Depuis le 11 mai, le marché de l’immobilier en Aquitaine est en plein essor. Entre possibilités de télétravail et besoin d’espace, les demandes se multiplient partout dans la région.
En pause depuis plusieurs mois, le marché de l’immobilier a repris un rythme effréné dès le déconfinement. Une situation prolifique que les agents immobiliers n’avaient pas connue depuis des années. "Le confinement n'a pas attaqué le moral des acquéreurs, ni celui des vendeurs. Mais pour l’instant, la limite des 100 km freinait encore certaines ventes. C’est maintenant que l’on va voir véritablement l’ampleur de la demande", explique Thierry Guérin, président de la FNAIM de Gironde.
La reprise des activités de l'#immobilier se fait aussi au sein de notre #Fédération avec le retour dans nos locaux du Président @jmtorrollion et de nos collaborateurs ds un fonctionnement mixte alternant télétravail et présence physique. La FNAIM est plus que jamais au travail ! pic.twitter.com/GjYCE0orik
— FNAIM (@FNAIM) June 4, 2020
La métropole bordelaise, toujours attractive
Déjà très prisée par de nombreux urbains, la métropole bordelaise semble attirer encore plus de clients depuis le déconfinement. "Bordeaux Métropole attire toujours du fait de ses projets économiques et son aménagement du territoire. Mais c’est également le cas sur tout le Médoc, entre Arcachon, Andernos et la Métropole. Du côté de Libourne, c’est plutôt la réfection totale du réseau de transports qui est un véritable atout", énumère Thierry Guérin.
Dans les agences immobilières, les demandes se multiplient, pour des visites ou des achats. Si la demande est encore très locale, celles des Parisiens, particulièrement, sont de plus en plus nombreuses. "À Paris, mes confrères ne font quasiment aucune vente. Ici, 60 % de notre clientèle est parisienne. C’était déjà le cas avant, mais désormais, ils cherchent plus activement", explique Thibaud Kajpr, directeur associé d’Espaces Atypiques Gironde.
Dans la métropole bordelaise, si le besoin d’espace se fait sentir, il n’y a pas vraiment de différence entre les logements urbains ou en périphérie. "Il y a en effet un besoin de sortie, comme un jardin, une terrasse ou un balcon beaucoup plus présent qu’avant, mais la métropole reste toujours aussi attractive", note Thierry Guérin.
"Du jamais-vu depuis 2017"
Et même dans les secteurs de niche, la reprise est intense. "Nous avons conclu la huitième vente en deux semaines, c’est du jamais-vu depuis 2017", se réjouit Thibaud Kajpr.
Pour ces biens atypiques, la demande semble aussi avoir changé pendant le confinement. "Il n’y a pas vraiment de tendance sur la localisation des logements. En revanche, les personnes cherchent des surfaces plus grandes, et agréables. Il est notamment plus souvent question d’espaces verts. Pour cela, ils sont plus enclins qu’avant à s’éloigner de l’hyper-centre", constate le directeur associé d’Espaces Atypiques Gironde.
Et contrairement à certaines craintes annoncées, les prix restent stables. "Nous avions déjà avant le confinement des prix maîtrisés et les acquéreurs ne cherchent pas à faire baisser les prix", explique Thibaud Kajpr.
"C’est dingue, on est plus qu’actifs"
D’autres secteurs, moins identifiés que la métropole bordelaise ou le Pays Basque, lui aussi en plein essor, ont connu une reprise intense. C’est le cas dans les Landes, où la demande, plus locale, revient. "Ce sont surtout des rattrapages du retard liés au confinement. Il y a ceux qui n’ont pas pu finaliser leurs projets et le reprennent et ceux qui cherchent tout le temps, notamment à cause de mutation", explique l’agence Era, à Mont-de-Marsan.
À Bergerac, en Dordogne, la demande a aussi explosé. "C’est dingue, on est plus qu’actifs en ce moment, les demandes viennent de partout. On pensait que la crise allait détériorer le marché et finalement, c’est tout l’inverse", se réjouit l’agence Century 21 de la commune.
Dans le Béarn, le secteur retrouve aussi son dynamisme. "On a eu une grosse reprise, avec beaucoup de demandes. Les personnes avaient des projets à concrétiser, ils s’en occupent maintenant. Je m’y attendais un peu, mais une demande aussi concentrée, je n’en avais jamais connue", explique Aymeric Anies, directeur de l’agence Orpi à Oloron-Sainte-Marie.
L’agence scrute désormais du côté des entreprises d’aviation, très présentes dans le secteur. "On craint que les licenciements et les plans de départ ne ternissent un peu cette reprise. On reste vigilants", assure Aymeric Anies.
Un retour sur les chapeaux de roues, qui se heurte cependant, à la reprise plus lente, dans certains secteurs. "Il y a encore des freins du côté administratif, notamment des études notariales qui sont submergées", regrette Thierry Guérin.
Télétravail et investissement : les conséquences du Covid
Si pour certains, l'enfermement a été un facteur clé pour déménager, beaucoup avancent la possibilité, plus grande aujourd’hui, de télétravailler. "En Gironde, le phénomène d’embellie existe depuis plusieurs années, mais le confinement a mis en évidence la possibilité du télétravail, qui peut aider certains à déménager, plus loin de leur lieu de travail", explique Thierry Guérin.
Même son de cloche du côté du Béarn, où le télétravail a modifié les demandes des clients. "Aujourd’hui, les acquéreurs regardent surtout le réseau mobile et le débit internet. Ils analysent aussi les accès aux gares, et aux aéroports", explique Aymeric Anies.
Le confinement a aussi été le moment, d’une remise en question de nos rythmes de vie. Pour certains, qui ont perdu leur placements boursiers avec le Covid, l’immobilier redevient un secteur attractif. "L’immobilier est plus que jamais une valeur refuge. Le confinement a montré que cette vie à très court terme n’était plus possible. Et l’immobilier entre tout à fait dans cette réflexion, avec notamment des rendements locatifs dans un premier temps, puis une aide à la retraite, dans un temps plus long", analyse le président de la FNAIM de Gironde.
À Oloron-Sainte-Marie, les investissements immobiliers sont aussi en plein essor. "Ce sont principalement des locaux, des artisans ou des personnes qui avaient de gros revenus et qui ont perdu en bourse. Ils réfléchissent désormais à investir dans le locatif", reconnaît Aymeric Anies. Ailleurs, si la demande n’explose pas, elle se maintient, comme en Lot-et-Garonne. Signe que la pierre est sortie encore plus solide du confinement.