Une enquête nationale, menée par l'équipe de journalistes de Vert de rage s'est intéressée à la présence d'amiante dans les écoles. Les résultats sont édifiants : sur les 5 000 écoles de la Nouvelle-Aquitaine 379 écoles contiendraient des matériaux amiantés. Mais le doute subsiste sur plus de 3 000 autres établissements, qui n'ont pas répondu aux relances des enquêteurs.
C'est une enquête qui a duré plus de huit mois, d'envergure nationale. Les journalistes d'investigation de la série documentaire Vert de rage diffusée sur France 5, se sont penchés sur la présence d'amiante dans les établissements scolaires. Plus de 28 % des écoles françaises contiennent de l'amiante, alertent les journalistes, qui précisent néanmoins que le chiffre est sous-estimé.
En France, on compte quelques 48 950 écoles élémentaires et maternelles. Pour 19 331 écoles, soit environ 40% des établissements, les journalistes sont parvenu à obtenir des informations actualisées en 2023. Pour les autres, il leur a fallu se contenter des données collectées en 2016 par l'Observatoire national de la sécurité et de l'accessibilité des établissements d'enseignement, quand elles existaient.
Un sujet sensible pour les mairies
Sur ces 19 331 écoles, les journalistes sont en mesure d'affirmer que 4 768 écoles ne contiennent pas d'amiante, Pour les autres, soit le diagnostic technique amiante (DTA), obligatoire pour les écoles construites avant 1997, n'a pas été établi, soit les écoles, ou les mairies dont elles dépendent, ont refusé de répondre à leurs questions. "Nous avons même pu mettre la main sur des mails de rectorat demandant aux directeurs de ne pas nous répondre", assurent les journalistes Martin Boudot et Mathilde Cousin.
C'est notamment le cas, en Aquitaine, des mairies de Bordeaux, Pessac ou Mérignac, qui, contactées par Vert de rage, ont refusé de répondre à leur enquête. A Pau, la mairie qui gère une vingtaine de sites, a bien effectué des DTA, mais a refusé de communiquer, dans le détail, la liste des écoles contenant de l'amiante.
Selon les enquêteurs, au moins 379 des écoles de Nouvelle-Aquitaine contiennent des matériaux amiantés. "Seules trois d'entre elles, ou les mairies qui en ont la responsabilité administrative, l'ont reconnu lors de nos échanges. Soixante-deux d'entre elles n'ont pas souhaité répondre", précise l'équipe de Vert de rage. Dans la grande région, 466 écoles ne contiendraient pas de matériaux amiantés, et une grosse trentaine ignoraient le statut amianté ou non de leur établissement.
Au total, 314 écoles de Nouvelle-Aquitaine qui contiendraient de l'amiante n'ont jamais répondu, malgré nos demandes. Nous n'avons pas pu savoir si ces établissements contiennent des matériaux amiantés ou non.
Martin Boudot et Mathilde Cusin, journalistes
Une soixantaine d'écoles de Gironde concernées
Dans les faits, les écoles et mairies les plus enclines à répondre sont celles qui sont assurées que leurs locaux sont "propres". En Gironde, la présence d'amiante est fortement suspectée dans une soixantaine d'écoles. Seule la municipalité de Coutras a répondu aux enquêteurs, reconnaissant la présence d'amiante sur les écoles élémentaire de Trocquereau et maternelle Suzanne Lacore.
Depuis 2016, la commune avait dû modifier les sols dans un autre établissement, l'école élémentaire Sauguet. Mais cette année, les deux écoles concernées ne sont pas pour autant sous le coup d'une obligation de travaux.
Contactée par France 3 Aquitaine, la mairie de Coutras n'a pas donné suite. Elle a en revanche assuré aux journalistes de Vert de rage que, dans les deux établissements en question, la présence a été constatée dans des conduits et des appuis de fenêtre, des éléments qui ne sont pas "de nature à se dégrader".
Le danger de l'amiante
Très prisé dans les constructions jusqu'en 1997, année de son interdiction en France, l'amiante est un minéral fibreux aux propriétés isolantes. L'inhalation de ses fibres est particulièrement dangereuse et peut-être source de graves lésions pulmonaires ou même de l'apparition de cancers. Aujourd'hui, on estime que 85 % des établissements scolaires ont été construits avant 1997 et sont donc susceptibles de contenir de l'amiante. Or, les enfants sont particulièrement vulnérables à l'exposition à ces fibres,
Plus les bâtiments prennent de l'âge, plus ils relâchent des fibres, encore plus en cas de travaux, ou de trous de punaises, par exemple. A l'occasion de prélèvements en surface réalisés dans quatorze écoles dans l'Hexagone, les journalistes ont relevé la présence de fibre d'amiante dans 11 d'entre elles, dont cinq dépassent le seuil d'alerte de 5 000 fibres/cm2.