Ils n'ont désormais plus le droit de vendre les fleurs ou feuilles brutes de chanvre. Ce qui représentait 70% de leur chiffre d'affaires. Ils redoutent des faillites en chaîne et comptent attaquer l'arrêté d'interdiction devant le Conseil d'Etat.
"Personne ne s'y attendait" affirme François Pillet, un buraliste de Gironde qui s'est lancé dans le commerce du CBD il y a un an. "Que ce soit dans le monde des buralistes ou dans celui des shops. C'est le cadeau de la nouvelle année" dit-il amer. "Les fleurs représentent une très grosse source de rentabilité, je vais perdre la moitié de ma marge mensuelle" affirme t-il. "Je vais certainement devoir licencier une personne, je ne vais pas pouvoir continuer comme ça avec mon équipe".
Voilà la phrase qui révolte l'union des professionnels du CBD. "Sont notamment interdites la vente aux consommateurs de fleurs ou de feuilles brutes sous toutes leurs formes, seules ou en mélange avec d’autres ingrédients, leur détention par les consommateurs et leur consommation".
Extraite du Journal Officiel du 30 décembre 2021 réglementant " la culture, l’importation, l’exportation et l’utilisation industrielle et commerciale des seules variétés de Cannabis sativa L., dont la teneur en delta-9-tétrahydrocannabinol n’est pas supérieure à 0,30 %".
Les sachets se vendent entre 3 euros 50 le gramme et jusqu'à 350 euros les 50 grammes, en moyenne, en fonction de la qualité et de la variété.
Son stock, Franck Pillet ne sait pas ce qu'il doit en faire.
Pas plus que ce patron de CBD shop, à Bordeaux, qui redoute maintenant des poursuites pour trafic de stupéfiant. Il a préféré garder l'anonymat.
Une "catastrophe économique"
Comme tous ses collègues, il a du mal à comprendre. "Cet arrêté est contraire au droit européen. Et c'est une vraie catastrophe économique. Il va y avoir énormément de liquidations judiciaires. Moi j'ai 12 employés, je ne sais pas combien je vais pouvoir en garder".
Les autres produits à base de CBD tels la résine, la wax, les cristaux, l'huile ou encore la cosmétique restent eux autorisés. Mais la fleur de chanvre est de loin la plus recherchée des consommateurs.
"Elle représente 70% du chiffre d'affaires des boutiques" explique l'union des professionnels du CBD qui dénonce un "passage en force" et une "politique prohibitionniste".
"Les enjeux économiques sont importants pour l'emploi, la filière agricole, la vitalité des centres-villes" où les CBD shops se sont multipliés ces dernières années.
La profession a lancé une pétition en ligne.
Elle compte déposer très vite un recours devant le Conseil d'Etat. Près de 10 000 buralistes et 2000 CBD shops sont concernés par cette mesure.