Bordeaux : un conducteur de bus tente de se suicider et dénonce les conditions de travail chez Keolis

L’homme aurait été sauvé par les équipes de sûreté arrivées à temps. Le conducteur de bus avait juste avant sa tentative de suicide envoyé une lettre ouverte dans laquelle il dénonçait ses conditions de travail. Un drame qui intervient alors que les syndicats avaient déposé une alarme sociale le 23 août dernier.

Le drame a eu lieu vendredi 1er septembre à la mi-journée. "J’ai reçu un sms dans lequel il me disait "Adieu"", relate Mathieu Obry, secrétaire général de la CGT TBM Keolis. "J’ai vite alerté la direction, on a tout de suite commencé à le chercher". Le représentant syndical est encore sous le choc. "Je me dis qu’on est intervenu à temps et que sinon il y aurait eu un drame".

La direction, dans un communiqué, a indiqué que "l'état de santé du salarié est à ce jour rassurant avec une évolution positive". Elle a tenu à exprimer "la plus grande émotion face à cet événement dramatique". Elle apporte son "total soutien à sa famille et à ses collègues".

Le salarié qui a tenté de mettre fin à ses jours a été hospitalisé. Âgé d’une cinquantaine d’années, il exerçait la profession de conducteur de bus depuis plus de vingt ans. Il est décrit par ses collègues comme étant "sympathique, apprécié de tous, et pas du gendre à être dans le conflit".

Modifications des conditions de travail

Ses conditions de travail allaient être modifiées dès lundi 4 septembre dans le cadre du changement de réseau sur la Métropole. "Ce changement intervient suite à la prise de contrat de Keolis Bordeaux métropole mobilité", explique Pascal Escalle, secrétaire général FO, syndicat majoritaire chez Kéolis, "Jusque-là, nous avions une délégation de service public. Là, nous sommes passés à une entreprise à vocation de mission. Donc, nous changeons de forme, avec nouveau réseau de bus, pas de tram. Et cela arrive dans la précipitation avec un énorme manque d’information".

"Beaucoup de salariés ne s’y retrouvent pas. Nous alertons depuis le printemps".

Pascalle Escalle (FO)

Le conducteur qui a tenté de se suicider devait conduire sur une autre ligne que celle qui lui avait été jusque-là attitrée. Pour des raisons médicales, il bénéficiait d’un aménagement de ses conditions de travail. Celles-ci étaient au cœur d’une discussion avec la direction.

Selon la direction, "le courrier laissé sur place met en cause l’entreprise quant à l’affectation de son service aménagé, ayant une prescription médicale, qui était toutefois pleinement respectée". "Ce dernier ayant fait part d’une demande de modification, son dossier était à l'ordre du jour de la commission interne des services aménagés du 14 septembre, ce dont il était informé", conclut-elle.

 

Une alerte sociale émise par les syndicats le 23 août

"Ce drame arrive dans un contexte particulier", précise Mathieu Obry. "Je ne suis pas étonné que cela ait eu lieu. Le 23 août, on avait déposé avec tous les syndicats une alarme sociale sur les conditions de travail et le mépris humain dont fait preuve la direction. Pour vous donner un exemple, la direction a attendu vendredi 1er septembre 14h pour nous donner le nouveau réseau de bus mis en place dès le 4 septembre et les dispositions prévues pour la coupe du monde de rugby. C’est représentatif de leur manière de faire".

Pascale Escalle dénonce lui aussi un contexte très tendu ces dernières semaines. "Certains conducteurs n’ont pas encore roulé sur les nouvelles lignes auxquelles ils ont été affectés. En temps normal, ils conduisent avec conducteur titulaire à côté d’eux pour connaitre l’accidentologie du parcours et ses problématiques (présence de consulats, mairies, écoles ou déviations). C’était faisable une journée ou plus selon la ligne. Là ça s’est fait en Kangoo avec 5 personnes dedans. Certains collègues vont être perdus".

"Un travail important a été mené pour accompagner les salariés" (la direction)

La direction rappelle, ce dimanche 3 septembre, qu’elle a "depuis plusieurs mois, un travail important a été mené pour accompagner l’ensemble des 2800 employés salariés de l’entreprise à la mise en place du nouveau réseau TBM". "900 conducteurs sont concernés par des changements de service et ont été formés et accompagnés sur le terrain pour appréhender les futurs itinéraires. Pour cela, 90 tuteurs ont assuré la formation des conducteurs".

Enquête interne

Les représentants syndicaux ont déposé un préavis de grève le 1er septembre. Ils rappellent qu’à aucun moment, ils n’évoquent quelconque revalorisation des salaires. Ils attendent d’être reçus par la direction. "Il faut tout reprendre à zéro", avance Mathieu Obry de la CGT.

"On veut juste être reconnu dans entreprise et avoir des conditions de travail acceptables".  

Mathieu Obry

"Une enquête interne est déjà en cours par la direction de la responsabilité sociétale de l’entreprise de Keolis Bordeaux Métropole Mobilités", indique la direction.

"Nous demandons à être associés à cette enquête avec les moyens légaux du CSE, c'est-à-dire le CHSCT", indique Pascale Esacalle. "Le Comité d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail doit être associé pour que l’enquête soir paritaire".

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