Depuis samedi 1er janvier 2022, la vitesse est limitée à 30 km/h dans la quasi-totalité de Bordeaux. La mairie écologiste dit vouloir mieux partager l’espace public pour plus de sécurité, et promet de ne pas bannir la voiture. Les automobilistes sont partagés.
C’est l’un des grands changements de cette année 2022 à Bordeaux. Après Paris, Strasbourg, Grenoble ou Lyon, c’est au tour de la capitale régionale de limiter la vitesse de circulation des voitures à 30 km/h dans la quasi-totalité de la ville.
La mesure est entrée en vigueur le 1er janvier et elle laisse songeurs les automobilistes de retour au travail après les vacances de fin d’année.
René est artisan. Il habite la rive droite et fait le trajet tous les jours : "ça change quoi ?" nous dit-il.
On est tous les uns derrière les autres… On ne roule pas ! On est au pas. Pour traverser les allées Tourny, je mets 20 minutes et je ne vous parle pas du reste ! C’est toujours infernal !
Catherine est vendeuse dans un magasin de chaussures. Elle utilise sa voiture au quotidien. La mesure la fait sourire et elle en parle avec humour : " Le rêve, ce serait justement de pouvoir rouler à 30 km/h, or là, je suis à 15 et c’est comme ça tous les jours aux heures de pointe !"
« Rouler doucement ne fait pas perdre de temps, et je veux rappeler que la vitesse moyenne pour une voiture en ville est de 14 km/h à Bordeaux », avait annoncé le maire Pierre Hurmic lors de la présentation du projet en septembre 2021.
Un sentiment que partage Christophe. "Cela va aussi nous permettre de faire encore plus attention aux piétons. On ne freinera plus au dernier moment !". Ce père de famille évoque aussi les nuisances sonores. "Il y aura forcément moins de bruit et c'est bien !"
Voici la carte, version 1er janvier 2022
Objectif : plus de sécurité
Plus de sécurité et moins de nuisances sonores. Deux arguments défendus par la mairie écologiste.
Le but est notamment de diminuer le nombre d'accidents. Selon le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), le risque mortel est multiplié par six selon que l’on se fait percuter à 30 ou à 50 km/h par une voiture.
Apaiser la circulation à Bordeaux, c'est améliorer la vie quotidienne de ses habitants en faisant évoluer les comportements.
"C'est aussi l'occasion de réaménager la ville afin d'offrir un espace public plus agréable à vivre pour les riverains, plus convivial pour les visiteurs, mieux adapté aux usagers les plus vulnérables et plus sûr pour tous : piétons, automobilistes, cyclistes" avait prévenu Pierre Hurmic en septembre dernier.
La réduction de la vitesse à 30 km/h a aussi pour vocation d’inciter les conducteurs à se diriger vers les mobilités douces. Et cela implique des aménagements : suppression de certains feux tricolores, développement des zones réservées aux piétons (sa superficie passera d’ici à 2023 de 40 à 65 hectares) ou encore l’élargissement des pistes cyclables.
Revoir la copie pour l'opposition
Nicolas Florian, le chef de file de la droite et du centre au Conseil municipal de Bordeaux, n’a pas d’opposition de principe, mais regrette "le manque de concertation" et critique la méthode.
"Il n'y pas de plan de circulation établi sur la ville. On étend la zone 30 ! Très bien, mais à coté de cela, on change les sens de circulation rue du Tondu, rue de Bègles, autour du parc Rivière. Tout cela crée une confusion dans les déplacements. Je demande à ce que l'on revoit le plan général."
À terme, l’ancien maire redoute des mesures plus restrictives sur l’utilisation de la voiture comme la mise en place « d’un péage urbain. Et ça, nous nous y opposerons »
Cette nouvelle réglementation s’applique à neuf rues sur dix dans toute la ville. Seuls 11 % des axes routiers y échappent. Là où la circulation est particulièrement dense comme sur les boulevards où transitent chaque jour près de 40 000 voitures. C’est aussi le cas sur les grandes pénétrantes, sur les quais, près du MIN (marché d’intérêt national), ou en direction du centre commercial de Bordeaux-Lac.