Place de la Victoire à Bordeaux, une cinquantaine de personnes, en majorité ukrainiennes, s’est réunie contre la politique de Vladimir Poutine qu’elle juge agressive. Tous craignent que leur pays d’origine soit envahi par la Russie avec un scénario similaire à celui de la Crimée.
"Cela fait bizarre, huit ans après, de ressortir la même pancarte : "Non à l’occupation russe", déplore Oleksandra Sergeieva. La présidente de l’association Ukraine Amitié est à l’origine de ce rassemblement place de la Victoire à Bordeaux, samedi 19 février 2022. En 2014 déjà, avant l’annexion de la Crimée, la jeune femme avait participé à des manifestations pour dénoncer la politique Russe. Et aujourd’hui, face à la menace d’une invasion de l’Ukraine, une cinquantaine de personnes est réunie pour "alerter le public français", souligne-t-elle : "L’opinion publique pèse. C’est important que la communauté internationale aide à se défendre car l’Ukraine ne peut pas toute seule. On craint que la Russie prenne d’assaut l’Ukraine comme avec la Crimée, en quelques jours."
Cette démarche difficile est importante aussi pour l’Europe. L’Ukraine est à la frontière entre l’UE et la Russie.
Olena BogdanovaUkrainienne et chercheure en neuroscience à Bordeaux
Cette chercheure en neuroscience à Bordeaux craint l’annexion de l'Ukraine par un régime qu’elle considère comme autoritaire : "C’est une agression qui n’a pas de base. Elle est juste le vœu d’une seule personne qui souhaite réinstaller son pouvoir sur un ancien territoire de l’Union soviétique. Notre pays va vers le développement, la démocratie. Nous voudrions aller dans la direction des valeurs communes, de l’Humanité." Installée en France avec son époux, et ses filles, elle tient fermement une pancarte : "Oui, il faut maintenir les sanctions". "Les sanctions économiques et sectorielles à l’encontre de la Russie", renchérit Volodymyr Bogolanov, son époux également chercheur à l’Université de Bordeaux.
Un problème politique
"L’Ukraine c’est mon âme. Je n’invente pas. J’aime l’Ukraine. La Crimée est ukrainienne. Stop la guerre. Ce n’est pas notre guerre. Va-t'en l’agresseur de la terre ukrainienne", traduit Natalia Lisovych en lisant sa pancarte. Installée aujourd’hui à Arcachon, elle est originaire de la Crimée. L’annexion de la région par la Russie en 2014 est la raison de son départ. "J’ai mal au cœur. La Russie détruit l’Ukraine. L’Ukraine doit faire ses propres choix." Des larmes coulent sur ses joues et l’empêchent de poursuivre. Depuis sept ans, Natalia n’est pas retournée en Crimée. Elle dit avoir peur d’y aller car elle est opposée à la situation politique en vigueur là-bas.
Je veux que la Russie stoppe. On a notre constitution, nos droits. La Russie est agressive contre l’Ukraine!
Natalia LisovychUkrainienne installée à Arcachon
Pour Oleksandra Sergeieva, le problème est politique. Ukrainiens et Russes n'ont pas de problèmes pour vivre ensemble. "Les gens et les langues se mélangent, souligne-t-elle. Mais il (Vladimir Poutine ndlr) ne reconnaît pas l’identité ukrainienne. C’est son discours. Pour lui c’est inimaginable que les ukrainiens aient leur propre identité."
Pour ce qui est de l’état d’esprit des Ukrainiens sur place, la présidente de l’association Ukraine Amitié indique que ses proches sont mitigés : "Certains sont confiants et ne croient pas à cette invasion mais d’autres sont inquiets et se préparent à ce qu’ils feront en cas de guerre. Certains font des provisions, des valises."
Nos proches sont inquiets. Ils se préparent pour se protéger en cas de bombardements. Il y a des cachettes en sous-sols qui datent de la seconde guerre mondiale et qui sont à nouveau prêtes.
Olena BogdanovaUkrainienne installée à Bordeaux, originaire de Kiev
Ce samedi 19 février, la France vient de recommander à ses ressortissants "dont le séjour en Ukraine n'a pas de motif impérieux" à quitter le pays.