Le procureur a requis une amende de principe à l'encontre de la juge Isabelle Prévost-Desprez. La magistrate est rejugée en appel pour "violation du secret professionnel" lors de son enquête sur l'affaire Bettencourt. Elle sera fixée sur son sort le 23 mars.
"Je suis écoeurée des propos que j'entends car ce n'est pas la vérité", déclarait ce jeudi 9 février la juge Isabelle Prévost-Desprez. À la barre, la magistrate s'exprimait dans le cadre de son procès en appel à Bordeaux.
La magistrate est soupçonnée d'avoir révélé dans des SMS les détails d'une perquisition réalisée au domicile de Liliane Bettencourt, héritière milliardaire du groupe L'Oréal. Lors du procès en première instance, en 2015, Isabelle Prévost-Desprez avait été relaxée, faute de preuves suffisantes, l'enquête n'ayant jamais pu établir la teneur des SMS incriminés.
Dans son réquisitoire, le procureur Pierre Nalbert a demandé "qu'une juridiction dise que Mme Prévost-Desprez a fauté. Nous sommes convaincus de sa culpabilité. Mme Prevost-Desprez a été prise la main dans le sac", a-t-il déclaré.
De son côté, l'accusée dit avoir vécu "huit ans d'enfer" et se dit "très atteinte", notamment par "les pressions" dont elle aurait fait l'objet durant son enquête sur l'affaire Bettencourt.
La juge, qui s'intéressait à l'époque aux liens éventuels entre Liliane Bettencourt et le financement de l'UMP avait déclaré, mercredi 8, à la barre : "Toute la procédure était une machination pour obtenir mon dessaisissement" de l'affaire Bettencourt, "avec des objectifs politiques". "Je n'ai jamais cédé", a conclu la magistrate.
Isabelle Prévost-Desprez encourt une peine maximale d'un an de prison et de 15 000 euros d'amende. Elle sera fixée sur son sort le 23 mars.