Après des années d’attente, le dossier concernant des accusations d’agressions sexuelles et viols perpétrés par l’ancien vice-président de l’université de Bordeaux Montaigne avance. Côté administratif, l’enseignant a été suspendu pendant un an. Au pénal, une instruction vient d’être ouverte par le parquet de Bordeaux.
L’étau serait-il en train de se resserrer ? Le Parquet de Bordeaux a annoncé la saisie d’un juge d’instruction dans l’affaire d’agressions sexuelles et viols au sein de l’université de Bordeaux Montaigne. En parallèle, la commission disciplinaire a décidé de suspendre de nouveau cet ancien vice-président pendant un an.
Double plainte
Les premières plaintes remontent à décembre 2021. Barbara Stiegler, une enseignante-chercheuse de l’université, informe alors la direction de son département d’un viol dont elle a été victime, un an plus tôt, par celui qui était son collègue.
Elle avait porté plainte une première fois, classée sans suite en avril 2023. Une seconde plainte est ensuite déposée par une étudiante, avec cette fois avec constitution de partie civile, le 27 juillet 2023, auprès du doyen des juges d’instruction. Le Parquet de Bordeaux a annoncé, six mois plus tard, en février 2024, la saisie d'un juge d'instruction, suite à cette seconde plainte.
Nous avons pris des réquisitions aux fins d’informer des chefs de viol, agressions sexuelles et harcèlement sexuel.
Parquet de Bordeauxle 7 février 2024
Suspension d'un an
En parallèle, du côté administratif, suite à cette alerte, une cellule est mise en place, en juin 2022. Une dizaine d’anciens étudiants et professeurs y témoignent de faits d’agressions sexuelles et de harcèlement sexuel. L’enseignant visé, professeur au département de philosophie, est alors suspendu sept mois, le temps de l’enquête administrative.
Un an plus tard, en mars 2023, le président de l’université Bordeaux Montaigne, Lionel Larré décide d’engager des poursuites et saisit une commission disciplinaire.
Son manque de réactivité a été dénoncé par plusieurs membres de l’équipe enseignante ainsi que des étudiants. Le président de l'université Bordeaux-Montaigne s'était défendu dans un communiqué. Il avait alors assuré avoir "mis en place des dispositifs pour favoriser les prises de parole de victimes" et effectué un signalement au parquet à l'été 2022.
Dépaysée à l’université Toulouse Capitole, après plusieurs mois, la commission vient de décider d’une nouvelle suspension de l’enseignant. Établie sur un an, elle est effective depuis le 1ᵉʳ février. L'homme était revenu à l’université en novembre 2023. Cet ancien vice-président est également privé pour moitié de son traitement. L’université n’a pas souhaité “apporter d'autres commentaires".
"Décision peu courageuse"
De son côté, le Planning familial et la Maison d’Ella qui avaient notamment entendu plusieurs victimes, se réjouissent d’une “petite pierre ajoutée à l’édifice” mais regrettent le “long parcours qu’il a fallu porter jusqu’aux deux ministères de l’Enseignement supérieur et de la recherche, et de l’Égalité entre les femmes et les hommes”.
Nous relevons une décision peu courageuse, qui laisse en suspens l’avenir au-delà de février 2025.
Planning Familial de la Gironde et CACIS Maison d'Elladans un communiqué
Pour autant, si elles saluent le courage des victimes, les associations regrettent une certaine frilosité ans la décision de la commission. Une étape est franchie, elles attendent désormais des “garanties” de la part de l’université pour “un enseignement serein”.
La mise en place d’une cellule de veille sur les violences sexistes et sexuelles a également été demandée. Cette semaine, l’université Bordeaux Montaigne organise justement une sensibilisation contre les violences sexistes et les discriminations.