À 27 ans, Salim Ejnaïni enchaîne les concours de saut d'obstacle avec succès. Pourtant, il est non-voyant depuis ses 16 ans. Alors qu'il sort sa biographie "L'impossible est un bon début", rencontre avec ce cavalier hors du commun à Coutras, en Gironde, où il s'entraîne.
Qui a dit que monter à cheval en étant aveugle était impossible ? Salim Ejnaïni, lui, se rit de l'impossible et le dépasse. Non-voyant depuis 16 ans, il n'hésite pas à mettre le pied à l'étrier et à participer à des concours de saut d'obstacle. Pourtant, rien ne le destinait au sport équestre.
"Profiter de mon ressenti"
Né à Bordeaux en 1992, on lui décèle un cancer de la rétine à l'âge de six mois. Ce cancer lui prive de presque toute sa vue, il ne lui reste qu'un très léger restant visuel du côté droit. Lorsqu'il commence sa scolarité en région parisienne, il essaye plusieurs sports, avant de découvrir l'équitation à 12 ans. C'est le coup de coeur : Salim Ejnaïni veut monter à cheval, même s'il voit "comme dans une paille et flou", et que beaucoup de clubs n'ont pas les moyens de prendre en charge une personne mal-voyante.Finalement le jeune adolescent s'accroche, et décide de profiter des avantages que lui offre son handicap :
Rien ne va "m'attirer l'oeil". Que ça soit un élément extérieur, ou quelque chose que je vais essayer de comprendre sur mon propre cheval. Je vais vraiment profiter de mon ressenti jusqu'au bout.
La voix du cheval
Il participe à son premier concours au Jumping de Bordeaux en 2008, la même année où il perd totalement la vue. Depuis, il enchaîne les compétitions en Amateur, avec en point d'orgue sa participation aux Longines Masters de Paris en 2016, sous l'impulsion de Guillaume Canet.Aujourd'hui, il s'entraîne à l'écurie Flamme de Coutras, et est coaché par Fanny Poletto. Celle-ci a du s'adapter au handicap du cavalier, et devenir ses yeux. Elle le guide à la voix pour franchir les obstacles :
Au début il m'a ému, et puis en apprenant à le connaître, on est moins surpris. Ça devient normal.
Rapsody in blue
Mais tout cette aventure n'aurait pas la même saveur sans Rapsody, sa monture, avec qui il partage une complicité incroyable. Découvert quatre ans plus tôt, ce cheval belge s'est tout de suite adapté à l'équitation particulière de Salim Ejnaïni.Je ne crois pas qu'il ai conscience de ce qu'est la cécité. Par contre, à force de m'observer, de me connaître, je pense qu'il a compris qu'il y a des choses sur lesquelles il doit être plus attentif.