A Bordeaux, les commerçants du centre-ville demandent la création de Zones commerciales protégées, afin d'éviter le passage de cortège de manifestants à proximité des boutiques pendant les journées de forte affluence.
Verra-t-on bientôt des manifestations loin des boutiques du centre-ville de Bordeaux ? C'est en tout cas le souhait des commerçants, qui demandent à ce que les jours de forte affluence, les cortèges ne se retrouvent plus proches des commerces, ni sur les voies du tramway.
La manifestation officielle ne passait pas par Sainte-Catherine
Ce samedi, une manifestation contre la loi de sécurité globale a rassemblé 6 000 personnes selon la préfecture, 20 000 selon les organisateurs. Un long cortège qui a défilé pacifiquement sur les voies du tramway et dans les artères du centre, avant une halte sur Pey Berland pour la fin de la manifestation officielle.Une partie des manifestants a ensuite repris le défilé dans la rue Sainte-Catherine. C'est là que des casseurs s'en sont pris aux vitrines des commerçants, qui rouvraient ce samedi après quatre semaines de confinement, et incendié des poubelles.
Manifester loin du centre
C'est justement ce que veut éviter la Ronde des quartiers à Bordeaux. L'association de commerçants, demande, via les Commerçants et artisans des métropoles de France (CAMF) une modification des parcours de manifestation."Nous ne sommes pas contre le droit à manifester, bien au contraire, assure Eric Malézieux, directeur de la Ronde des quartiers. Mais certains jours, le cortège ne peut pas passer dans les zones commerciales du centre-ville".
Ces derniers mois, de nombreuses dégradations ont émaillé les différentes manifestations de Gilets jaunes, où de réformes contre les retraites, plombant l'activité de nombreux commerçants. A cette situation difficile se sont ajoutés deux confinements.
Samedi dernier, pour ce jour de reprise, les premiers retours des commerçants étaient bons : les gens avaient de l'appétence, et semblaient content de revenir dans les commerces du centre-ville. Mais cela n'a pas duré. A partir du moment où le tramway était coupé, ils ne pouvaient plus venir faire leurs achats.
Les commerçants souhaiteraient désormais que les cortèges des manifestations se déroulent en dehors des rues commerçantes, et aient plutôt lieu sur les quais. "Ce qui compte pour une manifestation, ce ne sont pas les dégâts commis sur les commerces, c'est le nombre de manifestants. En défilant le long de la Garonne, ils auraient tout autant de visibilité, assure Eric Malézieux qui doit être reçu en préfecture pour demander la création d'une Zone commerciale protégée.
La prefecture interdit l'hyper-centre
De son côté, la préfecture a rappelé ce lundi lors d'une conférence de presse avoir pris un arrêté pour interdire l'hyper centre, afin justement de protéger les commerçants samedi 28 novembre."Nous avons au préalable eu des échanges avec la CCI et la Ronde des quartiers, a précisé la préfète Fabienne Buccio. "Il y avait un engagement des organisateurs, qui avaient accepté assez facilement de modifier le parcours pour éviter le centre-ville à notre demande.
Ils ne pouvaient ignorer que c'était un jour particulier et symbolique pour les commerçants, mais ils ont souhaité maintenir la manifestation", a-t-elle ajouté.
Un dispositif "sur-mesure"
La préfète a par ailleurs souligné les difficultés de fixer de façon ferme et définitive un parcours précis pour les cortèges et le dispositif policier correspondant. "On ne peut jamais dire à l'avance ce que l'on va faire. Chaque cas est différent. Nous faisons du sur-mesure en fonction des prévisions du nombre et du genre de manifestation"On garde la souplesse de faire bouger le dispositif en fonction de ce que l'on détecte et du parcours. Je mentirais en vous disant que je peux déjà vous dire quelle sera la situation dans 8 ou 10 jours.
En revanche, nous discutons avec les commerçants,et les élus dans les jours qui précèdent chaque manifestation.
De la difficulté de différencier clients et manifestants
D'autant plus que, selon la préfète, interdire certaines rues aux manifestants serait impossible en terme de moyens et de cohérence. "Sanctuariser la rue Sainte Catherine, qui est coupée par une dizaine de rues, c'est tenir 26 points de filtrage, je ne pense pas que les clients viendraient dans ce cadre là", a de son côté avancé Patrick Mairesse, directeur départemental de la sécurité publique.Ce n'est pas marqué sur le visage des gens s'ils sont manifestants ou clients. Ce n'est pas non plus marqué s'ils sont manifestants "normaux" où s'ils ont envie de commettre des dégradations.