Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, 285 femmes travaillant dans le monde politique, universitaire ou associatif ont demandé à « écarter les auteurs de violences sexuelles et sexistes » de la vie politique. La Girondine Julia Mouzon fait partie des signataires.
Julia Mouzon est une femme engagée. En politique mais pas uniquement. Aujourd’hui elle n’a pas de mandat. Celle qui a été n°2 sur la liste de Nicolas Florian aux dernières municipales aurait pu siéger dans l’opposition à la mairie de Bordeaux. Mais elle a choisi de se retirer. « Je ne m’opposerai pas, pendant les prochaines années, à un projet d’écologie politique qui correspond aux valeurs que je porte », affirmait-elle à l’époque.
« Nous exigeons que le monde politique prenne enfin en compte le mouvement #metoo » https://t.co/IBd6uuMRQd
— Le Monde (@lemondefr) November 15, 2021
La jeune femme tranche, se positionne. Et elle vient à nouveau de le prouver en signant la tribune parue ce lundi 15 novembre dans le journal Le Monde. Une prise de position qui semble aller de soi pour celle qui a créé en 2012 le réseau d'élues locales, une communauté qui compte à ce jour plusieurs milliers de femmes élues en politique.
« Allez ma petite Martine, ne sois pas timide »
« Quand j’ai fondé ce réseau il y avait déjà ces problèmes là avec très peu de femmes élues en politique », rapp<elle la jeune femme. « Ces dix dernières années, la part des femmes en politique a progressé. Mais il existe encore beaucoup de freins à leur engagement avec notamment les violences qu’elles peuvent subir, comme des remarques sexistes ou paternalistes, sans méchanceté mais qui font appel à des stéréotypes. « Allez ma petite Martine, ne sois pas timide », en est une. On les enferme dans des positions qui sont excluantes. Et cela va des remarques les plus légères, jusqu’à des agressions ou du harcèlement sexuel. Et tout ce panorama de violences que les femmes peuvent subir en entrant en politique sont un énorme frein à leur engagement ».
Les élections présidentielles et législatives en ligne de mire
Si cette tribune est sortie à quelques mois des élections présidentielles ce n’est pas un hasard. « L’ objectif est de mettre un coup de projecteur sur les hommes toujours en place, parlementaires ou députés, qui vont être candidats et qui pourtant sont mis en cause dans des questions de violences sexistes ou sexuelles, avec derrière une sortie de l'impunité », explique la diplômée de l’Ecole Polytechnique.
« Certains ont déjà été condamnés, certains ont été mis en cause, d’autres n’ont pas été condamnés car les faits sont prescrits », poursuit-elle. « On sait que 90% des victimes ne portent pas plainte. La bonne image pour parler de cette question c’est celle de l’iceberg.
Les personnes condamnées représentent le sommet de l’iceberg. On sait qu’il y a une immense partie des faits qui partent sous les radars.
"Ne rien laisser passer " et "être à son échelle un lanceur d’alerte"
Julia Mouzon a été conseillère à la Direction du Trésor, et a donc aussi mené la campagne de Nicolas Florian aux municipales. Elle est aujourd’hui toujours à la tête de réseau "Elueslocales.fr", et est également membre du Haut Conseil à l’Egalité entre les Femmes et les Hommes. Un CV conséquent pour la jeune femme qui a été sélectionnée par la Fondation Obama en 2020 pour faire partie du programme « Leaders : Europe ».
Moi, oui, bien sûr j’ai eu des remarques sexistes, très vulgaire ou déplacées.
Comment avez-vous réagi ? « Je pense qu’il ne faut rien laisser passer. J’ai dit à la personne que sa remarque était déplacée. J’ai tenu à souligner la prise de consciences, que des remarques dans un environnement politique ces commentaires sont très déplacés. Il faut être, à son échelle, un lanceur d’alerte ».
Avancer ensemble de façon constructive et ferme
Pour Julia Mouzon il faut «signaler aux partis politiques et groupes politiques qui vont orchestrer les candidatures aux élections que beaucoup de personnes attendent de ces candidatures qu’elles soient irréprochables ». "Dans mon réseau « Elueslocales .fr », on évoque bien évidemment ce sujet. On forme 1500 femmes tous les ans, et notre communauté compte plusieurs milliers de femmes élues. Nous avons des conversations informelles sur le sujets, mais aussi des réflexions plus construites sur sexismes. Et enfin, si des faits plus graves sont évoqués nous renvoyons vers des associations. Les mandats politiques, que ce soit au national ou en local, sont des mandats difficiles. Ils le sont encore plus pour les femmes élues.
Il y a donc un enjeu de solidarité consécutive et inclusive c’est-à-dire avec les femmes et les hommes. Il faut avancer de façon constructive et ferme sur le sujet. Il faut oser en parler quand on connait des agissements.
L’omerta plus grande dans le monde politique qu’ailleurs ? Je serais tentée de dire oui mais quand on voit ce qui se passe dans monde ecclésiastique ou celui du sport, on se rend compte qu’aucun milieu n’est épargné", dit-elle. "C’est systématique. Il faut avancer de manière collective ». Comme Julia Mouzon, plusieurs personnalités de la région ont signé cette tribune. Parmi elles, Dominique Blanchard (membre du conseil d'administration de la Maison des femmes de Bordeaux), ou encore Celine Goeury (conseillère départementale de la Gironde). Ensemble, elles exigent "que le monde politique prenne enfin en compte le mouvement #metoo".