Avec 4 autres livreurs de Deliveroo, il a déjà roulé plus de 1000 kms entre Bordeaux et Paris pour dénoncer leurs conditions de travail. Mais l'entreprise britannique de livraison de plats cuisinés reste sourde à leurs revendications. Nouvelle étape : Londres Le bordelais Jérémy Wick y sera lundi.
Rouler, c'est son gagne pain. Jérémy Wick avale 3000 km par mois sur son vélo électrique. Depuis deux ans, il travaille pour Deliveroo. Mais l'été dernier, la société anglaise change, une nouvelle fois, sa grille tarifaire, obligeant ses livreurs, tous auto-entrepreneurs à rouler davantage, jusqu'à 30 kilmomètres de plus par jour pour maintenir leurs revenus. Trop, c'est trop. Le bordelais de 30 ans décide de passer à l'action. Presque sous forme de plaisanterie, il lance l'idée d'aller à Paris pour renconter les dirigeants de l'entreprise, ne trouvant pas d'interlocuteurs en Nouvelle-Aquitaine, explique-t-il :
A Bordeaux, ils ont juste une annexe. A chaque fois, nous avons été reçus dans un espace de co-working, et on se retrouvait face à des interlocuteurs qui nous expliquaient qu'ils n'avaient aucun pouvoir de décision, qu'ils allaient juste faire remonter l'information
Avec quatre collègues, il prend donc le départ le lundi 16 septembre depuis Bordeaux.
Leur projet est de parcourir plus de 1000 kms dans l'Ouest de la France. Ils ont prévu de faire plusieurs étapes à La Rochelle, Poitiers, Nantes, Rennes, Le Mans, Orléans.
Arrivés à destination le 24 septembre, les 5 livreux relaient leurs doléances auprès de la direction parisienne mais ils n'obtiennent pas satisfaction.
Ils rencontreront Jason Moyer-Lee, le secrétaire d'IWGB, l'Indépendent Workers Union of Great Britain. Le syndicat des travailleurs indépendants de Grande-Bretagne soutenait déjà les livreurs en Angleterre. Jason Moyer-Lee a clairement défié Deliveroo et Uber dans son pays.
Mardi, ils ont prévu de manifester devant le Siège de Déliveroo.
Selon Jérémy Wick, la direction française l'a contacté avec un accord de principe pour être reçu par l'équipe britannique.
Mais un porte-parole de Deliveroo France, contacté par téléphone, ne confirme pas cet accord de principe pour un rendez-vous.
Enfin mercredi, ils débrieferont avec Jason Moyer-Lee et organiseront de nouvelles actions.
"Pédaler ou crever"
Les deux Français soutenus par la CGT veulent que leur "rassemblement [soit]désormais international parce que la misère n'a pas de frontières".
Une pétition en ligne pour alerter sur leurs conditions de travail et "obtenir des conditions de travail décentes et fixes pour les livreurs auto-entrepreneurs" a rassemblé ce jour plus de 64 000 signatures.Dans son émission Cash Investigation du 24 septembre 2019, Elise Lucet a enquêté sur "ces géants de l'économie numérique" qui "pour faire tourner leurs applications", "emploient une armée de petites mains invisibles. Des travailleurs jetables, sous-payés, sans contrat de travail et sans protection sociale".
Brut résume, sur son site, le face à face tendu entre la journaliste de Francetélévisions et le responsable de la communication de Deliveroo.