Fête du 14 juillet : le feu d'artifice "vert" de Bordeaux

Pour la fête nationale, la mairie de Bordeaux a fait appel à des spécialistes pyrotechniques qui se sont penchés sur une formule plus respectueuse de l'environnement tout en offrant un spectacle de qualité : un véritable défi technique qui pourrait inspirer d'autres événements.

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Le moment est sans doute très attendu des Bordelais, un feu d'artifice sera bien tiré vers 22h30 ce 14 juillet à Bordeaux (port du masque obligatoire). Il faut dire que les deux années précédentes ne leur ont pas laissé un bien grand souvenir, entre une annulation en 2019 et l'incident de la barge enflammée en 2020...

Proposer autre chose

Charlee Da Tos, conseillère municipale en charge de l'événementiel à la mairie de Bordeaux, est ravie de ce 14 juillet, nouvelle version. "On se demandait dans quelle mesure on pouvait proposer un feu d'artifice plus vertueux..." Et c'est en rencontrant David Proteau, "passionné et très investi" que cet événement a pu prendre forme. "Lui ça fait des années qu'il essaie de trouver des solutions pour limiter l'impact des feux d'artifices",  "son dossier de présentation faisait près de 150 pages", plaisante-t-elle, "il avait tout anticipé".

"On lui a demandé notamment qu'il n'y ait pas de rejet plastique". Et ils l'ont fait et expérimenté. Ils ont su remplacer le plastique qui est en général disséminé en petits morceaux dans la nature (et là dans la Garonne) par du carton et du papier qui seront biodégradables.

Elle se réjouit de pouvoir ainsi offrir aux Bordelais "un spectacle enchanteur pour le public avec un impact très réduit sur l'environnement".

Il faut dire que chez Ruggieri, qui emploie 350 artificiers chaque année (sur près de 6000 événements dans le monde), on pratique la pyrotechnie depuis le 18ème siècle. Pour autant, il s'agissait d'un véritable défi technique mais aussi éthique qui semblait intéressant pour la société de relever.

Petit clin d'oeil de l'histoire : si la société Ruggieri, basée en Haute Garonne, David Proteau, son directeur artistique est bordelais. "Moi je voulais absolument emporter cet appel d'offre !", dit-il, et le moins qu'on  puisse dire c'est qu'avec ses collaborateurs ils s'en sont donnés les moyens. Ce 14 juillet, ils seront douze artificiers, bordelais (bilan carbone oblige...), encadré ce soir-là par François Beniate, son cousin, également spécialiste. Lui, fera celui de la tour Eiffel à Paris. 

Mais celui de Bordeaux sera sans doute celui qui aura le plus poussé la démarche : un feu d'artifice respectueux de la faune, de la Garonne et ayant le moins d'impact sur l'environnement. "On est parti sur un concept de performance esthétique et technique de façon à proposer à Bordeaux un feu exemplaire" (...) et "pour autant, qui soit le plus beau possible!" 

Ne pas effaroucher les oiseaux

Comment faire un feu, magique qui fait du bruit sans effrayer les oiseaux ? Ils ont mis au point une "recette pyrotechnique, qui a fait ses preuves, qu'on a testé" permettant des "coups de canon en tirs rapprochés" (techniquement "un marron d'air": une détonation avec un éclair), pendant une minute, de telle manière que les oiseaux, comme un orage, l'entendent arriver au loin et se préparent. Soit ils fuient, soit ils s'habituent et se réfugient dans leur abri, sans se sentir agressés.

Moins de plastiques, d'aluminium

"En temps normal, un feu d'artifice est composé de carton, de plastique et de poudre. Celui de Bordeaux cette année, on l'a fait sans aucun plastique. Tous les composants pyrotechniques ont été faits à base de carton". Une performance technique. "Moi je ne l'avais jamais fait".

Un feu d’artifice sans perchlorate, sans plomb et sans retombée de plastique donc, ni d’aluminium dans la Garonne. L'aluminium, qui était utilisé pour protéger des retombées a pu également être remplacé.

Bilan carbone

Charlee Da Tos l'explique : bien sûr ça a quand même un impact, "le bilan carbone d'un trajet Bordeaux-Venise en voiture en termes d'émissions de CO²" , mais "il ne s'agit pas d'en faire tous les 15 jours"... 

Par ailleurs, l’artificier s’est engagé à compenser (par des plantations) les émissions de CO2 générées par la combustion des produits lors du spectacle, des transports éco-responsables, etc...

Et la conseillère municipale d'anticiper les critiques : "il peut y avoir une image de dogmatisme quand on parle d'écologie. L'idée c'est si on trouve des solutions pour limiter l'impact et continuer à enchanter... Notre feu ira peut-être un peu moins haut", (...) mais il sera "tout aussi beau" assure David Proteau.

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