J’ai passé mon examen à la maison ! Des étudiants de Bordeaux racontent

Coronavirus oblige, l’Université de Bordeaux-Montesquieu organisait hier vendredi, des examens à distance. Une première pour les étudiants, habitués au cadre strict d’une salle d’examen. Ils nous racontent comment ils ont vécu cette épreuve, confinés chez eux. 

«Expliquez la récente baisse du chômage en France» 
Il est 15h. Le sujet s’affiche sur l’ordinateur. 
Une question d’actualité accompagnée de quelques tableaux et graphiques. 



Les étudiants d’AES, administration économique et sociale ont trois heures pour répondre et renvoyer leur production sur la plateforme moodle ou par mail en cas de problème informatique. 

Ils sont plus de 200 confinés chez eux, seuls devant leur écran. 

La macroéconomie est l’une de leurs principales matières avec le droit. Cet examen comptera en contrôle continu à hauteur de 60% de leur note finale. Il ne faudrait pas rater cette épreuve comme le relève Lucas : 

Nous avions déjà réalisé quelques contrôles sur la plateforme Moodle, mais c’était la première fois que l’on passait quelque chose d’important comme un examen blanc.

Chacun s’est donc isolé comme il a pu. 

Anais a choisi le bureau, au calme. Mais le cadre, en apparence plus décontracté, l’a quelque peu déstabilisée. 

Je me sens privilégiée. Notre maison est grande et ma famille a essayé de ne pas faire trop de bruit.  Mais c’était hyper difficile. Toute ma  scolarité, j’ai été habituée à passer mes examens dans une salle où des professeurs vous surveillent avec une horloge en face de nous. A la maison c’est plus difficile de se concentrer. On n’a pas la notion du temps. On a moins la pression de l’horloge. 



Dans sa chambre à la décoration cocooning, Emma s'est mise à l'aise sur son lit mais l’environnement était plus bruyant. Elle aussi a eu du mal à se concentrer : 

Un examen à la maison, c’est beaucoup plus compliqué que si on était en cours. La concentration n’est pas la même, il y a beaucoup plus de distractions. Nous sommes cinq 5 à la maison, ça fait pas mal de bruit. 
Il y aussi plus de stress notamment au moment de récupérer le sujet ou de le déposer car toute une promotion qui se connecte en même temps fait bien évidemment saturer le site. 



Enfermé dans sa chambre, Lucas était plus serein 

Nous étions peut-être plus rassurés car nous avions plus de ressources à disposition en cas de difficulté (cours, internet...). Mais je préfère les épreuves habituelles car là nous n’étions pas réellement en conditions d’examen et nous sommes donc moins préparés pour de futurs concours ou épreuves sur table. C’était difficile aussi de se concentrer car chez soi, les distractions sont beaucoup plus nombreuses et on peut vite décrocher pendant l’épreuve.

Cet examen, ils auraient dû le passer le vendredi 13 mars, trois jours avant l’annonce du confinement par le Président de la République. Ils ont appris qu’il était reporté alors qu’ils étaient déjà assis dans la salle d’examen. 

L’équipe pédagogique de l’Université Bordeaux Montesquieu s’est alors organisée : 
Envoi de cours, de vidéos de diapositives commentées, d’exercices à rendre. Jusqu’à ce premier examen à distance d'abord pour maintenir les étudiants dans une démarche d'apprentissage explique Christophe Carrincazeaux, professeur universitaire à Bordeaux IV : 

"Nous avons choisi de reporter cet examen et de le réaliser à distance non pas par obsession de l'évaluation, mais bien plus pour maintenir nos étudiants dans une situation d'apprentissage et garder un contact pédagogique. Notre premier souci a été, dans l'urgence, de mettre en place tout ce qui était possible pour que nos étudiants continuent à étudier !"

L'Université a planché pendant une semaine pour mettre au point le dispositif informatique et résoudre les problèmes qui se présentaient :

Le plus difficile a été de réorienter nos outils numériques, traditionnellement conçus comme un accompagnement à nos pratiques pédagogiques en face-à-face, vers un outil de travail à distance et "en masse" si vous me permettez l'expression. 
Ceci a généré deux types de difficultés. Pour l'équipe et l'ensemble des collègues, nous avons dû apprendre et mettre en place en quelques heures des outils souvent nouveaux avec toutes les difficultés habituelles de maîtrise avancée de ces outils. 
La deuxième difficulté a été technique. Les services informatiques de l'Université ont dû gérer une augmentation brutale des connexions à notre espace numérique de travail, le rendant par moment inaccessible. Ce souci a été réglé en seulement 24 à 48h. 


De leurs côtés, Les élèves aussi ont fait preuve de sérieux. Avec un taux de participation de 100%. Ce qui leur a valu un courriel de remerciement de la part de leur professeur, Christophe Carrincazeaux : 

Leur comportement a été exemplaire et a largement dépassé nos attentes... L'examen s'est déroulé dans des conditions remarquables : aucun message nous informant de difficultés de réception du sujet, 100% de remise à l'heure indiquée (il manquerait une "copie" sur 215 attendues). Reste maintenant à évaluer leur production... pour les orienter et les accompagner dans leur travail personnel, c'est là le plus important.


Mais pour les prochains examens Anaïs, Emma et Lucas espèrent les passer dans des « conditions normales » pour pouvoir se tomber dans les bras, après l’épreuve, et partager leurs déceptions ou satisfactions devant la grille de la Fac. 




 
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