Le maire de Bordeaux va rejoindre le Conseil constitutionnel à Paris. Il y est nommé par le président de l'Assemblée Nationale Richard Ferrand. Voici les premières réactions.
C'est un coup de tonnerre sur la place de Bordeaux. Son maire Alain Juppé quitte son poste pour rejoindre l'institution parisienne qui a en charge le contrôle de conformité de la loi à la Constitution. Il y est nommé par le président de l'Assemblée Nationale Richard Ferrand.
Dans un communiqué le maire de Bordeaux déclare : " Le Président de l’Assemblée Nationale m’a proposé de me nommer au Conseil constitutionnel. Je le remercie de cette proposition qui m’honore.
Je l’ai acceptée."
"Ma nomination bouleversera ce calendrier. C’est avec une profonde émotion que je me prépare à quitter mes fonctions de maire et de président de la métropole de Bordeaux qui m’ont procuré tant de bonheur. Je donnerai mes raisons aux Bordelais(e)s lors d’un point de presse demain à 11h à l’Hôtel de Ville."J’ai décidé, il y a plusieurs mois, de ne pas me représenter à l’élection municipale de mars 2020. Je comptais annoncer cette décision au lendemain des élections européennes fin mai prochain.
Nous retransmettrons la conférence de presse sur notre page Facebook France 3 Aquitaine.
Maire depuis 1995
Il quitte donc cette fonction de maire qu'il occupe depuis 1995 où il avait pris la succession de Jacques Chaban-Delmas.Il avait eu une parenthèse judiciaire en 2004, condamné à 14 mois de prison avec sursis et un an d'inégibilité. Il avait repris son fauteuil en 2006 jusqu'à aujourd'hui.
Qui pour prendre la suite ?
Pour le politologue girondin de Sciences-po à Bordeaux, Jean Petaux, " La vraie surprise, c’est qu’il déroge au calendrier qu’il avait lui-même fixé, dans le courant du printemps ou de l'été. "Il ne devrait donc logiquement plus se représenter, alors qu'il maintenait le suspens depuis des mois. Pour Jean Petaux, cette nomination au conseil constitutionel est une forme d’aboutissement. "Une étape ultime de son sens de l’Etat. Pas une retraite.. Il va le vivre comme une forme d’accomplissement. "La question et l'enjeu, c'est en fait qui pour prendre la suite ?
Il est intéressant de voir qu’il rejoint Lionel Jospin et Laurent Fabius, deux anciens premiers ministres.
Sur Twitter, Michèle Delaunay, conseillère municipale et métropolitaine de Bordeaux dit avoir pressenti ce départ.
Je savais qu’il ne se représenterait pas, du moins je le pressentais à tant de mouvements divers autour des municipales https://t.co/zDTkfKblOR
— Michèle Delaunay (@micheledelaunay) 13 février 2019
Gilets jaunes
Contactée par France 3 Aquitaine, l'élue socialiste précise sa pensée. "Je pensais qu’il ne se représenterait seulement s’il n’avait aucun doute sur une réelection confortable, il ne peut accepter l’idée d’une remise en question ou d’un échec. Mais je reconnais que je n’avais pas pensé au Conseil constitutionnel."Parmi d'autres raisons, Michèle Delaunay voit dans son départ l'influence des Gilets jaunes. "Ils y sont sûrement pour quelque chose, on le sentait très tendu sur le sujet. A chaque fois que j’essayais de comprendre pourquoi Bordeaux était une ville phare du mouvement, il s’énervait sur le sujet."
Un point de vue partiellement partagé par le conseiller municipal PS de Bordeaux Mathieu Rouveyre, qui se dit sous le choc. "Il laisse la ville dans une situation compliquée. Financièrement, politiquement, puisqu'il n'a pas préparé son départ, et socialement, avec le mouvement des Gilets jaunes qu'il n'arrivait pas à comprendre".Un départ sans panache
Le conseiller municipal qualifie le départ de "sans panache". "Qu'il parte parce qu'il est fatigué, qu'il en ait marre, je peux le comprendre, mais partir pour un poste, bien au chaud, au Conseil consitutionnel, c'est quand même un départ sans panache, il ne part pas par la grande porte".
Retour sur le parcours d'Alain Juppé à Bordeaux
Richard Ferrand salue un homme d'Etat
Alain Juppé, qui devrait ainsi succéder à Lionel Jospin au Conseil constitutionnel, est "un homme d'État, fort d'une expérience de la décision publique, qui saura avec une véritable exigence républicaine garantir le respect des principes et des règles fondamentales de la Constitution de la République", fait valoir Richard Ferrand qui l'a donc nommé, dans son communiqué.J'ai proposé la nomination de M. Alain Juppé au Conseil constitutionnel.
— Richard Ferrand (@RichardFerrand) 13 février 2019
Homme d’État fort d’une expérience de la décision publique, il saura garantir, avec une vraie exigence républicaine, le respect des principes et des règles fondamentales de la Constitution de la République. pic.twitter.com/h2F2XPN8Ax
Une institution sexagénaire
Le Conseil constitutionnel a été institué par la Constitution de la Ve République, en date du 4 octobre 1958. C'est un régulateur du fonctionnement des pouvoirs publics et juridiction aux compétences variées.Le président du conseil constitutionnel est Laurent Fabius.