Les 2èmes Assises d'Aquitaine sur les violences sexuelles faites aux enfants en milieux éducatifs et sportifs se sont tenues à Saint-Médard-en-Jalles ce week-end. Beaucoup de professionnels s'y sont rendus pour s'informer et apprendre à prévenir ces crimes qui touchent trop d'enfants.
Les assises
Au carré des Jalles plusieurs intervenants étaient là pour répondre aux questions d'hommes et de femmes qui travaillent tous les jours aux côtés d'enfants. Ils étaient nombreux à avoir des questions, il s'agissait donc de les alerter, les prévenir et surtout les guider. Des psychologues, éducateurs, professeurs, médecins...et autant d'interrogations.Ces assises étaient co-organisées par l’association Colosse aux Pieds d’Argile et la Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile (BPDJ) de Bordeaux-Mérignac, avec le soutien de la Direction régionale et départementale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale, la Ville de St Médard en Jalles et l’association Résiliences.
L'association Colosse aux pieds d'argile
Sébastien Boueilh est un ancien rugbyman. Aujourd'hui il est le président de l'association Colosse aux pieds d'argile créée en 2013. Cette même année ce gaillard gagnait son procès contre son ancien agresseur. Sébastien Boueilh a en effet été lui même violé entre l'âge de 12 et 16 ans dans le cadre familial. Aujourd'hui, il s'occupe de la prévention des agressions sexuelles sur les enfants dans le milieu sportif. Ainsi plus de 100 000 enfants ont pu être sensibilisés. Et 1500 témoignages de victimes (dont 1/3 dans le milieu sportif) ont été recueillis. Des témoignages qui sont cruciaux pour pouvoir lancer des poursuites judiciaires.La police évolue
Sans ces témoignages la police et la gendarmerie ne peuvent rien. Alors elles font elles aussi parallèlement un énorme travail de prévention. Par ailleurs elles ont su faire évoluer leurs méthodes. Avec le web bien sûr mais aussi en offrant aux enfants des salles plus adaptées à la situation. Fini les vieux bureaux bien impressionnants pour un tout petit lorsqu'il s'agit de "dire l'indicible". Des salles plus accueillantes et propices aux témoignages ont ainsi ouvert en France, on les appelle les salles Amélie.Parallèlement, le profil des gendarmes et policiers recueillant le témoignage des ces enfants a lui aussi évolué. A la Brigade
de la prévention de la délinquance juvénile on retrouve des professionnels ayant des doubles casquettes.
"Avec ces champs de compétences et ces regards croisés la prise en charge de l'enfant et de ses accompagnants se fait dans des conditions optimales pour avoir l'accueil et faire le travail de confiance nécessaire avant d'aller parler quasiment de l'indicible" explique l'adjudante chef Sonia Benbelaïd-Cazenave (psychologue et commandant de la Brigade de la prévention de la délinquance juvénile).
La Brigade de la prévention de la délinquance juvénile existe depuis presque 20 ans et dispose de 43 antennes en France. A Bordeaux, en 2017 on comptabilisait 250 témoignages d'enfants victimes d'agressions sexuelles. Un chiffre en hausse de 13 % . Mais difficile de savoir si cela reflète une augmentation des agressions ou une plus grande facilité à parler.
Une proposition de loi en préparation
Les membres de l’association Colosse aux pieds d'argile entendent présenter prochainement une proposition de loi pour mieux contrôler les mouvements des bénévoles condamnés pour des agressions sexuelles. Des dispositifs existent déjà pour les salariés des clubs mais rien pour les bénévoles alors qu'ils sont majoritaires dans le milieu du sport.Il pourrait s'agir d'une carte ou d'une licence que le bénévole obtiendrait uniquement après avoir fourni un extrait de casier judiciare et qui lui serait demandé si il vient à être en contact régulier avec des enfants.
Voyez le reportage avec les images de Nicolas Pressigout :