Blaye : privé d'évolution professionnelle, un salarié accuse la direction de Lidl de discrimination

Thierry B. est salarié chez Lidl à Blaye, en Gironde. Malgré ses demandes et ses bons résultats, sa direction lui refuse toute perspective d'évolution. Le jeune homme encourt désormais un licenciement. Soutenu par les syndicats, il se dit aujourd'hui victime de discrimination.

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Le tract a été distribué sur les parkings des Lidl de la Gironde mercredi 27 janvier. Signé par la CFDT, il dénonçe les méthodes de management de la direction régionale du groupe Lidl.

"Il ne fait pas bon, dans notre direction régionale, de violer la loi du silence et il n'est pas de bon ton, non plus, de contester les décisions arbitraires de nos dirigeants !", accuse le syndicat.

Le texte s'appuie sur l'expérience vécue par Thierry B*. Agé de 28 ans, salarié de Lidl depuis quatre ans, le jeune homme a le statut d'adjoint manager, et souhaite évoluer dans son entreprise. Il passe alors une journée d'évaluation, dans l'optique de devenir responsable de magasin. Il échoue, poursuit sur son poste en attendant de pouvoir retenter sa chance lors de la détection l'année suivante.

Privé d'évaluation

En mars 2020, alors qu'il se prépare pour sa nouvelle évaluation, un nouveau responsable des ventes intègre l'équipe. Ce dernier annule les journées de détections des salariés déjà planifiées. "Il nous a dit qu'il préférait faire la connaissance de ses équipes avant de nous envoyer en détection. Ce que je peux comprendre.

Depuis, les autres personnes qui étaient dans ma situation ont pu évoluer dans l'entreprise ou repasser la journée de détection. Quand je me suis manifesté, celà m'a été refusé. On m'a demandé de changer de magasin, et de refaire, encore une fois, mes preuves ".

On m'a bien fait comprendre que je ne devais pas refuser cette mutation,  car sinon j'allais, je cite 'crever à Blaye'.

Thierry B. salarié Lidl de Blaye

"Personne n'était au courant de mon arrivée"

Thierry doit prendre son nouveau poste au Lidl de Martillac le 2 janvier 2021. En novembre 2020, lors d'une prise de contact, les responsables de son futur site de travail l'informent n'avoir jamais entendu parler de sa venue.

"Le 28 décembre, à quelques jours de mon entrée en poste,  je suis allé sur place pour me présenter et voir mon planning. On ne voulait pas me laisser entrer, personne n'était au courant de mon arrivée", rapporte-t-il.

Lorsque Thierry parvient à consulter les plannings des semaines à venir, il découvre que son nom n'y apparaît pas. Thierry alerte alors ses différents responsables pour les informer de la situation, sans obtenir de réponse satisfaisante

Menace de licenciement

L'adjoint au manager reste en poste à Blaye, et voit rapidement sa situation se dégrader : à la mi-janvier, les excellentes notes de sa dernière évaluation annuelle sont révisées à la baisse. Elles ne lui permettent plus d'être éligible à la fameuse journée de détection.

Puis Thierry B. reçoit une convocation pour un "entretien préalable à une sanction disciplinaire pouvant aller jusqu'au licenciement".

"Ca fait vingt-deux ans que je suis chez Lidl, je n'ai jamais vu ça, s'indigne Simplice Gueu, délégué CFDT. Ils veulent juste se séparer de Thierry B. sans faire de bruit, parce qu'il a osé parler, et poser des questions sur une situation de discrimination".

Thierry B. avait pourtant toujours été bien noté lors de ses entretiens annuels. Il est par ailleurs régulièrement sollicité pour former d'autres salariés. "C'est en mars 2020, avec l'arrivée du nouveau responsable des ventes que le vent a tourné. Il m'a pris en grippe dès le début", assure-t-il

Discrimination

Le jeune homme, soutenu par les syndicats FO et CFDT dans ses démarches, rapporte une scène, qui s'est déroulée devant témoins : "Quand on m'a refusé de passer ma journée d'évaluation, j'ai demandé si c'était à cause de mon faciès. Le responsable des ventes m'a rétorqué que ce n'était pas le cas, qu'il arrivait de Meaux (en Seine-et-Marne) et qu'il avait l'habitude de travailler avec des étrangers", soupire le jeune homme. Mais moi je suis originaire de Guadeloupe, les outre-mers, c'est la France !"

Thierry B. dit se heurter à un plafond de verre. "Ils parlent d'un simple quiproquo. Je ne dis pas que c'est du racisme, je dis juste qu'il y a une discrimination, et que j'ai pu constater que les responsables noirs ou arabes sont rares dans la région".

"Il n'est pas le seul à être en souffrance dans le groupe, abonde Simplice Gueu. Beaucoup de salariés le sont aussi, mais ils n'osent pas parler. IIs se retrouvent à démissionner, à abandonner leur poste ou même à accepter des ruptures conventionnelles".

Il est temps d'alerter sur le fonctionnement de Lidl, qui ne respecte rien. Ils se foutent de l'après et ne craignent pas d'aller aux prud'hommes. Ils ont des avocats pour ça.

Simplice Gueu, délégué syndical CFDT

Enquête interne

Contactée, la direction régionale a répondu par mail à nos questions et affirme prendre  "très au sérieux ces allégations". "La diversité fait partie de l'ADN de Lidl France avec 105 nationalités représentées sur 40 000 collaborateurs.
L'évolution interne est un élément central de notre modèle avec 1500 évolutions internes par an avec changement de statut",  
écrit le directeur régional Ludovic Devos, qui précise qu'une enquête interne sur le cas de Thierry B. doit être menée par la Commission Santé Sécurité et Conditions de Travail.


Les syndicats ont demandé à la direction régionale de suspendre la convocation le temps de cette enquête. Thierry B., qui encourt donc un licenciement, est convoqué ce lundi  4 février.

* (le prénom a été changé)

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