Pas moins de 126 millions d'euros : voilà ce que la Région Nouvelle-Aquitaine va devoir trouver, dans son budget 2025, pour faire face à l'effort que lui impose l'État, massivement déficitaire. De quoi mettre en colère son président Alain Rousset.
L'annonce est tombée jeudi 10 octobre avec la présentation du projet de la loi de finances 2025 par le gouvernement Barnier. La Région Nouvelle-Aquitaine va être mise à contribution à hauteur de 126 millions pour soutenir le déficit colossal du pays. Interrogé par France 3 Aquitaine, le président de Région dit avoir ressenti "une colère liée à l'incompétence des membres de Bercy et des politiques. Il faudra assumer".
Bercy s'est trompé dans les recettes
Michel Barnier avait prévenu qu'il faudrait fournir un effort budgétaire inédit l'an prochain, pour faire face au dérapage massif du déficit public. Les collectivités locales vont devoir mettre la main à la poche de manière très importante. La Nouvelle-Aquitaine doit réaliser 126 millions d'économies, et elle a un mois pour trouver comment.
"Est-ce bien raisonnable ?" Alain Rousset s'interroge, lui qui ne décolère pas depuis cette annonce.
Nous ne sommes pas responsables de ce désordre et de ce déficit public.
Alain Rousset,président de région Nouvelle-Aquitaine
Dans la presse nationale, j'apprends que le gouvernement est alerté depuis décembre !" s'agace-t-il. "Bercy s'est trompé sur la prévision de recettes, notamment sur la TVA. C'est une catastrophe, tous ces personnages particulièrement formés et intelligents et les politiques derrière n'ont pas assumé".
La vraie raison de la dissolution
Alain Rousset fulmine. Et n'hésite pas à faire le rapprochement entre l'état du déficit public et la décision du président de la République de dissoudre l'Assemblée nationale en juin dernier.
"Les politiques n'ont pas assumé, à tel point que je me pose la question de savoir pourquoi Emmanuel Macron a vraiment pris cette décision que l'on pensait tous et toutes "farfelue" de vouloir dissoudre l'Assemblée nationale. Je pense que sa vraie raison, c'est sa connaissance des finances publiques, ne voulant pas l'assumer et refilant le bébé à une autre majorité. Reste que la nouvelle majorité est un peu semblable à la précédente", déplore le président de région.
Je pense qu'Emmanuel Macron a pris la décision de dissoudre, car il connaissait l'état des finances publiques et ne voulait pas l'assumer.
Alain Rousset,président de la Région Nouvelle-Aquitaine
Alors comment faire ?
"126 millions d'euros, c'est l'équivalent d'un an de fonctionnement des lycées, ou à 25 % de l'offre TER quotidienne, l'équivalent dans le budget des formations de sanitaires et sociales, c'est-à-dire des infirmières et des aides-soignantes, l'aide à domicile des personnes âgées, ce sont les aides aux entreprises et à l'emploi", énumère Alain Rousset
La Région, comme les autres collectivités locales, n'a pas le droit d'être en déficit, ni d'emprunter pour assurer son fonctionnement, comme peut le faire l'État".
La région doit être à l'équilibre et va devoir trouver des économies, ou faire des coupes sombres !
Alain Rousset,président de la Région Nouvelle-Aquitaine
>> VIDÉO. Voir l'interview du président socialiste de la région Nouvelle-Aquitaine du 11 octobre 2024 sur le projet de la loi de finances du gouvernement Barnier.
Le débat d'orientation budgétaire, qui devait avoir lieu lundi 14 octobre en séance plénière, est d'ores et déjà caduc. "Mais un débat aura lieu, on ne va pas se dérober et on va reprendre le budget, mais c'est catastrophique, encore une fois, à l'heure où il faut accompagner les agriculteurs et les entreprises qui sont en train de souffrir. Il faudra assumer et j'espère que le débat parlementaire permettra de régler ce problème", assure Alain Rousset.