrie de Gironde (UMIH), le cas du restaurant d'Alexis Demay n'est pas isolé. "Nous avons une pénurie de main d'oeuvre comme nous n'en avons jamais connue dans notre profession. On parle de 350 000 emplois non pourvus à la fin de l'année 2021. C'est quelque chose que l'on ressent au quotidien", assure-t-il. 

"On multiplie les initiatives, on explique ce que sont nos métiers, poursuit-il. Ce ne sont pas des métiers plus durs, ni plus pénibles que d'autres, même si on sait qu’aujourd’hui 200 000 personnes issues de notre secteur sont aujourd'hui chez Pôle emploi, elles ont quitté notre secteur. Ce sont ces gens-là qu'il faut aller chercher, mais aussi d'autres personnes qui ne seront peut être pas qualifiées, mais à qui on va donner envie de travailler dans nos métiers,", poursuit-il.

Quant à la question du logement, le vice-président de l'UMIH de la Gironde rejoint la position de Xavier Germain et estime nécessaire l’implication des services publics. "Quand les saisonniers qui travaillent sur le Bassin d'Arcachon ou au Ferret ne sont pas capables de se loger à moins de 30 kilomètres de leur lieu de travail, parce que l'offre locative est prise par les locations saisonnières, on est effectivement face à un vrai problème", maintient-il

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