Douze manchots de Humboldt, originaires d’Amérique du sud, ont pris leurs quartiers au zoo de la Teste-de-Buch depuis le mois de janvier. L’occasion pour les visiteurs de découvrir cette espèce rare.
Avec leurs airs patauds, presque maladroits, ils ont le don d’attirer l’attention. Depuis quatre mois, douze manchots de Humboldt, six mâles et six femelles, s’ébattent au sein du parc zoologique de La Teste-de-Buch. Avec leur robe noire et blanche, voire légèrement rosée au niveau du visage, ils mesurent en moyenne de 65 à 70 centimètres, et pèsent entre 4,5 et 5 kilos.
Souvent confondus à tort avec les pingouins, ils s’en démarquent par deux caractéristiques majeures. “Le pingouin peut voler, ce qui souvent surprend les gens, alors que les manchots en sont incapables et sont vraiment adaptés pour la nage. Ceux-ci peuvent aller à près d’une trentaine de kilomètres à l’heure sous l’eau, et ont pu être observés à une centaine de mètres de profondeur, détaille Matthias Guénolé, animateur du zoo. L’autre différence, c’est que la seule espèce de pingouin existante ne vit que dans l’hémisphère nord, tandis que les dix-huit espèces de manchots viennent de l’hémisphère sud.”
Une espèce classée ”vulnérable”
Originaires des côtes chiliennes et péruviennes, les douze manchots de Humboldt de La Teste-de-Buch sont nés en captivité, et se sont adaptés au climat du bassin d’Arcachon. Ils font partie d’un programme d’élevage européen destiné à assurer la reproduction de l’espèce, classée comme “vulnérable” par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
“Les effectifs ont vraiment diminué au début des années 1900 parce qu’on utilisait le guano, c’est-à-dire les fientes de manchot, pour les cultures car c'est un excellent fertilisant, explique Elodie Trunet, vétérinaire. Mais le guano sert aussi à former les nids où seront posés les œufs. Étant donné qu’ils ne pouvaient plus fabriquer leur nid correctement, il y a eu des chutes de reproduction et donc des effectifs.” Aujourd’hui, il ne resterait plus qu’entre 8 000 et 12 000 individus à l’état sauvage.
Si la vétérinaire salue la démarche de préservation de l’espèce, celle-ci ne suffira pas à assurer sa pérennité, selon elle. “Ce n’est pas leur présence en parc zoologique qui va les sauver, mais les actions de terrain pour la sauvegarde de leur milieu naturel, martèle Elodie Trunet. Sur la côte sud-américaine, ils sont au niveau du courant de Humboldt, un courant d’eau froide riche en poissons. Avec le réchauffement climatique, il y en a beaucoup moins. Il faut aussi arrêter d’utiliser le guano.”
En attendant, elle espère, grâce à leur présence au zoo, attirer l’attention du public sur la condition de l’espèce, et les dangers auxquels elle est soumise. “On les présente ici, et cela sert de sensibilisation auprès du public aux menaces qui pèsent sur eux, conclut-elle. Ce ne sont pas les effectifs en parc zoologique qui vont permettre de sauver l’individu à l’état naturel, mais c’est un début.”