Bénédicte Durand, la nouvelle présidente du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous), a annoncé mardi 27 février dans les colonnes du Parisien une augmentation des loyers du Crous à la rentrée prochaine. Une décision inadmissible pour les syndicats, alors que la précarité étudiante n'a jamais été aussi importante.
Une décision "honteuse", "dramatique", qui va "à l'encontre de la réalité du terrain" : les syndicats étudiants n'ont pas tardé à dénoncer l'augmentation des loyers des logements Crous, annoncée mardi 27 février par Bénédicte Durand dans les colonnes du Parisien.
La présidente du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous) notifie dans son interview une augmentation "d'un maximum de 3,5 %" des loyers Crous, à compter de la rentrée prochaine. Pour la nouvelle présidente, cela représente "un coût très modéré", et, selon ses calculs, "entre 2 et 6 euros par étudiant, par mois, une fois les APL [aides publiques au logement, NDLR] prises en compte".
Financer la rénovation des logements vétustes
Une augmentation justifiée par la nécessité de financer "12 000 rénovations" d'ici à 2027, avec "7 500 logements qui restent à réhabiliter", mais qui ne passe pas auprès des syndicats étudiants. "Cela va ajouter de la précarité à la précarité, alors que celle-ci est déjà forte et inquiétante chez les étudiants", pose d'emblée Yanis Jaillet, secrétaire général de l'Union étudiante à Bordeaux.
Le loyer est le premier poste de dépense des étudiants. Concrètement, cette augmentation va en mettre certains à la rue.
Yanis JailletSecrétaire général de l'Union étudiante à Bordeaux
Dans un contexte de mal logement croissant et de difficultés financières, où un étudiant sur deux a déjà sauté des repas pour pouvoir payer son loyer, la décision de la présidente du Cnous vient "à contresens de ce que veulent les étudiants". Si les syndicats soulignent la nécessité de rénover les logements vétustes, il s'agit pour eux d'une justification "pas entendable".
"C'est au gouvernement d'investir dans le Crous, ce n'est pas aux étudiants de payer pour le désengagement de l'État, appuie Yanis Jaillet. Le problème du Crous, soi-disant, c'est qu'il n'est pas rentable. Mais ça tombe bien, il n'est pas fait pour être rentable ! C'est un service public."
Jusqu'à 250 euros de plus par an
Le secrétaire général de l'Union étudiante Bordeaux juge aussi "hypocrite" de considérer cette augmentation comme "un coût très modéré" : "La présidente prend en compte les APL dans son calcul, mais tout le monde ne bénéficie pas des APL, et puis tout dépend aussi du loyer de base." Le syndicat a lui calculé une augmentation qui pourrait aller jusqu'à 250 euros par an par étudiant.
#CDP | La fin du gel des loyers CROUS annoncé ce matin par @BDLYO est un nouveau coup pour la pauvreté étudiante ⚠️@gouvernementFR votre ligne est claire : investir dans la jeunesse n'est pas votre priorité ❌ pic.twitter.com/QDNbVdKMkZ
— FAGE (@La_FAGE) February 28, 2024
Une hausse des loyers après cinq ans de gel, alors que les étudiants avaient déjà vu leurs charges augmentées en septembre dernier, ce qui avait déjà eu des répercussions sur leurs loyers. Plusieurs organisations, comme l'Union étudiante ou la Fédération des Associations Générales Étudiantes (FAGE), ont déjà appelé les conseils d'administration des Crous à voter contre cette mesure localement.
Le gouvernement doit arrêter de considérer les étudiants comme la variable d'ajustement dans son budget.
Yanis JailletSecrétaire général de l'Union étudiante à Bordeaux
Les loyers sont votés dans chaque académie par les conseils d'administration des Crous. "On va mobiliser la fronde, pour que cette décision soit rejetée à Bordeaux", lance Yanis Jaillet. "Sur les sept représentants étudiants au conseil d'administration, six ont déjà annoncé voter contre. De toute façon, c'est un vote de raison : chacun sait pourquoi c'est dramatique d'augmenter les loyers en ce moment."
À Bordeaux, ce vote aura lieu le mardi 12 mars prochain. Mais on craint un passage en force du gouvernement pour faire appliquer cette hausse des loyers à la rentrée prochaine, même si la décision venait à être rejetée localement.