Après deux ans de travaux, la place Gambetta est à nouveau en service. Un jardin à l'Anglaise imaginé par le cabinet d'architectes West 8 pour répondre aux façades du XVIIIe siècle dans le vieux Bordeaux. Une circulation redistribuée et une flore préservée. Qu'en pensez-vous ?
Depuis deux ans, elle était inaccessible. Le chantier entouré de barrières. Des travaux ralentis par la covid-19 et achevés avec plusieurs mois de retard. Mais ce vendredi matin, la place Gambetta était enfin ouverte au public.
Au soleil, deux copines ont bu leur café, assises sur la nouvelle murette. Elles sont conquises :
C'est super agréable. On a connu les travaux. C'est sympa. Ça fait du bien de pouvoir se poser, profiter de l'herbe et du soleil.
Ce couple est tout aussi enthousiaste
Émerveillés ! C'est super ! Ça fait deux ans qu'on l'attend quand même.
Sur les réseaux sociaux, certaines réactions sont plus négatives :
Place Gambetta à @Bordeaux : ce n'est pas fini, ce n'est pas utilisable, c'est dangereux. pic.twitter.com/OTRIZNcO1J
— Michel ??? #JeMeFeraiVacciner (@GaranceAmarante) February 19, 2021
Le cabinet d'architectes West 8, associé à la paysagiste Sabine Haristoy a dessiné un jardin à l'anglaise. La mare a disparu. Elle attirait rats et moustiques. Elle a été remplacée par un large ilot d'arbres et d'arbustes. Une petite bordure en pierre délimite le pourtour, ouvre l'espace et rappelle les façades classiques du XVIIIe siècle qui entoure la place.
Le patrimoine est mis en valeur. La circulation redistribuée. Le giratoire a été supprimé. Les voitures et bus longent la place par l'ouest. Les piétons peuvent se déplacer et traverser sans obstacle par l'est.
De son appartement, François Diard, Fondateur de l'association "SOS Gambetta" a une vue plongeante sur la place. Avec d'autres riverains et commerçants, il a participé aux réunions menées par la mairie de Bordeaux et la métropole en 2015 et 2016. L'objectif était de préciser le cahier des charges pour les architectes : confort, modes de déplacement, espaces végétalisés, patrimoine, attractivité. Plusieurs objectifs ont été alors arrêtés : baisser la pollution et le bruit lié à la circulation automobile, valoriser le patrimoine, garder une place jardin et la rendre accueillante.
Objectifs remplis selon François Diard :
"A titre personnel, je trouve que c'est une réalisation classique assez élégante au sein d'une place qui est, elle-même, classique puisque c'est du pur XVIIIE, 1750, qui nous a été transmis sans aucune modification. Je trouve que l'ensemble est assez harmonieux et élégant".
Les commerçants eux-aussi semblent ravis à l'image de Marie-Annick Caillet
Ça va être le nouveau poumon de Bordeaux. Ca va attirer beaucoup de jeunes. Pour nous, la jeunesse, c'est le principal.
Le projet a pourtant essuyé de nombreuses critiques. L'abattage des 17 marronniers qui bordaient la place avait donné lieu à une vive opposition en 2018.
A l'époque Pierre Hurmic, conseillé municipal de l'opposition s'était enchaîné à l'un des arbres avec les membres du collectif Marronniers de Bordeaux.
Avec les militants du Collectif @MarronniersBdx , je me suis enchaîné, tôt ce matin, à l’un des 17 marronniers de la Place Gambetta pour éviter leur abattage imminent. Aucune pelleteuse n’est apparue, mais ce n’est que partie remise. Nous restons vigilants et mobilisés. pic.twitter.com/B5e5ArTYR3
— Pierre HURMIC (@PierreHurmic) September 4, 2018
Devenu maire de la ville, Pierre Hurmic n'a pas souhaité inaugurer la nouvelle place. Il n'a pas fait son deuil des marronniers a -t-il confié à notre équipe.
Sur leur site, la ville de Bordeaux et la communauté se défendent : les espèces rares ont été replantées dans d'autres espaces verts de la métropole. La place compte 71 arbres dont 33 nouvelles plantations.
La réhabitation de la place Gambetta a coûté 9 300 000 euros. Restez à savoir si elle séduira les Bordelais et les touristes aux beaux jours.