Alors qu'il inaugure aujourd'hui la semaine de la Mémoire de l'esclavage à Bordeaux, le maire Alain Juppé s'est engagé à appliquer dans sa ville des propositions de la "commission mémoire", dont notamment la création d'une oeuvre mémorielle.
Elle fait partie des dix propositions proposées par la commission mémoire. Modeste Testas, ancienne esclave, incarne à elle seule tous les aspects de l’esclavage. Elle pourrait bien être la figure érigée par Bordeaux pour commémorer la mémoire des millions Africains déportés et mis en esclavage aux Antilles, car cette propositions a dores et déjà été retenue par le maire Alain Juppé.
Une histoire symbolique
Enlevée sur la côte est du contient, Al Pouessi est ensuite revendue en Afrique de l’ouest, avant d’être achetée cette fois par un esclavagiste implanté à Saint-Domingue François Testas. Le frère de ce dernier, Pierre, vit à Bordeaux, où il commercialise le coton et le sucre venus de la Caraïbe.Al Pouessi, prend alors le nom de son maître et est rebaptisée Marthe Adélaïde Modeste Testas. François Testas lui fait plusieurs enfants, et l’affranchit peu avant de quitter une île en pleine révolte. Modeste Testas part ensuite pour les Etats-Unis, et vivra jusqu’à 105 ans.
Les propositions de la commission
Une figure dont l’histoire est intimement liée à l’économie bordelaise, qui pourrait bien être prochainement honorée « dans, ou près de la Garonne » C’est en tout cas l’une des dix propositions faites par la Commission mémoire.Créée en 2016, présidée par Marik Fetouh, composée de Myriam Cottias, Carole Lemée, René Otayek, François Hubert et Yoann Lopez, celle-ci a présenté au maire Alain Juppé dix propositions pour « améliorer la visibilité et la pédagogie de la mémoire de l’esclavage au sein de l’espace public bordelais ».
Un prix pour les recherches universitaires
La ville est longtemps restée très discrète sur son passé négrier, à l’exception d’une plaque apposée aux Chartrons et d’un buste de Toussaint Louverture, exposé dans le square du même nom, rive droite.La commission mémoire, après deux ans de réflexions a également proposée d'autres pistes, comme notamment de renforcer le partenariat avec le rectorat, de créer un prix de la Ville pour les recherches universitaires sur l’esclavage ou la Traite, ou encore de renforcer les partenariats du musée d’Aquitaine avec des musées et sites liés à la Traite négrière.
L'importance du musée d'Aquitaine
"Bordeaux a fait du commerce en droite ligne entre Bordeaux et les Antilles pour aller vendre des denrées bordelaises et revenir avec des denrées coloniales, rappelle François Hubert, ancien directeur du musée d’Aquitaine, invité de l'édition Bordeaux Métropole le 2 mai"Bordeaux, dès 1740, est le premier port de denrées coloniales en Europe, et évidemment, ces denrées sont produites par des esclaves
En 2009, le musée d’Aquitaine avait inauguré des salles consacrées uniquement à l’esclavage. Sept cent mètres carrés qui, depuis leurs créations attirent beaucoup de curieux.
"Nous avons beaucoup de visiteurs originaires d'Afrique et des Antilles et qui ne venaient pas avant au musée, et qui viennent maintenant parce que c'est aussi leur histoire qui est racontée au sein de ce musée", précise François Hubert.
Revoir l'édition Bordeaux métropole consacrée à la semaine de la mémoire de l'esclavage
Des QR codes pour expliciter les noms de rues
Un autre sujet a longtemps fait débat à Bordeaux : plusieurs rues de la ville portent les noms de négriers ou d'esclavagistes. L'association Mémoires et Partage milite de longue date pour que des plaques explicatives soient apposées sous ces noms.C'est également une des propositions de la commission qui souhaite apposer sur les murs concernés des QR codes renvoyant à un site Internet pédagogique.
Six rues portant des noms d'armateurs ayant bénéficié de la traite sont concernées : Mareilhac, Gramont, Journu-Aubert, le Passage Feger, les rues David Gradis, (Pierre et Paul) Desse.
René Maran ou Edouard Glissant
Sont également proposés : la création d'un jardin pédagogique rassemblant des plantes "dont la production et le commerce sont liées à la traite", donner à des rues des noms d'abolitionnistes ou d'esclaves ayant vécu à Bordeaux, valoriser le square Toussaint Louverture ou encore mettre en place une campagne de communication pendant la semaine de la mémoire.Enfin, la commission envisage de donner le nom d'un auteur antillais à un équipement culturel d'importance. Les noms de René Maran ou Edouard Glissant sont notamment cités.