Toutes à l'abri est une association qui a pour but de créer un refuge de jour pour les femmes sans domicile fixe à Bordeaux. Hygiène, intimité et autonomisation sont au coeur du projet.
Deux sans abris sur cinq sont des femmes. Pourtant, "elles sont moins visibles que les hommes," explique Berthille Moreau-Printemps. "Être une femme dans la rue, c'est dangereux."Elle est la co-fondatrice de Toutes à l'abri, association bordelaise qui veut créer un 'refuge bienveillant' pour les femmes SDF.
Pour Berthille, créer un endroit où les femmes sans domicile fixe peuvent se sentir en sécurité à Bordeaux est une nécessité : "La condition de la femme est déjà difficile, d'autant plus si on est sans abri. Il y a peu d'associations qui répondent aux besoins primaires des femmes," soulève-t-elle.
Par besoins primaires, entendre l'hygiène et la sécurité. Dans les centres pour SDF mixtes souvent surpeuplés, difficile pour une femme de trouver l'intimité nécessaire pour se doucher, par exemple.
"Comme des morceaux de viande"
"Il y a beaucoup d'hommes dehors, et ça fait longtemps... quand ils nous voient arriver, ils nous regardent comme si on était des morceaux de viande," raconte Marie, ancienne militaire de 31 ans dans cette vidéo, publiée par Toutes à l'abri.
On y entend également d'autres témoignages de personnes sans domicile fixe. Elles relèvent de difficultés telles que trouver des toilettes, ou l'insécurité qui va de pair avec le fait d'être une femme seule à la rue.
Un refuge qui responsabilise
En équipements de base, le refuge proposée par Toutes à l'abri aurait besoin d'un espace douche, lave-linge, cuisine et lieu de vie. "Nous voulons un espace d'accueil où ces femmes auront aussi la possibilité de se responsabiliser : elles feraient elles-même leur machine, le ménage dans les douches, la cuisine..." projette Berthille. Ce, dans le but de leur permettre de vivre comme des "citoyennes à part entière".Manque plus qu'à trouver des locaux ! Berthille et Cathy, autre co-fondatrice de l'association, souhaitent un endroit situé en centre-ville : "C'est plus accessible, et c'est important que ce ne soit pas caché, que ce soit perçu comme quelque chose de totalement normal," soulignent-elles.
Un projet bien lancé
Collaboration avec d'autres associations, levées de fonds ou entretiens avec les responsables de la Métropole, tous les moyens sont bons pour mettre leur projet sur pied le plus tôt possible.
4 165 euros ont déjà été levés pour le projet grâce à une campagne de financement participatif. "C'est super, on ne s'attendait pas à toucher autant de
personnes !" s'enthousiasme Berthille.
Cet argent servira à garantir le sérieux de leur projet auprès de la Mairie et autres institutions, et à remettre en état et aménager le local dès qu'elles l'auront trouvé.