Les congés menstruels reviennent à l’Assemblée. Après l’Espagne, certains députés français veulent, à leur tour, l'inscrire dans la loi. En Aquitaine, certains l’ont déjà instauré dans leur entreprise.
Poser un jour de congé, lorsque les règles se font trop douloureuses. Dans les rues de Bordeaux, l’idée fait l’unanimité. “Il y a des femmes qui souffrent de leurs règles, ont de l’endométriose et qui ne peuvent aujourd’hui pas être reconnues”, explique une jeune Bordelaise.
► Reportage J. Saccal et D. Roussel-Sax
Devoir choisir entre son travail et sa santé, le choix est pourtant souvent difficile à prendre.
Quand j’ai mes règles, je ne peux pas m’asseoir, je suis clouée au lit. La seule solution que j’ai trouvée, c’est de prendre un contraceptif qui m’empêche d’avoir mes règles. C’est horrible pour ma santé, mais je n’ai pas d’autres choix.
Une habitante de Bordeaux
Un jour de congé par mois
Ce constat, Jean Berthelot de la Glétais, l’a fait il y a deux ans. Il lance alors un média en ligne, Podcastine. Dans son équipe composée de plusieurs femmes, la question arrive rapidement. "On en a rapidement discuté avec nos salariés et les personnes concernées. La nécessité de ces congés est immédiatement devenue une évidence", explique le fondateur de Podcastine.
Pourtant ici, pas de chamboulement majeur, ni d’organisation complexe. Ce droit à un congé menstruel est inscrit dans le contrat de travail, à raison d’un jour par mois. Des congés que les personnes concernées peuvent prendre le matin même, sans justificatif médical, “un simple mail” suffit.
Motif de discrimination
Cette flexibilité n’est pourtant pas donnée à toutes les entreprises. Certaines associations féministes craignent d’ailleurs qu’une loi à ce sujet crée de la discrimination à l’embauche. Les femmes, absentes plus souvent que leurs confrères seraient alors moins productives. “Pas forcément vrai”, répond Jean Berthelot de la Glétais.
Quand un salarié est en souffrance, il est de fait moins efficace. Donc même si on réfléchit de manière cynique, en termes de rendements, l’impact de ces congés est infime. On peut répartir la charge de travail entre nous, ou l’employée peut aussi s’organiser en amont.
Jean Berthelot de la Glétais, fondateur de Podcastine
Le débat a refait surface dans l’hexagone le 16 février dernier avec l’adoption, au Parlement espagnol d’un projet de loi concernant ces congés menstruels. En Espagne, ces congés doivent être justifiés par un arrêt médical et seront remboursés par la Sécurité sociale.
Un événement européen qui a poussé le député de Dordogne, Sébastien Peytavie, ainsi que deux autres députées à annoncer l’ouverture d’un débat, dans l’hémicycle.
Après le PS en décembre dernier, le député a annoncé le mettre en place, dès le 1er mars prochain, au sein de ses équipes.