Huit jours après l'adoption de la loi immigration, étudiants et associations dénoncent un texte "raciste et xénophobe"

Huit jours après l'adoption par le Parlement de la loi immigration, les opposants aux textes se sont mobilisés jeudi 28 décembre, devant la préfecture de Gironde. Ils dénoncent un texte "raciste et xénophobe" qui contraint les étudiants étrangers à débourser des frais exponentiels pour poursuivre leurs études.

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"On n'est pas d'accord, on vit déjà une situation difficile, et là ça enfonce le clou." Comme Aboubacar Bah, ils sont nombreux à s'être rassemblés devant la préfecture de Gironde, ce jeudi 28 novembre. Une soixantaine d'étudiants, sous l'impulsion de l'Unef Bordeaux et d'une vingtaine d'associations, venus "dire non" à la loi immigration adoptée par le Parlement la semaine dernière. "Et encore, certains sont obligés de travailler et n'ont pas pu se déplacer ici..., pointe Aboubacar Bah, président de l'association des étudiants guinéens de Bordeaux, c'est révélateur des difficultés auxquels sont confrontés les étudiants étrangers." 

Une caution de retour

Près de 10 000 étudiants étrangers poursuivent leurs études dans la ville de Bordeaux, ce qui représente 12 % de la totalité des étudiants étrangers en France. Beaucoup dénoncent la mesure instaurant une caution de retour à tous les étudiants étrangers extracommunautaires (en dehors de l'Europe). Cette caution, dont le montant reste pour l'heure indéterminé, ne pourra leur être rendue qu'à leur retour dans leur pays natal, à la fin de leurs années d'études. Le paroxysme pour Aboubacar Bah, président de l'association des étudiants guinéens de Bordeaux. "Si j'avais dû payer cette caution qui pourrait aller jusqu'à 8 000 euros, je n'aurais pas pu venir étudier ici", souffle l'étudiant. "Quand on impose une telle chose, c'est une sélection des plus riches, c'est mettre la bourgeoisie au-dessus du mérite."

"C'est un non-sens total", abonde Clémence Delfaud, secrétaire de l'Unef Bordeaux. La représentante décrit cette loi comme "profondément raciste et xénophobe". "Comment les étudiants vont-ils trouver cet argent ?" , s'insurge-t-elle.

Amplifier la pression qui pèse sur les étudiants

Parmi les manifestants, Djibril Ndour, qui étudie le droit bancaire à l'université de Bordeaux. L'étudiant sénégalais rêve, "si on le lui permet", de devenir courtier en assurances. Selon lui, la mise en place de cette caution de retour va dissuader les étudiants à venir étudier en France. Ils vont désormais "préférer aller étudier ailleurs". "99 % des étudiants qui viennent d'Afrique ne peuvent pas se payer une telle caution", souligne-t-il.

Nous sommes déjà dans cette routine de stress et de pression, ajouter d'autres contraintes, c'est aberrant.

Aboubacar Bah

président de l'association des étudiants guinéens de Bordeaux (Ageebs)

D'autant plus que la loi prévoit également la multiplication par 16 des frais d'inscription en université qui, contrairement à aujourd'hui, ne pourra être détournée par les universités. Ainsi, pour Djibril, les frais d'inscription devraient passer de 243 euros à 3 770 euros pour le master si la loi immigration est appliquée l'année prochaine. Des nouvelles contraintes qui viendront directement peser sur le poids des étudiants. "On est déjà obligés de travailler pour payer nos études, avec 700 euros on parvient à peine à payer notre chambre, c'est ingérable." 

Des retards dans le renouvellement des titres de séjour des étudiants

Dans la foulée du rassemblement, les associations ont pris rendez-vous avec la préfecture pour témoigner des retards de traitement dans le dossier des étudiants étrangers. "Certains étudiants passent leurs examens sans titre de séjour à cause des difficultés d'accès à certains services préfectoraux", insiste Clémence Delfaud, de l'Unef Bordeaux.

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La manifestation s'est déroulée devant la préfecture de Gironde. ©Julie Chapman France 3 Aquitaine

"La majeure partie des étudiants n'ont qu'un titre de séjour annuel, détaille l'étudiant Djibril Ndour. Chaque année il faut le renouveler, et parfois, tu peux rester deux mois sans avoir de nouvelle de la préfecture."  Faute de démarches suffisamment rapides, Lisa*, qui est en première année de droit matrimonial, a été licencié de son job étudiant. "Mon responsable m'a obligé à suspendre mon contrat car j'étais en situation irrégulière. J'ai dû attendre plus de trois mois", regrette-t-elle.

Durant ce bref moment où ton titre de séjour n'est pas renouvelé, tu vas rester chez toi comme prisonnier car il y a des contrôles en ville tout le temps.

Djibril Ndour

étudiant en master 1 de droit à Bordeaux

Les associations prévoient déjà une nouvelle manifestation début janvier. 

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