Une femme a pris la tête du Parquet de Bordeaux : Frédérique Porterie qui a déjà occupé plusieurs postes en Aquitaine. Lors de son installation ce vendredi 8 novembre, l'augmentation de la délinquance et la réponse judiciaire ont été au coeur des discours.
" Bordeaux n'est plus la belle endormie comme on l'a connue il y a 30 ans." Tout juste arrivée dans la ville où elle a vécu dans les années quatre-vingt, lors de sa formation à l'Ecole Nationale de la Magistrature, le nouveau Procureur de la République Frédérique Porterie a fait part de ses observations. " Il y a de nouveaux phénomènes " et l'augmentation de la démographie l'explique en partie.C'est ce qu'a longuement pointé son prédécesseur. Comme il est de tradition lors de l'installation d'un nouveau procureur, il a dressé un état des lieux.
La délinquance a durci ces trois dernières années.
Olivier Etienne - Procureur par interim -
Cybercriminalité qui explose, chauffards en récidive, augmentation de la violence sur la voie publique avec ces agressions sexuelles, ou encore cette rixe mortelle qu'Olivier Etienne a relevé pour conclure à l'image de Bordeaux et sa métropole " écornée".
Le nouveau Procureur, Frédérique Porterie, a conforté cette analyse. Pour elle, tous ses interlocuteurs évoquent déjà "une délinquance à laquelle Bordeaux n'était pas habituée."Une évolution marquée
Le procureur par interim, Olivier Etienne, a souligné la problématique des " mijeurs", " ces jeunes majeurs se faisant passer pour des mineurs. "Des jeunes gens décrits par le magistrat agissant " sous l'effet de la faim, de la drogue, des psychotropes, parfois poussés par des réseaux organisés, et qui mettent en coupe réglée certains quartiers de Bordeaux dès la nuit tombée et qui s'aventurent désormais dans des zones rurales. "
Frédérique Porterie a pris la mesure de cette évolution et a pointé son objectif d'une réponse adaptée à chaque situation. " Tous les actes de délinquance ne méritent pas la même réponse pénale. "
Pour tous ces actes, elle appelle de ses voeux qu'ils soient plus rapidement pris en charge. " Si le parquet est avisé trop tardivement, nous ne répondrons ni aux attentes des citoyens, ni à celles des enquêteurs qui perçoivent l'utilité de leur action dans la réponse que nous apportons."
De son expérience en Espagne, où elle a été magistrats de liaison à Madrid, elle a d'ailleurs retenu l'action particulière en réponse aux violences conjugales, soulignant l'existence d'une juridiction spécialisée de l'autre côté des Pyrénées, et le dispositif d'éloignement du conjoint violent. " Le parquet se tiendra à disposition pour toute initiative sur le sujet ".
A Bordeaux, le tribunal a enregistré 120 000 plaintes et procès verbaux en un an, une activité soutenue et qui prend de l'ampleur.