A Blaye, les habitants se mobilisent pour éviter l'expulsion d'un jeune boulanger malien

Silima Diagouraga, jeune boulanger employé en CDI, fait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français. En Gironde, sa famille d'accueil, ses employeurs et des élus locaux se mobilisent pour lui permettre de rester en France, et rappellent le parcours exemplaire de ce jeune Malien.

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Samedi matin, ils se sont réunis au kiosque du marché de Blaye, dans le nord Gironde. Un petit stand a été installé, avec une grande banderole, des croissants, des prises de parole et une pétition à faire signer aux passants. L'objectif : sensibiliser le plus grand nombre à la cause de Silima Diagouraga.

CAP boulangerie

Ce jeune homme originaire du Mali est arrivé en France en 2017. Dans les Landes tout d'abord, puis en Haute Gironde.  Le jeune homme bénéficie de l'aide départementale accordée aux jeunes mineurs non accompagnés. Scolarisé, il entreprend un CAP en boulangerie.
"Il faisait son apprentissage au Leclerc de Blaye, se souvient Ketty Bayle, proviseure adjoint à la retraite et conseillère municipale. Il était alors accueilli chez une famille qui habite Anglade, à une dizaine de kilomètres et ne pouvait pas rentrer chez eux sur le temps du midi".

Ketty se souvient l'avoir souvent aperçu dans les rues de la commune, parfois trempé par la pluie, à attendre la fin de la pause méridienne. "J'ai alors contacté le département, en leur disant que mon mari et moi avions une grande maison à cinq minutes seulement du Leclerc, nous pouvions donc l'héberger".
La proposition est acceptée et Silima Diagouraga arrive chez le couple Bayle en 2018. "Nous l'avons aidé pour apprendre à écrire le français, en mathématiques… Il assistait au cours du Secours populaire aussi. Il n'a été que très peu scolarisé dans son enfance".

Embauche en CDI

En dépit de ses difficultés scolaires, l'apprentissage de Silima Diagouraga se poursuit brillamment. "Le seul apprenti de Leclerc à n'avoir jamais été absent ni en retard", se forge une réputation de grand travailleur, solidaire, poli et respectueux. A l'issue de son apprentissage, il se voit proposer un emploi en CDI, qu'il accepte.

Quelques mois plus tard, la belle histoire tourne court. Silima Diagouraga reçoit une OQTF, une obligation de quitter le territoire français. Désormais en situation irrégulière, le jeune homme doit quitter son emploi.
Les services de l'Etat lui reprochent une mauvaise intégration et d'avoir conservé d'importants liens avec sa famille, ce que Silima Diagouraga et le couple Bayle contestent.

Une fraude à la minorité

Plus grave, le jeune Malien est soupçonné d'avoir menti sur son âge, afin de pouvoir bénéficier de l'aide du Conseil départemental. Le jeune homme, qui déclarait avoir 16 ans lors de sa prise en charge, en avait en réalité 27.
Un mensonge qui lui a sauvé la vie, estime Ketty Bayle, elle-même dupée et qui n'a appris la tromperie que tout récemment. "Sans cette fraude, il n'aurait jamais pu apprendre à lire et écrire, obtenir un CAP et trouver un emploi. Il a fait tout ça en deux ans, il a travaillé très dur tout en suivant un apprentissage". Elle décrit désormais un jeune homme rongé par la culpabilité.  
"Depuis qu'il nous l'avoué, il ne dort plus, mange très peu… Il nous dit préférer mourir plutôt que de rentrer au Mali,  poursuit Ketty Bayle qui ne cache pas son inquiétude.

Comité de soutien

Dans sa volonté de rester en France, Silima Diagouraga  est soutenu par ses deux familles d'accueil successives, ses employeurs, mais aussi par des élus locaux comme le maire de Blaye Denis Baldès ou la député LREM Véronique Hammerer.
En plus du rassemblement de ce samedi, une page Facebook  a été créée et une pétition en ligne a déjà recueilli près de 600 signatures, trois jours après son lancement.

Le combat ne s'arrête pas là. Le collectif de soutien a pris contact avec une avocate bordelaise afin de déposer un recours contre l'OQTF. Ils entendent démontrer la parfaite intégration du jeune homme dans la commune. Un procédé qui pourrait donner quelques jours de répit à Silima Diagouraga :  une fois le recours déposé, l'obligation de quitter le territoire est suspendue, tant que le juge administratif n'a pas statué sur le dossier.
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