Un jeune couple de Carcans en Gironde a été arrêté fin décembre en Espagne. Ils projetaient de "sacrifier" leur fils de 5 ans dans le Sahara, le croyant "possédé". C'est la stupéfaction dans le Médoc, où le couple avait ouvert une école de musique.
L'information avait été rendue publique samedi 30 décembre, en pleine période de fêtes de fin d'année, par les autorités espagnoles.
La Guardia civile avait arrêté en Andalousie, un "couple d'origine française" qui avait "l'intention d'assassiner dans le Sahara leur fils de cinq ans car ils le croyaient possédé", voulant ainsi le "sacrifier". Les forces de l'ordre ont même publié une courte vidéo sur le réseau X.
#OperacionesGC
— Guardia Civil (@guardiacivil) December 30, 2023
Detenido un matrimonio en búsqueda y captura en el Puerto de Algeciras que viajaba al Sáhara con su hijo secuestradohttps://t.co/VBwyCX7hK3 pic.twitter.com/sgyk82EXfU
L'arrestation avait eu lieu le 21 décembre dans le port d'Algésiras, dans le sud de l'Espagne, alors que la famille était sur le point d'embarquer en voiture dans un ferry pour Tanger au Maroc. L'enfant a été retrouvé en bonne santé et a été envoyé dans un centre d'accueil pour mineurs en Espagne avant son retour en France.
Problèmes psychiatriques
La famille vivait en fait dans la petite commune de Carcans, en Gironde, indique ce mercredi 3 janvier le maire Patrick Meiffren, confirmant les révélations de nos confrères de Sud-Ouest.
Je suis tombé de ma chaise quand le sous-préfet m'a appris tout cela le 21 décembre.
Patrick MeiffrenMaire de Carcans
"Le couple a parlé de ce projet à une amie qui a ensuite contacté la gendarmerie", poursuit l'élu. Les deux parents avaient des "problèmes psychiatriques" et faisaient l'objet d'un mandat d'arrêt européen pour "enlèvement de mineur", a ajouté la Garde civile dans un communiqué.
"C'est vrai que le père avait eu récemment des problèmes de santé. Lors de la tempête Ciaran (du 1er novembre 2023), il avait disparu et avait été retrouvé nu dans une forêt dans le Médoc. Il avait ensuite été hospitalisé au centre hospitalier Charles-Perrens. On pouvait avoir des discussions vives avec lui et il s'enflammait parfois mais ça retombait vite. Sa femme était très appréciée, douce et compétente. Ils étaient bien intégrés", ajoute Patrick Meiffren.
École de musique
Les parents, Florian L. âgé de 39 ans et Marie L., 30 ans, sont bien connus dans la commune après avoir ouvert une école de musique, le CEM (centre d'enseignement musical) en 2014, dans le bourg de Maubuisson. D'après le maire, elle a compté jusqu'à 250 élèves qui prenaient des cours de chant, de piano ou de batterie.
Le couple avait donné aussi des cours de ukulélé via les réseaux sociaux pendant le confinement de 2020. Ils proposaient encore une initiation à cet instrument l'été dernier, les pieds dans l'eau, sur la plage de Bombannes, au lac de Carcans. Des cours ont eu lieu dans l'école jusqu'aux fêtes de fin d'année, avec les trois autres intervenants de l'établissement. Les parents d'élèves espèrent que les enseignements du CEM se poursuivront, sans garantie à ce stade.
Ce matin, à Maubuisson, les réactions sont contrastées. "C'est incroyable d'entendre ça. Je croisais le couple qui habite à Carcans-ville. Tout se passait bien avec leur école", dit un habitant. Une habitante est beaucoup moins surprise. "On pensait qu'ils n'étaient pas très nets dans leurs têtes. Certains parents ont retiré leurs enfants de l'école de musique. De là, à laisser son enfant dans le désert, il faut être désaxé", réagit-elle.
Enquête pour enlèvement
Les deux suspects ont été placés en détention provisoire par un juge en Espagne.
La justice française suit de près cette situation. Le parquet de Bordeaux indique qu'une enquête a été ouverte dès le 19 décembre "suite à l’appel d’une requérante s’inquiétant pour le fils d’un couple d’amis".
Le père tenait des propos délirants et envisageait de se rendre au Maghreb en compagnie de sa femme et de leur fils pour procéder à une forme de parcours initiatique.
Parquet de BordeauxCommuniqué
Le parquet a ensuite ouvert une information judiciaire le 20 décembre pour "arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d'otage mineur de 15 ans pour faciliter un crime ou un délit" à l’encontre du couple.
"Si la mère est inconnue de la justice, le père est connu de l’institution judiciaire mais pour des faits anciens sans lien avec les faits aujourd’hui reprochés."
L’enquête a été confiée à la brigade de gendarmerie de Lesparre et à la section de recherche de Bordeaux. La mobilisation franco-espagnole a permis d'arrêter le couple, in extremis avant le départ pour le Maroc.
Le parquet indique ce mercredi que les deux parents sont toujours incarcérés en Espagne et qu'une procédure d’extradition est en cours.