Coronavirus et confinement : Non, vous n'êtes pas fous

Angoisse, perte de repères, troubles du sommeil, les effets secondaires du confinement sont nombreux. Des cellules d'urgences psychologiques ont ouvert dans chaque département de Nouvelle-Aquitaine. Personnels soignants, personnes seules, ados, couples, familles peuvent trouver une écoute.

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Trente appels par jour. Des psychologues, des psychiatres, des infirmiers répondent au téléphone. La cellule d’accompagnement psychologique du Centre Hospitalier Charles Perrens est active depuis jeudi 26 mars, à Bordeaux.
Dix personnes se tiennent prêtes à décrocher le téléphone de 10 heures à 18 heures du lundi au vendredi. Des spécialistes formés à la gestion de crise et aux psycho-traumatismes. 

À l’autre bout du fil : les mêmes maux, effets secondaires du confinement. Et souvent les mêmes mots :

Angoisse, confinement, famille, couple, contamination...

égraine le Docteur Chantal Bergey, psychiatre, cheffe du pôle urgence au Centre Hospitalier Charles Perrens 

Aucun antécédent psychiatrique 

 Souvent, ils demandent s’ils ne sont pas fous ! On leur répond que c’est normal de ressentir des émotions différentes, des pertes de repères et de se sentir un peu confus.


La plupart des appelants ne font l’objet d’aucun suivi psychologique ou psychiatrique. 

Des gens qui se retrouvent seuls, sans aucun contact, totalement isolés et pour qui le confinement est très compliqué.
Docteur Chantal Bergey


Mais il y a aussi, des couples en difficultés, contraints de rester ensemble, confinés, avec des risques de violences conjugales
Des familles sous tension, à force de vivre constamment sous le même toit. 
Des parents inquiets du comportement de leur enfant, victime de troubles du sommeil, ou soumis à la pression des devoirs scolaires. 
Des problèmes de voisinage…

 

Au téléphone, les infirmiers, psychologues et psychiatres écoutent l’angoisse des confinés, mais aussi celle de ceux qui continuent à travailler.

En particulier des personnels des Ehpad, précise Chantal Bergey,  inquiets des risques de contamination, pour eux  pour leurs proches et pour les résidents 


La cellule d’accompagnement écoute, conseille, rassure.

Si les personnes le souhaitent, nous pouvons les diriger vers des psychologues ou psychiatres des hôpitaux Charles Perrens à Bordeaux, mais aussi Libourne, Cadillac dans le Sud-Gironde et des médecins libéraux volontaires. 
Quelques séances de soutien gratuites pourront leur être proposées.

Docteur Chantal Bergey.

 

Un risque de décompensation


La cellule d'écoute répond aussi aux appels de familles endeuillées. 
Que le décès soit lié ou non, au Covid 19, le deuil est, en cette période, une étape difficile :

Les conditions pour dire au revoir à un proche sont compliquées et les rites funéraires sont aussi perturbés.
Docteur Bergey. 

La psychiatre s’attend d’ailleurs à une forme de contrecoup, de décompensation :

L’impact psychologique de la crise n’est pas forcément immédiat. Des symptômes vont probablement apparaître à l’issue du confinement. Et peut-être même plusieurs mois après. 


Les plateformes d’appels d’urgences devront sans doute, rester actives lorsque les mesures de confinement seront levées.

En Nouvelle-Aquitaine, un dispositif de soutien psychologique a été mis en place dans chaque département avec des numéros spécifiques et une organisation différente en fonction du bassin de population et des moyens humains et techniques à disposition.


Une écoute dédiée aux soignants


Ainsi, en Gironde et dans la Vienne, des cellules d’urgence médico-psychologiques sont spécialement dédiées aux soignants : SAMU, Urgences, Services de réanimations ou de maladies infectieuses. Des personnels en première ligne dans la lutte contre le coronavirus. Des cellules habituellement déployées pour face face à des catastrophes comme des attentats, ou l'accident d'autocar de Puysseguin le 23 octobre 2015 en Gironde.

 


À Bordeaux, le Docteur Charles-Henry Martin, psychiatre référent Urgence médico-psychologique,  coordonne cette action.
Six personnes reçoivent les appels téléphoniques. Et une soixantaine de télé-consultants peuvent prendre le relai en cas de besoin.

Mais pour l’heure, les appels sont rares.

Pour l’instant, la vague de l’épidémie n’est pas arrivée dans la région, et les services hospitaliers ne sont pas en difficultés, ce qui explique le faible nombre d’appels, environ trois par jour.
Charles-Henry Martin


Sans attendre, les psychologues et psychiatres maraudent dans les services, et vont directement au contact des agents hospitaliers :

On les informe sur les symptômes psychiques, ou les risques d’épuisement professionnel. 


Pour ces personnels soignants, en contact quotidien avec le coronavirus, les inquiétudes sont souvent les mêmes, rappelle Charles-Henry Martin :

La peur de ramener le virus à la maison et de contaminer ses proches 


Une angoisse partagée, à des degrés divers, par tous les professionnels qui continuent à travailler malgré la pandémie. 

 
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