L'avenir du service des Urgences de l'Hôpital Saint-André dans le centre de Bordeaux, est-il menacé ? Les syndicats s'en inquiètent. Face à la saturation du service et au manque de personnel, la direction du CHU envisagerait des regroupements.
La rumeur court depuis plusieurs jours. L’un des deux services d’urgence du CHU de Bordeaux pourrait fermer. Celui de Pellegrin ou de l'hôpital Saint-André, faute de personnel. Il manque aujourd’hui 30 % des médecins urgentistes et la direction cherche des solutions. Mais officiellement, le CHU de Bordeaux dément toute décision radicale.
C’est ce qu’elle a fait savoir dans un communiqué, sans davantage de précisions. "En prévision de la période estivale, et dans un contexte de tension sur le système de santé, des pistes d’organisation sont actuellement travaillées. Plusieurs scénarios sont à l’étude pour optimiser les ressources médicales et réorganiser l’activité en vue d’importants travaux de rénovation du service des urgences de Pellegrin. Le CHU de Bordeaux tient à rappeler que quel que soit le scénario qui serait retenu, la permanence des soins, les missions de recours, les activités du SAMU et celles des urgences sont systématiquement maintenues."
Le site de Saint-André dans la ligne de mire
Pourtant, les syndicats sont persuadés du contraire après les deux réunions de crise organisées jeudi 9 et vendredi 10 mars avec le service des urgences de l’hôpital Pellegrin et celui de Saint-André.
Pascal Gaubert, est secrétaire général FO au CHU de Bordeaux. "On a rencontré la direction vendredi. Ils nous ont affirmé qu’il y avait un scénario. C’était l’un ou l’autre. C’est pour ça que l’on a mis en place un préavis de grève pour mettre la pression sur la direction. Un scénario va tomber. Il faut que l’on informe les agents qui ne savent pas ce qu’il va se passer pour le roulement. Qui va aller où ? On ne s’occupe pas de la vie privée des agents et puis ils n’ont pas forcément envie de partir. Pareil pour les médecins".
Selon les syndicats, le site des urgences de Saint-André serait visé. Il pourrait voir ses portes fermer pour une durée d’environ six mois, dans le cadre d’un regroupement d’activités. "C'est une structure d'urgence qui fonctionne bien, qui est à taille humaine, ils sont prêts à faire des efforts supplémentaires pour prendre des gardes. Si Saint-André ferme, ça sera compliqué d'autant qu'à Pellegrin, on a perdu des médecins, les plannings sont difficiles à réaliser" détaille Gilbert Mouden, infirmier-anesthésiste du syndicat Sud Santé.
"Ce que l’on craint, c’est que l’offre de soins s’amenuise de plus en plus pour nos patients, souligne Pascal Gaubert.
Si les urgences de Saint-André ou de Pellegrin ferment, c’est quasiment presque la moitié de la population qui ne sera plus prise en charge. Quid de la fuite en avant des personnels ?
Pascal Gaubert, secrétaire général FO au CHU de Bordeauxà rédaction web France 3 Aquitaine
Préavis de grève pour le 21 mars
Et d’ajouter : "la direction générale ne s’en préoccupe pas. On a déjà un mode dégradé au niveau des urgences de Pellegrin avec le filtre des patients et la fermeture à minuit et là, si on ferme une urgence au niveau du pôle CHU, c’est la plate-forme du territoire. Ca va être catastrophique pour nos patients et pour nos personnels !"
Une situation jugée catastrophique, mais pas surprenante. "Faute de médecin, partis les uns après les autres, dépités de ne plus faire de la médecine, mais de passer leur temps à faire du Tetris, avec les patients les plus vulnérables, faute de lit, mais aussi faute de paramédicaux, la crise des vocations étant passé par là", note le syndicat FO.
" La culture du travail à la chaîne imposé à l’hôpital a fini par éliminer les vocations, et la passion laisse place à une grande démission dans le milieu de la santé, et parfois un dégoût des conditions dans lesquelles ils exercent au quotidien. "
Les syndicats FO CHU, CGT Pellegrin et Saint-André ont déposé un préavis de grève illimitée, à compter du 21 mars "par principe, afin de responsabiliser la direction du CHU et l’ARS".
La fermeture d'un service d'urgence réduirait les possibilités de prise en charge. Pour Gilbert Mouden "il faudra placer ailleurs des patients, on ne pourra pas les prendre en charge avec des temps raisonnables. Déjà que des fois le temps de prise en charge atteint huit à dix heures ! Sur une situation dégradée, ce sont les structure privées qui vont être impactées par un afflux de patients".
L’Agence régionale de santé, que nous avons sollicitée, n’a pas souhaité réagir à cette situation.