Face à la hausse du taux de noyade en Gironde, l’école publique de Lacanau-Océan et le club Sauvetage Côtier Lacanau se sont alliés pour une formation de prévention au sauvetage côtier, au surf et à la natation. Avec les confinements, les enfants ont moins appris à nager.
Ce jour de juin, le ciel est couvert et les rouleaux font chalouper la mer du haut de leur 1m50 sur les côtes de Lacanau-Océan.
Les élèves de l’école publique de Lacanau-Océan ne sont pas sur les bancs de l'école mais sur la plage. Ils sont sensibilisés au sauvetage côtier, une approche scientifique de l’océan et des tests d’immersion de nage en milieu naturel.
Même si les enfants habitent en bordure d’océan, ils n’en connaissent pas tous les dangers. Eux, qui reçoivent six séances de surf, six séances de sauvetage et de la natation dés le CP, savent qu’ils doivent éviter les baïnes, mare résiduelle ressemblant à une piscine naturelle qui est formée entre la côte et un banc de sable dans lesquels beaucoup se retrouvent ensuite emportés au large par l’échappement de l’eau vers l’aval du à un courant d’arrachement.
Pour Alex, élève de CM2, il y a des choses importantes à savoir avant de plonger tête la première dans l’Atlantique : « Il faut savoir le degré de l’eau, la direction du courant, le vent ».
Alors que la France compte trois millions de piscines privées, le nombre de noyades dans les piscines, l’océan et les lacs n’a cessé d’augmenter ces dernières années en Gironde et dans les Landes. En 2020, vingt-huit baigneurs se sont noyés en Gironde, sept sont décédés. Et l’on compte chaque année en France un millier de morts par noyades accidentelles selon Santé Publique France, dont « le nombre est sous estimé » selon Eric Teiller.
Pour cet urgentiste du CHU Bordeaux, la communication en direction des baigneurs, des touristes, est insuffisante sur l'existence du risque.
Prévenir les noyades pour l’été 2021
Outre l’épidémie de COVID-19 qui selon le monde du tourisme amènerait un grand nombre de Français à visiter les côtes de leur pays cet été et favoriserait le risque de noyades, les confinements ont aussi empêché les enfants d’apprendre à nager avec la fermeture des piscines et l’arrêt des activités nautiques au bord de mer.
Ainsi, le nombre de noyades a augmenté et inquiète les sauveteurs et les pouvoirs publics alors que la saison estivale approche à grands pas.
Pour cela, Mathias Lamarque délégué régional académique à la jeunesse, à l’engagement et au sport, a lancé avec Roxana Maracineanu, ministre des Sports, le « Plan Aisance Aquatique » en 2019.
Cette réforme, prioritaire pour le gouvernement, compte effacer le fléau des noyades par un apprentissage accru de la natation en prônant sa vulgarisation auprès des familles et un financement important pour lutter et prévenir les noyades (12 millions d’euros débloqués).
Dans la même lignée, l’ONU a proclamé récemment le 25 juillet comme journée mondiale de prévention de la noyade.
« Protéger, alerter, secourir » à Lacanau
On ne dompte pas les vagues, ni la houle. Mais on peut les prévenir, s’allier à elles et au courant pour éviter les drames humains.
Fabrice Jeannnet, présent sur place, rappelle les bons gestes de la baignade pour éviter toute noyade ou traumatisme. Il est double médaillé olympique d’escrime et membre de « Water Family » - organisme de scientifiques et ambassadeurs qui promeuvent les formations sur la ressource en eau afin de préserver l’environnement : « La première chose à faire, c’est connaître son environnement, regarder, essayer de se baigner dans la zone de baignade quand il y en a une et s’il n’y en a pas demander aux autres usagers à quel endroit il est préférable de se baigner, et ne pas se baigner seul. Deuxièmement, ne pas aller trop loin, garder de l’eau jusqu’à la taille. »
La station balnéaire médocaine et ses partenaires espèrent sensibiliser sur la question. Leur principal public visé, ceux dont la première cause de mortalité est en été la noyade : les enfants et adolescents, dont on connait la folie sociale dans les soirées d’été arrosées et le fulgurant désir d’adrénaline.
Pour Didier Papineau, maître nageur sauveteur, il faut une dizaine d’années d’apprentissage pour mieux connaître l’océan et ses pièges. Dans ce cadre là, le club de Sauvetage Côtier Lacanau est en partenariat avec l’école municipale et dispense depuis plusieurs années déjà des cours de secourisme et d’approche de la nage.