Audenge : un propriétaire en grève de la faim contre les loyers impayés

Depuis plus de quatre ans, les locataires d'une maison et d'un studio près du port d'Audenge, sur le bassin d'Arcachon, ne paient plus leur loyer. Le propriétaire a entamé la semaine dernière une grève de la faim pour alerter sur sa situation, mais les occupants s’en défendent.

Environ 33 000 euros. C'est le montant estimé, sur plus de quatre ans, des loyers qui ne sont pas parvenus à Alexis et sa mère, propriétaires d'une maison et d'un studio près du port d'Audenge. Les locataires y vivent gratuitement depuis de longs mois et n’ont pas encore quitté les lieux.

Tout a commencé à l'été 2016. La mère d'Alexis, restauratrice à Audenge, propose à un saisonnier de loger dans sa maison au tarif préférentiel de 400 euros par mois. « Cela devait être une solution provisoire, mais on est passé à quelque chose de durable », raconte son fils.

La première année, rien à signaler : les loyers sont réglés par mandats cash et chacun y trouve son compte. Mais la saison suivante, les choses s'enveniment.
Sur leur lieu de travail, un différend oppose la patronne et le serveur. Employé comme chef de rang, il dit avoir eu en réalité bien plus de prérogatives. « Je devais tout faire, rappelle-t-il. Au début, ça ne me dérangeait pas, mais le salaire ne suivait pas. Quand je le lui ai fait remarquer, ça a dégénéré. Je me suis mis en arrêt, puis j’ai demandé un congé sans solde jusqu’à la fin de mon contrat. » Il claque la porte du restaurant, mais pas celle de la maison.

« Il nous a demandé un bail, chose que j'ai refusé de faire pour ne pas lui donner de légitimité par rapport à son occupation de la maison », regrette Alexis qui reconnaît aujourd'hui son erreur.
« C’était un accord oral, il n’y avait pas de bail écrit, rien ne disait que je devais payer tous les mois », se défend le locataire.

Autre histoire, même issue

Dans le même temps, sur le même terrain, le locataire du studio qui avait ouvert les compteurs d’eau et d’électricité à son nom se voit facturer depuis plusieurs mois, en plus de sa consommation personnelle, celle de la maison. « Nous avions convenu d’une chose, explique-t-il : si un autre locataire arrivait, il me dédommagerait de la consommation qui ne m’incombait pas. Mais actuellement, je suis encore en train de régler la totalité. »

Par la suite, ce vendeur de fruits et légumes se retrouve en difficulté financière et doit avoir recours aux aides au logement. Des aides qui, selon lui, ne lui sont jamais parvenues. « Je ne pouvais pas obtenir mes quittances de loyer, ce qui occasionnait un blocage de mes droits, affirme-t-il. Chaque année, la CAF envoie un document à faire remplir par le propriétaire. Il ne l’a jamais fait. Quand j’ai fait faillite, je n’avais plus aucun revenu, je ne pouvais plus payer. »

« Cela l'a mis en difficulté quelques temps, admet Alexis. Il a repris une activité, mais ce n’est pas pour autant qu'il a repris le paiement de son loyer. Je lui ai donné congé via un huissier de justice, mais il ne l'a pas respecté. »

« Je ne suis pas sûr de rentrer un jour dans mes frais. » Alexis, propriétaire de la maison et du studio.

Ce n'est que le début de vaines procédures pour les propriétaires. Trois fois, ils ont fait appel à la justice. Trois fois, ils ont été déboutés de leur demande, soit pour vice de forme (dossier perdu, démarches effectuées trop tardivement par l'huissier), soit pour justificatifs manquants.

Récemment contacté par un nouvel avocat, Alexis étudie la possibilité d'une nouvelle action, mais se méfie de ses expériences passées. « J'ai envie de refaire une démarche, mais je sais combien de temps ça va me prendre et combien ça va me coûter, avance-t-il. Si je dois considérer tous les coûts inhérents à la justice, au recouvrement des créances et en investissement personnel, je ne suis pas sûr de rentrer un jour dans mes frais. »

Filature et coups de pression

Chacun campe sur ses positions. Les discussions et tentatives de négociations ne mènent nulle part. Même lorsqu'Alexis se résigne à proposer au locataire de la maison 5 000 € pour la libérer, ce dernier refuse et réclame toujours le manque à gagner sur son salaire de saisonnier au restaurant. Alors depuis quelques semaines, le propriétaire accentue les pressions.

Il les a suivis l’un comme l’autre sur leur lieu de travail, accompagné d'une pancarte dénonçant la situation. Une attitude « contre-productive », pour le locataire du studio : « J’ai repris une activité en fin d’année dernière, mais il m’empêche de travailler en me dénigrant. Je suis bénéficiaire du RSA et maintenant, je n’ai plus d’activité. Les moindres chances que j’avais de partir, il les a annihilées. » Et ce, malgré un accord de principe trouvé pour un apurement de sa dette et la défalcation de ses factures d’eau et d’électricité.

« On est revenu sur un arrangement », annonce de son côté l’occupant de la maison. Le propriétaire lui propose 5 000 € pour la quitter d’ici le 18 avril, sans quoi il reviendra sur son lieu de travail.

 « J'ai tout essayé, mais ça fait quatre ans et demi que ça dure. Au bout d'un moment, stop, conclut Alexis. C'est pour ça que je fais cette grève de la faim. » A ce jour, le propriétaire estime que le locataire de la maison lui doit 20 000 euros, et celui du studio 13 000 euros.


 

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