A 21 ans, un étudiant bordelais coécrit son premier ouvrage : "Génération engagée"

Il est de la génération ultra connectée, née en l'an 2000. Des jeunes souvent critiqués, présentés en rupture avec la démocratie.  A 21 ans, avec une autre étudiante, le Bordelais Grégoire Cazcarra publie un ouvrage à contre-courant, un regard porté de l'intérieur sur cette "Génération engagée". 

Chemise blanche, jeans, baskets et sac à dos, Grégoire Cazcarra est un étudiant à la tête bien faite, passionné de lecture et de politique dès son plus jeune âge. C'est "une institutrice flamboyante" qui lui donne le goût de la lecture. Une "gourmandise" qui le pousse à souvent parcourir les allées d'une célèbre librairie indépendante de Bordeaux.
Depuis le 5 mai 2021, on peut y trouver son premier ouvrage, "Génération engagée" coécrit avec une autre étudiante lilloise et publiée par V.A Editions

"J’ai du venir ici deux cent fois. Voir mon livre à côté des autres, c’est une sensation assez surprenante" confie-t-il. 

 

Contacté par l’éditeur, après une tribune publiée dans Le Parisien-Aujourd'hui le 8 mars 2020, Grégoire a saisi l'opportunité de proposer un autoportrait de cette génération qui a inspiré de nombreux ouvrages récemment. Maxime Lledo a écrit Génération fracassée, l'essayiste Caroline Fourest, Génération offensée

Avec Léna Van Nieuwenhuyse, il porte un regard à rebrousse-poil : 

Il y a beaucoup de livres qui sont écrits, qui sont des analyses sur notre génération par des experts et qui sont des analyses passionnantes. Mais d’avoir un regard de l’intérieur sur ce qu’on vit, ce qu'on ressent, sur les moments qui ont forgé notre identité collective était important. 

Une génération en quête de sens

Marquée par les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, par l'incendie de Notre-Dame de Paris ou par la crise sanitaire et sociale, cette "génération en quête de sens" a déserté la politique.
En 2017, lors de l'élection présidentielle, Grégoire n'a pas encore le droit de vote mais il est frappé par l'abstention record des moins de 30 ans. 30% seulement ont voté. Il fonde alors "Les Engagés", une association apartisane qui veut réconcilier les jeunes et la politique.  

C’est aussi pour ça que j’ai voulu m’engager, pour essayer de mobiliser les jeunes et leur dire : votre voix compte et la politique, elle, s’intéresse à votre vie quotidienne, donc elle peut avoir un impact sur vous aussi. Même si je suis peut-être plus passionné par la politique que d’autres, c’est mon combat d’essayer de mobiliser d’autres jeunes.

Face au délitement de la confiance envers la politique de ces jeunes, Grégoire peut sembler une exception. A sept ans, avec la complicité de sa grand-mère maternelle chez qui, en Béarn, il dévorait la presse, il écrit au Premier ministre de l'époque, François Fillon, pour lui faire des propositions sur l'école. Le premier acte de son parcours d'engagé. 

A dix ans, il se lance dans l'écriture d'un premier roman puis de poèmes et de nouvelles. 

Il organise un référendum au sein de sa famille pour décider de l'adoption d'un chien. Sa première expérience démocratique. A 15 ans, il s'investit dans le lieu associatif ( la banque alimentaire, Emmaüs). Etudiant à Paris, il donne des cours dans une association d'Île-de-France qui milite pour l'égalité des chances. 

De retour en Gironde, il entame une "vélodyssée" avec deux amis. Pendant une semaine, il sillonne le département, et complète son éducation sur le terrain en rencontrant élus locaux, commerçants, agriculteurs et viticulteurs.

Il ne se sent pourtant pas différent de ces jeunes "qui sur le terrain associatif, environnemental associatif" mènent "des initiatives concrètes" grâce à des outils numériques qu'ils maîtrisent, les réseaux sociaux. 

Une génération Insta, Tinder ou Konbini, comme la présente son ouvrage, capable de se mobiliser sur des causes ponctuelles.  

Avec "Génération engagée", l’idée n'est pas de dire que notre génération le serait plus que les précédentes mais simplement d’essayer d’expliquer comment elle s’engage et montrer qu’elle le fait différemment de nos parents et de leurs parents avant eux. On s’engage moins dans des structures traditionnelles, dans des partis politiques, dans des syndicats et on va avoir davantage des engagements ponctuels sur des causes, des engagements qui pour la plupart, vont être éphémères, qui peuvent prendre la forme d’une marche pour le climat ou au lendemain des attentats terroristes dans la rue. Ça peut prendre aussi la forme d’initiatives qui naissent sur les réseaux sociaux.

Et de citer des exemples récents "d’initiatives citoyennes solidaires" pour aider les soignants ou "nos aînés de façon transgénérationnelle" . "les réseaux sociaux ont multiplié la force de frappe dans des proportions incroyables" constate-t-il. 

Pourtant dans son ouvrage, Grégoire ne cache pas les fragilités et les failles de ces engagements qu'il veut dépasser  pour "construire des idéaux communs".

La difficulté, c’est que toutes les idéologies mobilisatrices du siècle précédent, le gaullisme, le socialisme, le communisme ont un peu disparu ou, en tout cas, ont perdu de leur force de frappe et donc il faut réussir à construire de nouvelles utopies et c’est un défi gigantesque pour notre génération.

Son association en est le laboratoire. Elle a aujourd'hui dépassé la Garonne et essaimé au delà de son territoire d'origine à Paris, Toulouse ou Lille.
Elle organise régulièrement des débats avec des élus, des entrepreneurs, associations, humoristes de tous bords. "Les Engagés" tiennent à leur étiquette  d"apartisans" 

C’est important parce que l'on essaie, d’abord, de s’adresser à tous les jeunes, y compris à des jeunes qui ne se sentent pas représentés, qui n’ont pas forcément une couleur politique ou un camp mais qui ont, quand même, envie de s’intéresser aux débats d’idées, aux sujets de société, qui veulent comprendre ce qu’est la politique, et donc ils trouvent dans Les Engagés une initiative qui leur permet de débattre avec des gens qui pensent différemment.

Rencontre avec les auteurs > 

Le but affiché est d'offrir une alternative aux débats actuels, d'apporter de la nuance à l'opposé de la "quête de buzz" ou de "la petite phrase qui va faire mouche".

Notre génération a été habituée aux débats un peu stériles et polémiques, que ce soit sur les chaînes d’info en continu ou sur les réseaux sociaux où on est habitué à devoir twitter ce qu’on pense en quelques mots, à s’invectiver par commentaires interposés.  On essaie d’être à contre-courant et de monter qu’un débat de fond apaisé constructif est possible aussi et c’est comme ça qu’on recréera de vraies idéologies, de vraies idées.

Prendre le temps de s’écouter sans s'enfermer dans des clans, de s’intéresser à ce que pensent les autres pour se créer "une culture générale", "une ouverture d’esprit". 

 

Le confinement n'a pas freiné leurs actions. En visio-conférence, Les Engagés préparent les prochaines élections départementales et régionales. Cloé, la coordinatrice bordelaise présente son prochain projet :

Ce sont des élections qui ne plaisent pas trop, qui ne sont pas très "glamour". Et pour les expliquer,  j’aurais pour projet de fait des stories sur instagram....


Après des études de Sciences Politique et d'histoire à Paris, Grégoire suit aujourd'hui un master dans une école bordelaise de management. Il est en stage dans une start-up écologique. 

La suite de son parcours de citoyen, il ne sait pas où elle le mènera. Peut-être vers un mandat local ou dans une entreprise. Ce dont il est sûr, c'est qu'il veut agir pour une société plus engagée et solidaire. 

 

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