Instauré depuis un an, le dispositif Skate(z) zen doit permettre aux skateurs et aux riverains bordelais de cohabiter. Depuis quelques jours, des médiateurs sont présents sur les places autorisées pour rappeler les règles. Des aménagements dédiés au skate sont envisagés sur certains secteurs.
Ils ont longtemps été en froid. D'un côté, les amateurs de skateboard, désireux de s'exercer sur les places de Bordeaux, et puisant leur inspiration dans le mobilier urbain.
De l'autre, les riverains de ces lieux de rassemblements, souvent exaspérés par les nuisances sonores occasionnées par les séances d'entraînement.
Horaires autorisés
Une époque désormais révolue : aujourd’hui, il n'est pas rare de voir les skateurs investir les places bordelaises, sans pour autant prendre la fuite dès qu'ils aperçoivent un policier municipal. La plupart savant qu'ils n'encourent plus de devoir se délester de 69 euros en cas de contrôle policer… s'ils respectent les règles.Car un règlement a été instauré : depuis février 2017, le skateboard est autorisé sur sept places de la ville, entre 11 heures et 20 heures, les mercredi et samedi. Ce dispositif particulier, Skate(z) Zen, est issu d'une collaboration entre mairie et skateurs.
Des médiateurs sur le terrain
Et pour s'assurer que le deal est bien respecté entre la ville et les amateurs de glisse, deux médiateurs ont été nommés. Tom Dick est l'un d'eux. Depuis quelque jours ce skateur de 23 ans effectue son service civique au sein de l'association Board'O. A charge pour lui d'assurer la tranquillité des relations entre riverains et afficionados de la planche à roulettes. Et d'expliquer inlassablement les contours du dispositif." J'essaie de faire en sorte que d'un côté, la pratique du skate soit mieux acceptée dans la ville. De l'autre, expliquer aux skateurs que bénéficier de deux jours par semaine pendant lesquels on a le droit faire du skate est une chance."
L'idée c'est de trouver un terrain d'entente pour que tout le monde s'y retrouve.
Dans la pratique, Tom Dick se rend sur les places prisées par les skateurs, échange avec tous, réexpliquant inlassablement le dispositif mis en place par la mairie. Le message est généralement bien reçu par les principaux intéressés.
"Les plus jeunes ne comprennent pas forcément la démarche. C'est normal, ils n'ont pas connu les interdictions de skate dans toute la ville. Mais globalement le message est vraiment bien respecté par la majorité des pratiquants".
Sensibilisation et concertation
Si Bordeaux peut s'enorgueillir désormais d'être un point central pour les skateurs européens, et toute en assurant une cohabitation entre riverains et skateurs, c'est en grande partie grâce à Léo Valls. Ce skateur professionnel a été un des premiers à sensibiliser la ville à la problématique. En 2016, il intervenait sur notre antenne pour dénoncer la pression mise par la mairie sur les amateurs de skate."On avait un collectif assez informel, et on a rencontré les élus, se souvient-il. On leur a expliqué qu'il n'était pas possible d'interdire complètement le skate dans la ville". L'idée germe alors de convenir de ce dispositif.
L'objectif étant de trouver un terrain d'entente, mais également de changer l'image du rider. "Ce ne sont pas des délinquants, insiste Arielle Piazza. Ce sont des acteurs urbains. Ils créent des lieux de vie en ville "."Ce sont des acteurs urbains. Ils créent des lieux de vie, en ville"
Ajointe au maire de Bordeaux, en charge des sports, l'élue municipale a œuvré avec Léo Valls à la mise en place de Skate(z) zen.
"Ils avaient besoin de vivre leur pratique dans un environnement qui leur correspondait, assure-t-elle. Nous devions les accompagner, dans le respect des riverains, des piétons, des personnes âgées… D’où cette volonté de proposer une médiation, plutôt qu'une interdiction brute, voire une sanction. "
En parallèle de cette médiation, le dispositif comprend également une adresse mail, afin que quiconque ayant des remarques puisse les adresser directement à la mairie.