Depuis novembre 2022, la compagne de Philippe Poutou travaille pour le groupe d'opposition municipale Bordeaux en Luttes en tant que collaboratrice de groupe. Un travail rémunéré par des fonds publics, et une situation qui, bien que légale, suscite des interrogations.
Il est devenu un des symboles de l'exemplarité en politique. Philippe Poutou, ancien candidat à la présidentielle, avait marqué les esprits lors du débat d'avant premier tour en 2017. Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste s'en était pris la Marine Le Pen et à François Fillon, alors empêtrés dans des affaires judiciaires.
Six ans plus tard, Philippe Poutou est désormais conseiller municipal d'opposition avec sa liste Bordeaux en Luttes, qui regroupait, à sa création, des membres du NPA, de LFI, des Gilets jaunes et des citoyens. Et il a, depuis le mois de novembre 2022, recruté sa compagne en tant que collaboratrice de groupe, confirme la mairie de Bordeaux. La collaboratrice précédente, Myriam Eckert, est, depuis, devenue conseillère municipale, à la suite de tensions et de départs au sein du collectif.
Un contrat signé "en toute transparence"
L'information, qui circule, ne manque pas de faire réagir, en off, les conseillers municipaux de tous bords. Mais la décision est parfaitement assumée par le chef de file de Bordeaux en Luttes. "On a droit à deux mi-temps de collaborateurs de groupe. Et depuis quatre mois, on a renouvelé un des deux contrats, celui de ma compagne", explique Philippe Poutou, avant de rappeler que l'opération s'est faite en toute "transparence" et dans la légalité, avec l'aval des services juridiques des collectivités.
"La mairie de Bordeaux et Bordeaux métropole ont validé, en toute connaissance de cause. Ce n'est pas moi qui signe le contrat de travail : c'est monsieur Hurmic qui le fait, sur notre proposition", assure Philippe Poutou qui précise qu'il s'agit d'une situation transitoire, amenée à évoluer d'ici quelques mois.
Un poste à mi-temps pour 1 000 euros net par mois
Au sein du groupe, le travail sur le poste de collaborateur consiste en "la lecture, l'analyse et la réflexion sur les délibérations et les votes". Un travail que Philippe Poutou décrit comme "austère" et "ingrat", rémunéré "environ 1 000 euros net" pour un mi-temps.Et si le choix de Philippe Poutou s'est porté sur sa compagne, enseignante à mi-temps en élémentaire, c'est avant tout pour des raisons pratiques, assure-t-il.
Ce n'est pas si simple que ça d'avoir des gens qui ont le temps d'aider et qui correspondent aux critères. On n'a pas d'équipe de 20 personnes autour de nous, nous faisons avec les moyens que nous avons.
Philippe Poutou, conseiller municipal Bordeaux en Luttesà Rédaction web France 3 Aquitaine
"Tant que c'est légal"
Une situation qu'il estime très éloignée donc de celle de François Fillon, condamné en appel pour avoir employé fictivement son épouse, Pénélope Fillon, en tant que collaboratrice parlementaire.
Contacté, Nicolas Forian, conseiller municipal Les Républicains ne dit pas autre chose. "Tant que c'est légal, je ne juge pas", rétorque-t-il. Thomas Cazenave député de la 1ʳᵉ circonscription de la Gironde, lui, ne cache pas son étonnement. "Il existe des interdictions d'emplois des membres de sa famille pour les parlementaires ou les exécutifs nationaux et locaux. Cette règle devrait aussi s'appliquer aux groupes d'élus", commente-t-il.
Si Philippe Poutou reconnaît que "ça peut rappeler des tas d'histoires, de situations qui ont fait du bruit dans la politique", il le répète, "pour nous, ça n'a rien d'immoral".